Alive

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------PDV Chris----------------
Quel abruti. Non mais, sérieux, je ne comprendrais jamais les humains. Ils ont la chance de vivre et la gâchent en se suicidant. Pauvre Ethan, j'espère que tu es heureux, là bas, avec Karine... La douleur me serre la poitrine. Karine... Pourquoi? Je commençais juste à te connaître. Tu as toujours pensé que la vie, l'existence du moins, était un jeu que tu devais gagner encore et toujours. Alors, pourquoi? Pourquoi t'es-tu laissée perdre? Tu avais tout ce que tu voulais.
Je pose le bouquet de fleurs sur sa tombe; des orchidées, ses préférées, d'après son père. La tombe est imposante, toute blanche. On peut y voir, gravé dans la pierre, son visage. Intemporel, toujours aussi magnifique. Oh, belle Karine, tu me manque... Je maudis ma faiblesse. Vampire hein ? Sans sentiments hein ? Eh bien je peux vous dire que la réalité est tout autre. Les sanglots me secouent, des larmes salées viennent dévaler mes joues et tombent doucement sur le marbre de sa tombe.
-Tu sais, à mon avis, elle est plus heureuse là où elle est.
Je lève la tête et aperçoit le comte Rudolphe. Habillé de noir, son visage montre une extrême tristesse malgré son sourire. La lumière de la pleine lune montre une larme délicate, pure, qui coule doucement sur sa joue.
- Tu vois, même les plus grands sont faibles, même les plus grands tombent. Karine a été l'enfant que je n'ai jamais eu, et je l'ai aimée plus que tout au monde. Ses sarcasmes, ses caprices, tout en elle me manque. Malgré ça, j'ose espérer qu'elle est bien là où elle est.

