La vie en vaut-elle la peine ? Je veux dire par là, est-il nécessaire de continuer par vivre si l'on ne se sent pas plus vivant qu'une feuille de papier? Ne gaspille-t-on pas l'oxygène et l'espace dont les autres ont besoins ?
Il parait que le suicide est une bien mauvaise chose. Un péché qui nous conduirait sans détour sur le chemin des enfers. Et si c'était cela qu'il fallait pour me sauver? Serais-je toujours condamnée? Car là, je n'en pouvais plus. Ce monde est bien plus suffocant que toutes les images des abysses qu'on a bien voulu peindre. Je ne demandais tout simplement qu'un peu de liberté.
Adossée au casier, je regardais mes camardes aller et venir depuis quelques minutes dans le long couloir du lycée, me demandant comment ces personnes pouvaient continuer par vivre et même penser à un avenir. Qu'est ce qu'ils avaient que moi je n'avais pas ? Pourquoi pouvaient-il aimer, rire, et être aimé sans que moi je ne le puisse? Est-ce un don accordé à certains?
Une ombre vient se déposer sur mon carnet de note et je lève ma tête pour voir, les longs cheveux rouges de l'intruse venue perturber le flux de mes pensées.
- Aiden, me dit-elle de son accent italien reconnaissable entre mille. Bonggiurno. Qu'est-ce que tu fais ? J'ai essayé de te joindre en vain ce week-end.... Où as-tu disparu ces deux dernières semaines ? Je me suis inquiétée comme une folle. C'est quoi ce plâtre ? continue-t-elle en se penchant plus pour jeter un œil à mon bras. Qu'est ce qui s'est passé ?
Comme toujours, elle parlait un peu trop vite et m'affluait d'interrogations.
- Ne t'approche pas de moi, sifflé-je en refermant mon cahier.
Je me mets en route dans ce long couloir, passant entre la foule éparse d'étudiants, alors qu'elle me suivait pour me poser des questions auxquelles, je n'avais visiblement pas envie de répondre. Je m'échappe de son interrogatoire quand le professeur entre en salle.
Gina était une personne pleine de vie. Alors normale que j'essaye de l'éviter au maximum de mes capacités. Elle et moi ne pourrions jamais nous entendre. La joie et la dépression ont beaucoup de mal à cohabiter.
- Nous allons continuer où nous nous sommes arrêtés, disait le professeur d'histoire de sa voix chevrotante.
La journée se passe ainsi sans aucune autre interruption. Plus paisible que d'ordinaire. Quand je rentre chez moi, je trouve un message de mon père m'annonçant qu'il ne rentrerait pas ce soir. Alors je me fais un sandwich rapidement à la cuisine et me détend devant la télé une bonne trentaine de minutes. J'enchaîne des verres de Soda et ne m'étonne pas quand l'envie de vider ma vessie s'invite à la fête. Je me dirige rapidement à la salle de bain.
Quand je finis ce que j'ai à faire, je me lave les mains au lavabo et fixe mon image dans la glace. Je me surprends à paraître si vivante, alors que je me sentais morte à l'intérieur. Mes yeux bleus si doucereux, reflétaient une personnalité contraire à la réalité et cela m'effrayait. Devrais-je me considérer comme une hypocrite ? Je vois des larmes s'en échapper et je n'en connaissais pas la raison. Comme la moitié du temps où cela m'arrivait d'ailleurs. Mais heureusement, ils avaient le don de m'apaiser par moment.
Je les nettoie quand j'entends sonner et ne me presse pas pour aller ouvrir. Décidée enfin, c'est surprise que je tombe sur un Cardin souriant, révélant des dents blanches qui manquaient de m'éblouir.
- Salut Aiden, commence-t-il. Est-ce que ton père est là ?
Il jette un coup d'œil en biais à l'intérieur et j'en profite pour me faire une impression, sur son costume noir impeccablement taillé.
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Les problèmes qui nous attirent
Teen FictionLorsque certains tentent de nous aimer simplement pour ce que nous sommes, on pense qu'ils essaient de nous valoriser. Parce qu'il est impossible pour nous d'imaginer un seul instant, qu'on puisse nous aimer sans rien attendre en retour...Alors, on...