Ses cheveux sont blonds comme les blés, des yeux verts pénétrant l'âme, et il possède bien évidemment des traits harmonieux. Mais j'ai une curieuse envie de le taillader en pièces, allez savoir pourquoi (encore de la violence dans ce monde si doux! Le vampirisme m'est collé à la peau ma parole!). Peut-être est-ce à cause de ce petit sourire insolent et trop assuré qu'il m'adresse. Je le fixe du regard, le visage de marbre.
On vante toujours la beauté des vampires dans les histoires d'humains, ce qui est ridiculement narcissique mais plutôt véridique. Mais j'y suis habituée, c'est pourquoi voir un beau spécimen qu'il soit humain ou vampire ne me fait absolument rien. J'y suis totalement immunisée. Je suis trop habituée à côtoyer les gens beaux que voulez-vous! Mais il ne faut point s'y tromper, ceux dont le physique est le plus avantageux sont généralement les plus manipulateurs et mortels. Mais vous ne pourrez pas me corrompre. Je suis la plus puissante. Et je vous tuerai tous.
-Qu'est ce que tu veux ? Je crache. Vas-t-en avant que je ne t'égorge et éparpille le sang sur mes beaux escaliers, ce qui me mettrait d'assez piètre humeur pour te lancer maintes malédictions qui te poursuivront jusque dans ta mort!
-Bonjour, dit-il d'un ton chaleureux absolument pas commun aux vampires tout en ignorant royalement ma menace. Je me présente : Christopher. Je serais à tes côtés pendant tout le début de ta vie humaine le temps que tu t'adapte, et si tu as d'éventuelles questions, tu peux m'en poser. Ton père m'a engagé.
Je fais mine de le regarder avec insistance, avant de lui poser la question auquelle il ne s'attendait sûrement pas à ce que je lui pose:
-A quoi tu sers ? J'ai déjà une multitude de serviteurs! Je peux demander à n'importe quel humain de m'aider ! Je n'ai pas besoin de chaperon inutile et agaçant . Et qui te permets de me vouvoyer? Tu me dois le respect!
Il ne répond pas en premier lieu, médusé par cette question cinglante. Je pense qu'il perd un peu pieds, il ne s'attendait sûrement pas à mon caractère... spécial. Mais il se reprend vite. Diantre!
- Euh ... Je vais aller avec toi au lycée en tant qu'élève et je resterais tout le temps avec toi pour pas que tu fasses de bourdes. Et toi père veut que je te surveille en cas d'attaques. De toi envers les humains. Ah, et je vais t'apprendre à conduire.
Mon état d'esprit est partagé. Conduire ces sortes de machines de métal doit être excitant. Mais d'un autre côté, père ne me fait visiblement pas confiance pour mon premier contact avec les humains. Il n'a pas tort, mais c'est un peu tard pour empêcher les dégâts. Et il ne s'est visiblement pas soucié de moi, sa fille qui pourrait se faire attaquer ! Quoique... il connaît mes capacités. M'envoyer quelqu'un pour me protéger n'est sûrement pas la meilleure chose à faire sauf si il veut que je ramène ladite personne à ses pieds. Dans une forme méconnaissable. Avec beaucoup, beaucoup de sang.
Le gamin (il n'a pas l'air très vieux vu son insouciance face à moi) me tend une clé que je prends d'un geste sec. Il me regarde avec insistance, un grand sourire légèrement forcé aux lèvres. Je le regarde étrangement.
- Qu'y a-t-il ?
Il manque de s'étrangler et se reprend.
- Euh, eh bien, j'attendais.. je ne sais pas moi, un petit "merci"?
- Tu es doté d'un sens de l'humour qui laisse assez à désirer gamin. Si t'en veux un rentre chez toi et vas dormir. Je suis sûre que dans tes rêves je te le dirai.
Je le contourne et descends jusqu'au parking. J'ouvre l'automobile rouge que j'ai vue hier et m'assois dedans. C'est assez confortable, même si l'intérieur est plutôt étrange. Tout l'intérieur est en cuir, gris, ce qui est assez...laid. Mon « compagnon » s'installe à côté de moi, l'air tout à fait à l'aise. Je le déteste déjà. Je claque des doigts et il sursaute. Maintenant, ce n'est plus du cuir gris mais noir. Il fronce les sourcils, et j'éclate de rire. J'aime surprendre les gens. Avant de les croquer.
- Comment faites vous cela ? Demande-t-il.
-Seuls les plus vieux vampire peuvent le faire, je me vante.
Je lève la tête, orgueilleuse.
-Ouai, bah, évitez de faire ça devant les humains.
D'accord... Moi qui pensait l'impressionner, c'est pas gagné. Pourquoi a-t-il autant d'assurance face à moi? Les plus grands tremblent en entendant mon nom et lui se contente de sourire comme un simple d'esprit? C'est l'idiot du village ma parole!
- Tu peux toujours courir pour me donner des ordres. Je ne fais que ce qui me plaît.
Silence. Il déglutit légèrement et je souris. Il vient de comprendre que la tâche sera plus ardue qu'il ne le pensait. Pitoyable. Il reprend, un peu moins confiant.
- Au fait, je m'appelle Christopher.
-Je sais, je m'impatiente. Tu l'a déjà dis.