Et il disparaît, dans un souffle. Je me retrouve seul à pleurer sa mort. Sans elle, je me retrouve sans but. Qui vais-je protéger, maintenant ? À qui vais-je veiller durant le sommeil ?
- Où serai-je sans toi? Je sanglote. Que ferai-je de mon existence ? Tu as réussi à me marquer assez de ta présence pour que je me retrouve accro à toi et tes caprices! Maudit sois ton charisme!
Je ferme mes yeux, sèche mes larmes et inspire un bon bol d'air, que je ne ressens pas. Pourquoi ai-je voulu devenir vampire déjà ? Parce que ce monde me faisait rêver ? N'importe quoi... j'ai fais ça pour rien...le poids de ma décision me pèse.
- Est-ce que ça va ?
Je me lève brusquement, à l'affut de la voix et percute quelqu'un.
-Aïe !
Juste avant qu'elle ne tombe, je rattrape à toute vitesse la personne que j'ai bousculée. Elle tombe dans mes bras. Sa peau est toute chaude, et je sens une vague de chaleur me parcourir.
-Excuse moi ! Est-ce que ça va ?
Et je lève mes yeux vers la personne. J'en perd le souffle que je n'ai pas. Un seul mot me vient à l'esprit : Parfaite. La jeune fille a les cheveux roux qui brillent au clair de lune, des yeux gris pénétrants, une peau d'une blancheur immaculée. Et de la surprise dans ses yeux. Je me dépêche de la relever, gêné. Je ne peux soutenir son regard pénétrant. Un silence se fait et je recentre mon regard vers la tombe et la tristesse qui m'avait laissée quelques secondes auparavant me reprend.
- Ça va.
Je relève les yeux vers elle, interloqué. Et ma réponse n'est franchement pas adéquate.
-Hein ?
Elle fait un grand sourire et éclate de rire, ce que je trouve inapproprié dans un cimetière. Je ne peux m'empêcher de repérer de la tristesse dans ses yeux. Mon coeur se serre. Pourquoi cette émotion est-elle présente dans tous les regards ?
- Ça va, je vais bien, y'a pas de mal.
- Ah.
Mon coeur mort bat à cent à l'heure. Qu'est-ce que m'arrive ? Je mets ma main dans mes cheveux, acte étrangement humain, même pour moi, ne sachant que faire devant cette étrange humaine. Elle s'approche de la tombe et regarde l'épitaphe. Je trouve cette réaction un peu osée, et pourtant, je ne dis rien.
- Ouah, elle était très belle. Je sais pas qui a fait son portrait, mais c'est très réaliste. Oh ! Elle est morte il n'y a pas longtemps ! Je suis désolée. Mais... C'est quoi son année de naissance ? Pourquoi y'a pas écrit ? C'était ta copine ? Dis donc, y'a que des orchidées sur cette tombe...
Elle débite tout ça à toute vitesse et je ne sais que répondre à ça. Elle me jette un coup d'oeil.
- T'es pas très bavard dis donc. Ah, oui, c'est peut être à cause de sa mort, tu es triste donc tu n'as pas le moral. Quelle imbécile je fais ! Oh, excuse moi, je recommence.
Elle rougit, et je ne peux m'empêcher de sourire. Peut être que ça vaut le coup de rester encore un peu...
- Personne ne sait quand elle est née. Et non ce n'est pas ma copine. Et les orchidées sont...étaient ses fleurs préférées, je réponds prudemment.
Elle fait volte-face, surprise. Ses yeux me fixent, et je me demande si c'était une bonne idée d'avoir parlé. Je me mords la lèvre.
- C'est triste... Pour toi, répond-t-elle finalement, les yeux de nouveau rivés vers sa tombe.
Mon coeur bondit dans ma poitrine et la colère monte. Je ne sais pas pourquoi, mais la tristesse a fait place à la fureur et il faut que je la déchaîne sur quelqu'un. Malheureusement, ça sera sur elle.
- Pourquoi tu dis ça ? je demande brusquement, tentant de me contrôler.
Elle se retourne vers moi, surprise.
- Ola, calme toi, dit-elle tranquillement. Pas besoin de s'énerver. Je disais ça, parce que je pense que de un, tu es ici, seul sur cette tombe, à la pleine lune, et ça, c'est signe de solitude, ensuite, je pense que... les tombes, les funérailles et tout ça, c'est pas vraiment pour les morts, plutôt pour les vivants. Ils ont besoin d'être réconfortés et pour ça ils sont obligés d'avoir la preuve que cette personne a existé, a ri avec eux, a partagé des moments...
Elle lève ses yeux tristes vers moi, et ma colère fond. Elle frissonne, et je remarque qu'elle porte une robe blanche légère, et qu'elle est pieds nus. Je m'empresse d'enlever ma veste, et la lui tends. Elle la prend en me remerciant d'un sourire.
- Dis, est-ce que tu pourrais me raccompagner chez moi ? C'est assez loin, à plusieurs kilomètres d'ici, et j'avoue que je n'ai pas trop fais attention à l'heure, avoua-t-elle. Et ça craint de marcher toute seule.
Je la regarde, intrigué. Je ne sais pas quel est l'effet que cette fille a sur moi, mais il est déjà très puissant. Je lui tends ma main sans rien dire, et elle la prends. La sienne est toute chaude.
-Tu es froid, remarque-t-elle.
Et on marche, sans qu'elle tente de poursuivre la conversation. Je me dis que peut-être, quelque chose pourrait...marcher, dans l'avenir ? À quoi je fais allusion ? Je ne sais pas. Peut-être que cette étrange jeune fille rousse à qui je tiens la main et qui porte ma veste pour se protéger du froid de la nuit pourrait me répondre. Mais je ne dis rien. Depuis la mort de Karine, je suis moins bavard. Je lève mon visage vers les étoiles, et les observe. Au loin, je crois apercevoir un visage, celui de celle que je protégeais il y a même pas quelque temps, et je l'entends presque me dire : "T'as pas perdu de temps gamin !  Par les dieux du ciel et les démons de l'enfer! Elle est belle en plus dis donc ! Pas plus que moi, mais bon... Qui pourrait me remplacer ?" et je vois dans le ciel, ce visage me faire un clin d'oeil. Je dois rêver.

The End.

The End

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