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Je sais que ce n'est pas bien ce que j'ai fait. J'ai réagi trop vite, tout ça pour une stupide histoire de famille. C'est juste que j'ai été surprise. Cela faisait...bien longtemps que je n'avais ressenti quelque chose d'aussi intense. Le besoin de tuer s'est calmé, et pourtant,une douleur sourde m'enserre la poitrine. Je m'aperçois que de l'eau menace de couler sur mes joues. Des larmes ? Non, par les Dieux, ne m'infligez pas ce droit là... J'inspire profondément et les ravale difficilement. Beaucoup de vampires souhaitent pleurer une dernière fois dans leur misérable existence. Ce n'est pas le cas pour moi. Pleurer est synonyme de faiblesse, et ce n'est pas ce que j'aimerai avoir comme sensation. Je suis forte. J'enfonce mes ongles dans ma chair. « La Douleur par la Douleur,tiens bon ». C'est ce que me disait mon père, enfin si l'on peut l'appeler comme ça, quand il m'a transformée en vampire.  Mais je ne veux pas m'attarder sur ce souvenir.
Je sors de la maison, un peu dans le brouillard, laissant seule la jeune fille éplorée. Mon ombre se fond dans la nuit, sans aucun bruit. J'entends tout à coup un bruit étrange et vois une énorme chose qui roule, comme une charrette, mais en beaucoup plus moderne. Le mot s'impose dans mon esprit. « Voiture ». Elle s'arrête, éteint ses « phares ». Les mots glissent dans mes pensées, aussi clairement que lorsque je les ai appris dans les papiers de mon père. J'entends une porte claquer et un homme en sortir. Il est assez grand, un peu engraissé, est vêtu de vêtements parfaitement ajustés et porte une mallette. Il est chauve. C'est le "directeur d'assurance", le père de Victor. Je m'enfonce dans la nuit, sans me retourner. Pas de culpabilité. Juste une peine déchirante qui m'enserre la poitrine et que je n'arrive pas à réprimer. J'entends l'homme crier. Je frissonne. Il fait frais, ce soir. Je retrouve des sensations que j'avais oublié et que je ressentais il y a fort longtemps. La lune brille de tout son éclat et éclaire mon chemin ainsi que celui des âmes que je viens de libérer de leur misérable enveloppe charnelle.
-Mon Dieu ! Que s'est-il passé ?! Victoire ! Qu'y a-t-il ? Réponds-moi ! Parle ! Parle ! Oh, mon Dieu ! Au secours ! A l'aide ! Allô ? Vite, ma femme et mon fils sont morts et ma fille ne parle plus. Ils ont été agressés !

Il pleure, suivant sa fille quelques instants plus tôt. Je ne me retourne pas et lui souhaite en silence, de bonnes funérailles. Je décide de ne pas le tuer, lui et sa fille. Ma générosité est sans failles, non? Je commence à être un peu trop clémente envers mes victimes.
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Quelques heures plus tard, après avoir visionné toutes les informations sur la tablette (et appris son fonctionnement complexe) en marchant un peu au hasard le long des rues, je me trouve dans un « centre commercial »devant une boutique. Il est inscrit dessus « Guess ». Il fait nuit noir dehors, mais les étals de marchands sont toujours ouverts. J'entre dans la pièce. Une dame me regarde, fixe d'un air éberlué ma robe à corset, me salue poliment. Je ne réponds pas, méprisante. Elle ne mérite certainement pas mon attention, en tant que marchande et donc en basse condition. Je me dirige dans le rayon des "jeans". Des pantalons. Est-ce confortable? Je choisis un pantalon bleu foncé d'une étagère et prend au hasard une chemise noire. La vendeuse s'avance vers moi, souriante.
- C'est pour votre petit ami?
Je la regarde, interdite. Cette sale miséreuse ose m'adresser ainsi la parole? Ne voit-elle point que je suis de la noblesse et qu'elle ne peut donc pas se permettre de me parler ?