Mal à l'aise devant mon manque de socialisation avec lui ainsi que ma soudain froideur, il met sa main dans ses cheveux dans un geste curieusement humain avant de répondre, peu sûr de lui:
-Ah. Bon, alors, leçon de conduite jusqu'au lyc...
Je démarre à fond en appuyant mon pied au hasard et roule à toute vitesse. Je ris, surtout devant sa tête de serf terrifié. Je percute la grille devant ma villa qui s'ouvre, légèrement abîmée. J'essaie de m'adapter à la façon de conduire cette chose et m'engage sur la "route" sous les cris effrayés de ce pauvre Christopher. Je double les voitures, roule " À CONTRE SENS!!!" Selon mon compagnon de route, et enfreint avec joie toutes les règles qui pourraient exister selon le mode de circulation. La vitesse me fait griser, je ne freinerai pour rien au monde, au grand damn de mon chaperon. Mais bon, après une heure de roulage dans toute la ville, après avoir charmé bon nombre d'hommes chargés de la sécurité, il faut tout de même bien arriver au lycée, même si je suis en retard. Il faut savoir se faire désirer !
Je gare la voiture devant un bâtiment gris assez laid sans aucune élégance, laissant Christopher le soin de prendre mon sac et de fermer la voiture. Je peux entendre d'ici les baragouinages des professeurs, les chuchotements des élèves, les ronflements des cancres. Je sens l'excitation monter en moi. Aller à l'école, voilà quelque chose d'inédit! Je sens la présence de Christopher derrière moi. Je suis bien obligée d'attendre, je ne sais que faire, pour une fois. Les cours que j'ai déjà pris étaient pour la plupart privés, donc mon savoir est assez limité dans ce cas là. Il me conduit dans le lycée et nous enchaînons couloirs sur couloirs pour arriver à une sorte de guichet (enfin, selon moi). Il est écrit en lettres dorée sur le bureau « Vie scolaire ». Quelle est cette chose encore ? Christopher s'avance et s'adresse à une dame au chignon brun haut, un peu ronde avec des lunettes. L'humaine banale, en quelque sorte. Celle pour qui je ne goûterai la nuque pour rien au monde. Quelle immondice. Son sang doit être gâté !
Et pourtant, Christopher s'adresse à elle respectueusement.
-Bonjour Madame. Je me nomme Christopher Hawst et voici mon amie Karine Asheim. Nous sommes nouveaux dans ce lycée et souhaiterions avoir tous les dossiers nécessaires pour commencer cette magnifique journée.
Trahison. Dégoût. Mépris. La façon à laquelle il s'adresse à cette...humaine est absolument révoltante. Comment peut-on être aussi poli avec des humains (remarquez, même avec un vampire, moi...)?! La dame lui sourit chaleureusement ainsi qu'à moi (que je réponds en haussant les sourcils et en feignant l'indifférence. Elle ne mérite certainement pas ne serait-ce qu'un regard de ma part). Elle nous donne des papiers dossiers etc... que j'entasse machinalement dans mon sac sans grand effort.
-Merci bonne journée Madame ! Lui dit poliment Christopher.
-Merci jeune homme, répond-t-elle. À vous aussi !
Je ricane. Jeune homme ? Même si il n'est pas très vieux en vampire il doit être plus âgé qu'elle de 60 ans au moins ! Comme s'il avait lu dans mes pensées, Christopher soupire. Je lui lance un regard espiègle. Soudain une sonnerie stridente me vrille les oreilles. Des élèves sortent des classes en se bousculant.
- Par Vlad l'Empaleur! Quelle est cette sorcellerie ?! Je m'écrie.
Je me sens hystérique. Je ne sais pas d'où ce son vient, mes sens sont déboussolés, je panique. Les sons percutent mon crâne avec violence. Je n'avais jamais rien entendu de tel auparavant. Enfin je vois la source du problème : une sorte de petite machine accrochée au mur qui sonne dans tout le lycée. Je le fixe des yeux le crâne brûlant. La machine explose littéralement, une fumée sortant de l'appareil. Tout à coup, une autre sonnerie, encore plus bruyante que la première. PAR DRACULA CA FAIT UN MAL DE CHIEN ! N'ONT-ILS DONC JAMAIS EU LA DÉCENCE DE PENSER AUX PERSONNES QUI ONT L'OUÏE DEVELOPPÉE ???! Bien sûr ! Bravo Karine ! Comme si ils allaient se dire : « Bon, alors, pour les sonneries, il faut prêter attention à ne pas les mettre trop fortes sinon les vampires risque de subir une douleur aux tympans et ainsi auront la mauvaise idée subite de nous bouffer tout crus pour leur goûter ». Bon, d'accord, je consens qu'il m'arrive d'avoir des pensées bizarres. Mais par tous les diables de l'Enfer, quelle est cette magie?! Il pleut dans le bâtiment ?! Comment cela se peut-il? Moi, je le dis, c'est un coup des dieux... Ou de la Mort. Elle doit avoir une sacrée dent contre moi, c'est le cas de le dire.
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Alive
مصاص دماء- J'enlève le froid, le vide et la cruauté. Je les remplace par la chaleur, les sentiments et la générosité. Je récupère la haine, la peur et les larmes. La soif de sang, de meurtre, et les armes. Je te donne la vie, une nouvelle chance d'aimer P...