« Tu vas découvrir mon enfant, une parcelle de toi que tu avais oublié il y a fort longtemps. De nouvelles sensations s'offriront à toi. Les sentiments vont te revenir. Je t'en prie, mon enfant, ne gâche pas ce cadeau qu'est la vie. Sois Humaine, et vis pleinement. Je t'aime.»Tels sont les derniers mots que j'ai entendu avant de mourir une deuxième fois. Pour vivre.
***
Je m'appelle Karine Asheim, j'ai dix-sept ans depuis 1289.
Il fait noir. Tout est silencieux. Je ne sais pas où je suis, mais en tout cas, je sens que la température est chaude et humide. La température ? Mais qu'est ce que... ? Paniquée de ressentir ce que j'avais oublié depuis bien des siècles, je commence à suffoquer. Attendez...Je respire ? Mes poumons sont en feu. Qu'ai-je donc fais qui mérite un tel châtiment, une telle douleur ?
Je m'appelle Karine Asheim, j'ai dix-sept ans depuis 1289.Ces mots ne cessent de tourner dans ma tête. Je ne peux m'empêcher de me dire que ces chiffres ont une importance capitale. Mais pourquoi ? Quel est donc ce mystère ? Un mot s'impose dans mon esprit. Sang. Pourquoi me semble-t-il si important ? Trop de questions, et si peu de réponses.
J'attends patiemment de me réhabituer à faire entrer l'air en moi, à l'expulser, et calme mon cœur battant. Il tambourine avec force dans ma poitrine. Comme pour me montrer que non, il n'a pas oublié comment fonctionner. Même après plusieurs centaines d'années.
Pourquoi même après plusieurs centaines d'années ? Quelles sont donc ces étranges pensées ?
Je m'appelle Karine Asheim, j'ai dix-sept ans depuis 1289. Karine Asheim. Dix-sept ans. Depuis 1289. C'est important de le savoir, je le sais, je le sens. L'odeur du sang. Si délicieuse, si enivrante. C'est aussi important. Pourquoi ?
Puis je me rends compte que j'ai les yeux fermés, alors je les ouvre péniblement et tout s'éclaire, tout m'aveugle. Là encore, j'attends de m'adapter à la lumière, trop lumineuse, trop claire. Je suis dans une grande pièce aux murs de pierres, et je vois sur ceux-ci des torches enflammées qui éclairent la pièce, des tapisseries anciennes, quelques tableaux aux couleurs défraîchies. Je sens une agréable odeur d'encens. Un détail me revient en plein fouet.
Il y a encore quelques temps, je ne savais plus ce qu'était la vie.
Je m'appelle Karine Asheim, j'ai dix-sept ans depuis 1289. J'aime l'odeur du sang.
Cette révélation me coupe le souffle. Cette odeur d'encens... Quand j'étais morte, j'ai toujours été fascinée par cet étrange objet qui brûlait, et chaque fois je rêvais de pouvoir respirer son odeur qu'on disait apaisante. Je voulais en toucher le bout, en sentir la chaleur réconfortante, quitte à m'en brûler les doigts.
Je me fige soudainement à la pensée qui m'est venue à l'esprit. Quand j'étais morte... Quelle est cette sorcellerie?
J'utilise maintenant mes autres sens que la vue et l'odorat. Je sens là où je suis allongée, une texture douce, soyeuse. J'observe mon support ; c'est un grand lit en bois de chêne, des draps blancs et propres, et une couverture en soie.Essayons de bouger maintenant.
J'arrive, tant bien que mal à m'asseoir sur le lit. Tous mes muscles me font affreusement souffrir, comme si j'avais utilisé une grande partie de mes forces pour faire je-ne-sais-quoi. Ou alors, comme si je n'avais pas bougé depuis un long moment. Hum. La douleur. Une bien curieuse sensation. On dirait que je ne l'ai point ressentie depuis fort longtemps. C'est peu agréable.
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Alive
Vampire- J'enlève le froid, le vide et la cruauté. Je les remplace par la chaleur, les sentiments et la générosité. Je récupère la haine, la peur et les larmes. La soif de sang, de meurtre, et les armes. Je te donne la vie, une nouvelle chance d'aimer P...