- C'est pour moi.
Elle éclate de rire. Je la fixe en fronçant mes sourcils. Elle se tait aussitôt. Tss! Paysanne. On dirait que l'on ne t'as pas enseigné le respect envers plus puissant que toi. Écrase-toi devant ma supériorité, misérable. Elle ne semble pas avoir la faculté de lire dans mes pensées car elle continue comme si de rien n'était.
- Eh bien dans ce cas, je vous conseillerai plutôt ceci.
Elle me tend une autre série de vêtements que j'essaye dans une une sorte de boîte isolée. Je paye le tout avec du liquide que mon père m'avait donné quelques heures plus tôt. Je prends des bottes en fourrure dans un magasin à côté. Maintenant habillée comme il le faut, j'appelle une voiture appelée "taxi" qui est censée m'amener où je veux d'après mes informations, et lui dis mon adresse. Il se met en route. Je trouve que je m'adapte incroyablement bien à cette époque. Les nouveaux mots se glissent dans ma tête, naturellement, comme si j'avais été née à cette époque là. Les lumières défilent, éclairant la route comme mille et une étoiles. Enfin arrivée, je donne des billets au conducteur, qu'il accepte, les yeux rivés sur ma « villa ».
En effet, celle-ci est impressionnante. Pas autant que mon château, mais tout de même, elle inspire l'émerveillement et l'enchantement. Elle est composée de trois étages. Une grille noire avec des pointes se dresse devant. On peut voir à travers les barreaux du portail des jardins luxueux, tous avec des fleurs épanouies. Une fontaine se dresse devant les escaliers qui mènent à l'entrée. Deux limousines noires sont garées sur le chemin de graviers ainsi qu'une plus petite voiture rouge. Je traverse vite la cour, pressée de fuir les évènements tragiques qui sont déjà à mon actif. J'ouvre le portail et le referme puis je grimpe les marches d'escaliers et ouvre les grandes portes en chêne blanc. L'intérieur est magnifique. Le salon est immense, avec des meubles blancs et les murs rouges, et une immense "tévélision", je crois que c'est ce terme, est accrochée au mur face au salon. Le tapis est rouge sang, doux. Pratique si je veux mettre fin à la vie d'une tierce personne. Le carrelage est blanc, immaculé. Un autre escalier en ivoire monte aux étages supérieurs. J'entraperçois la cuisine bleue et grise, absolument divine. La salle d'eau est immense, verte et marron, avec une douche, un "spa-bain" d'après les informations écrites sur un carnet posé sur une commode, plusieurs lavabos, un meuble rempli de produits de beauté, un miroir qui prend tout un mur. Il y a plusieurs chambres d'amis, toutes plus jolies les unes que les autres. Tout est luxueux, moderne, et mon esprit peine à s'adapter à ce nouveau genre d'aménagement. Enfin, j'arrive dans la chambre à coucher qui se trouve être la mienne présentement. Les murs sont blancs, avec des motifs bleus et des diamants qui les ornent par ci par là, ainsi que de magnifiques tableaux de couples se tenant la main. Ces derniers me font rire. L'amour ? Je ne le connais pas. Il ne sert qu'à apitoyer les autres, à raconter des histoires aux enfants pour qu'ils s'endorment et les faire rêver afin de mieux les décevoir quand ils grandissent.
Le lit est placé dans un angle de la chambre, entouré ... d'aquariums. Pleins de poissons, de coraux, d'étoiles de mer. Hahaha. Je trouve ça pathétique. Quelque chose de vivant? Dans ma chambre? Quelle ironie! Mais j'ai sommeil (un sentiment que je n'avais pas connu depuis bien longtemps!), je m'allonge et m'endors. Demain commencera ma nouvelle vie. Il est temps d'oublier les mauvais souvenirs.
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Voila, un deuxième chapitre pour la journée ^^ <3 j'espère que vous aimez :* bref, comme d'hab, vous connaissez la chanson: commentez, votez, lisez ^^

AliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant