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- Ethan? En quoi ai-je l'honneur de ta présence ?
Bon, j'y concède, ma question est celle d'un faible esprit, ce que je ne suis certainement pas. Mais cet humain me fait perdre mes moyens ! Non, je n'ai pas de sentiments envers lui. C'est juste... Ses yeux qui me traversent, cela me rend... Nerveuse. Je le vois sourire,amusé. Attendez... Est-il en train de se moquer de ma royale personne là?!
-Bah je sais pas trop enfait. Je suis venu kidnapper le poisson rouge de la prof de de français.
Il éclate de rire.Euh... Je suis confuse, point sûre de comprendre. Est-ce une plaisanterie douteuse? Non je demande cela car l'humour des humains dépasse ma compréhension. Je fronce les sourcils. Un poisson ? Pourquoi un poisson ?
-Qu'est ce qu'il t'as fait de mal le poisson ? Il t'as vu faire quelque chose d'illégal ? De méprisant ? Quelque chose qui pourrait te faire perdre ton honneur? Je ne voit point ce qu'un vulgaire poisson pourrait te faire. Et puis pourquoi aurait-tu peur d'un poisson ? Cet animal n'est pas doué de parole à ce que je sache, ou alors c'est un enfant du diable! Il faudra alors le faire flamber pour brûler son âme évidemment, et après disperser ses cendres dans une rivière à grand courant afin qu'il ne renaisse pas.
Ils me regardent tous les deux avec des yeux ronds et Chris se moque de moi:
-Wow dis donc! Pour quelqu'un qui a failli bouffer l'un de ses poissons tout cru cette nuit, t'as rien à dire! Et c'est quoi ce drôle de discours un enfant du diable?
Ethan manque de s'étouffer.
-Hein ? T'allais bouffer un poisson tout cru ?
-Hey! Je me défends, incontrôlable. Ne me blâmez point! Cela ne peux être de ma faute, l'inconscience m'avait prise et Satan s'était emparé de mon corps pour faire le mal. Heureusement ma volonté et mon esprit l'ont fait fléchir et il s'en ai retourné à ses quartiers aux Enfers!
Chris explose de rire, il en a les larmes aux yeux. Ethan est bouche bée puis glousse. Je les regarde, atterrée. Pourquoi se moquent-ils?
-Hahahahahah! Continue Chris. J'en connais une qui est frustrée doublée d'énervement !
Oooh! C'est qu'il commence à vouloir chercher des ennuis ce... Bouffon !
-Tu cherches vraiment la guillotine ! Je m'écrie, la colère commençant à monter. Ça te ferai le plus grand bien! Je mettrai ta tête comme trophée dans ma chambre! J'éplucherai ta peau comme on épluche une pomme de terre et je m'en servirai comme couverture! Je mettrai ton sang dans une coupe dans laquelle je me délecterai chaque soir avant de dormir et je prendrai tes os pour les donner à mes enfants !
Oui, je sais, c'est dégoûtant, mais la colère a pris possession de moi et me pousse à déblatérer des choses illogiques. Je pousse un cri de rage et fonce sur lui. On tombe tous les deux violemment à terre. Mon corps bouge naturellement,  mes réflexes prennent le dessus. Les coups s'enchaînent rapidement, mes points se ferment pour viser le si beau faciès de Christopher. D'abord surpris par ce combat au corps à corps imprévu, il se prend tous mes coups sans pouvoir se défendre. Il reprend ses esprits et me fait une prise de sorte à ce que je me retrouve en dessous de lui. C'est à lui de me rendre coups sur coups que j'esquive sans grande difficulté. Je reconnais tout de même que sa technique est excellente. Je lui attrape soudainement ses deux poignets et lui un clin d'œil tout en me mordant la lèvre d'un air suggestif. Déboussolé, il baisse sa garde et j'en profite pour lui donner un violent coup de pied dans le ventre qui le propulse en arrière.  Il atterrit lourdement sous le sol. Je me lève et il en fait autant. On se met en position de combat et je remarque distraitement qu'un attroupement commence à se former autour de nous. Des gars m'encouragent et essaient de me donner des conseils. Je n'en ai nullement besoin. Tout comme Christopher d'ailleurs. Généralement, les vampires adorent les combats. Alors ils en pratiquent beaucoup. Énormément même. Chris fonce sur moi. Je l'esquive facilement et lui fait une prise dans le dos. Il grogne mais parvient à se libérer. Je tente de lui donner plusieurs coups mais il en bloque quelques uns avec ses bras. Tout à coup, je lui fait une feinte et réussi à le toucher au cou. Le combat est terminé. On est même pas couverts de sueur. Tout cela a dû durer, quoi,  deux minutes ? Je lui souris et il me sourit en retour. Son visage est légèrement cireux, et ses yeux comme fous. Il n'a pas l'air d'en croire ses yeux. Il pose son bras sur mes épaules.
-T'es fichtrement forte ma belle! Me félicite-t-il. J'avoue que je ne suis qu'une misérable merde à côé de toi.
-Je te rappelle que je suis beaucoup plus vieille que toi! Je me vante. Donc plus d'expérience. Je me suis même pas donnée à fond.
- Sérieusement ? Dit-il, impressionné.Wow.
On voit les élèves autour de nous applaudirent. On les salue comme si on était des rois, ce qui est un peu le cas. Enfin, surtout dans mon cas. Ethan s'avance vers nous, visiblement impressioné. Je balance mon Charisme d'un coup et il vacille, même s'il ne semble pas se rendre compte de quoique ce soit.
-Wow. Promettez moi de ne jamais vous mettre en colère contre moi! Ça fait carrément flipper!
Je lui lance un sourire éblouissant et m'accroche à son épaule tandis qu'on continue notre chemin dans la cours, comme si rien ne s'était passé. Je vois du coin de l'œil plusieurs jouvenceaux m'observer d'un air qu'ils veulent sûrement mystérieux , des filles me regardant jalousement. Et oui, les mesdemoiselles! Vous n'êtes absolument pas à la hauteur de ma sublime personne. J'aperçois au loin mon serviteur/garde du corps qui se ramène. Je lui fais un sourire hypocrite tout en lui lançant une bonne dose de Charisme et lui lance mon sac. Il l'attrape puis me regarde, interloqué.
- Qu'est ce que tu veux que je foutes avec ça?! Proteste Mike.
Je fronce mes sourcils. Peut être n'ai-je pas été assez claire.
- Ben voyons! Tu le portes!
-Ziva chuis pas ta bonniche.
Je le regarde d'un air vide, indifférent. Je n'ai absolument rien compris. Mon Charisme s'empare de lui et de tout ce que constitue sa personne. Ses yeux s'équarquillent. Il voit bien que ce qu'il dit m'ennuie. Il a tout de suite intérêt à faire ce que je lui dis. C'est dans son intérêt, je le répète. Sois mon jouet, misérable humain.
-Et puis quel est cet infâme langage! Je continue sur ma lancée, cinglante. C'est d'un vulgaire! Surtout quand tu t'adresses à moi! Je suis une délicate et raffinée jeune fille à qui on ne parle pas de cette façon grotesque.
Finalement, il garde mon sac, les yeux baissés. C'est ça, sois soumis, paysan. Je vois du coin de l'œil Ethan soupirer et détourner le regard. Chris part dans sa classe tandis que nous nous dirigeons vers la notre dans un silence ... Étrange. Pas qu'il soit gênant, c'est juste que nous n'avons aucun sujet sur lequel converser. La matinée passe assez vite, ainsi que la cantine. Je suis complètement fascinée par Chris. Je le vois engloutir deux fournées de spaghettis bolonaises en secondes. Il finit par s'apercevoir que je ne fais que le regarder, et soupire.
-Qu'est ce qu'il y a, Asheim ? T'es subjuguée par mon joli visage c'est ça ?
Je m'esclaffe. Le seul qui ai réussit à attirer mon attention sur son physique, c'est Ethan, avec ses magnifiques yeux à se damner et sa chevelure tellement brillante et soyeuse qu'un cheval devrait être jaloux. Hum. Père a vraiment raison, mes expressions sont pour le moins... farfelues.
-Nan, c'est juste que je me demandais comment tu faisais pour manger et te délecter ainsi, c'est dégoûtant! Tu es un vampire tout de même, comment tu peux gâcher ton estomac alors que tu as un buffet à volonté de sang autour de toi! Nous sommes dans un lycée! C'est parfait! Bon peut-être sont-ils un tout petit peu trop vieux, mais il y a de tout ! O positif,B négatif...
Il hausse les épaules.
- Je sais pas, ça me fait sentir plus...humain. Enfin, je sens pas le goût de la nourriture, mais, quand même. Et puis justement on est dans une salle bondée, je peux pas me nourrir comme ça.
-Non mais sérieusement, tu es constamment avec moi, ne ressens-tu donc pas le besoin incessant de te nourrir, de te désaltérer de cette liqueur envoûtant si douce et si sucrée qu'est le sang? Je t'ai pas vu te nourrir une seule fois! Je m'exclame.
-Ben si, mais je peux pas te quitter d'une semelle, dit-il en haussant les épaules.
- Eh bien, si tu le souhaite, je serai grée de t'accompagner, cela pourrait être pour le moins amusant.
-T'es sûre? Me demande-t-il, incertain.
- Ne me prends pas pour n'importe qui. J'ai tué bien avant que tes grands-parents naissent je te rappelle. Ce n'est pas un cadavre qui va me faire fuir.
Dis-je en haussant les épaules.
- Je l'oublie tout le temps, tu as été transformée tellement ... Jeune !
- Eh bien, techniquement, j'ai été tuée au même au même âge que toi. Et puis, ce n'est pas comme si le choix m'avait été laissé. J'ai été métamorphosée sans que je sois vraiment consciente.
-C'est vrai ? Moi, au contraire, je l'ai décidé. J'avais découvert que mon oncle était un vampire il m'avait donc proposé d'en devenir un à mon tour. Sinon ma mémoire allait être effacée. Mais comment ça se fait que... On t'y a obligée? Demande-t-il, prudent.
- Si cela t'intéresse tant, je peux avoir la générosité de te conter ma "tragique histoire", dis-je avec un fin sourire. Mon père, le comte Rudolphe, ou plutôt le Roi (je ne sais pas pourquoi il a gardé ce titre le rabaissant, les comtes sont bien au dessous de la hiérarchie par rapport au souverain) n'est pas vraiment mon père. De sang, je veux dire. Effectivement, tu me diras que nos faciès comportent nombre de similitude et tout mais... Comment te l'expliquer avec la plus grande clarté avec ce sujet si complexe? Je réfléchis. À l'époque ou je vivais, dans le Moyen-Âge, j'étais blonde. Avec des yeux verts. Si, si, je te l'assure. Mon vrai père était boucher. On avait des vaches, quelques poules et deux cochons, mais on était pas très riche. Ma mère fabriquait des vêtements et les vendait au marché. Hélas, même avec mon aide, les affaires ne marchaient pas beaucoup. On était au bord de la faillite.Mon père commençait à aller à la taverne chaque soir, il buvait,puis quand il rentrait, il nous battait ma mère et moi, et abusait de celle-ci devant mes yeux. C'était comme ça tous les jours. Nous étions apeurées, mais on ne pouvait pas partir, on avait nul part où aller et père utilisait tout notre argent dans ses chopes de bières... Un soir, il était plus bourré que d'habitude, j'avais presque 16 ans. Cette fois-ci, après nous avoir battues, il s'est approché de moi. Il disait que ma mère était trop vieille alors que moi j'étais jeune et fraîche. Je ricane. Que de stupidité en cet homme! Son destin était écrit par les dieux du ciel et les démons de l'enfer, j'en suis persuadée. Hélas pour lui, j'étais beaucoup plus résistante que ma mère. Je me suis débattue en pleurant, le suppliant de me laisser, moi, sa fille, la chair de sa chair, le sang de son sang. Ce qu'il s'apprêtait à faire était tout de même horrifiant, nous condamnant lui et moi à l'Enfer dès notre Mort. Il a finit par s'agacer sous mes suppliques désespérées, surtout que ma mère par derrière essayait de le retenir. Il s'est emparé de son couteau de boucher et a poignardé ma mère plusieurs fois. Après il s'est approché de moi et m'a à mon tour poignardée. Je l'avoue, c'est l'une des pires douleurs que je n'ai jamais ressentie, dis-je amère. C'est pourquoi maintenant je ne laisse personne me toucher, c'est moi qui donne le contact. Il a laissé tombé son couteau, et regardant le désastre. J'étais toujours consciente malgré la douleur qui me traversait de part en part, le sang chaud qui coulait sur mon ventre. Je n'entendais plus ma pitoyable génitrice respirer, bouger, donner signes de vie. Tout à coup est apparu un homme. Un bourgeois, c'était indéniable. Il était habillé de beaux tissus brillants bien ajustés. On ne savait pas d'où il était apparu. Cet homme était mon père d'aujourd'hui, sans doute attiré par l'odeur du sang. Il a regardé le désastre, aucune émotions sur le visage. Je me sentais sombrer. Il a vu mon père, les mains pleines de sang, et son visage s'est chargé de colère. Il l'a égorgé, purement et simplement. Une mort trop rapide à mon humble avis. Il allait partir, mais j'ai gémis et il s'est tourné vers moi, les yeux écarquillés. Il croyait que j'étais morte, envoyée dans les bras tendres et osseux de la Mort. Alors, tendrement, il m'as prise dans ses bras. Il s'est fait une plaie sur sa main avec ses crocs, et m'a ordonné de boire son sang, ce que j'ai fait sans réfléchir. Il avait un goût étrangement... Doux. J'ai senti mes forces revenir en moi. Mon cœur... S'arrêter de battre. Plus de course affolante dans ma poitrine. Ne restait qu'un grand vide. Mais j'étais toujours faible et mon père n'étais pas sûr que j'allais tenir, surtout que je n'en avais aucune raison, je n'avais plus personne, plus aucune famille. Alors, il fit ce que les vampires font rarement, quand ils se sentent seuls, en manque d'amour, de famille: le lien de sang. Il m'a mordue à la nuque et m'a donnée un peu de son énergie. Ça a été suffisant pour que je ne ressente plus aucune douleur et que j'ouvre les yeux. J'ai réussi à me lever et je me suis réfugiée dans ses bras. C'est à ce moment là que mes cheveux ont commencé à noircir et mes yeux changer de couleur, jusqu'à ressembler exactement aux couleurs de cheveux et d'yeux de mon... Géniteur.Je n'y comprenais rien, je n'avais pas envie de comprendre. J'ai regardé ma mère, mais il a hoché tristement la tête; elle était morte, on ne pouvait plus rien faire pour elle.Alors, on est sorti de la maison sans un regard en arrière, sans un regard sur les deux corps de mes anciens parents. Il s'est tourné vers moi,un sourire aux lèvres. J'ai souris à mon tour et j'ai murmuré "papa". "Oui, à partir de maintenant, ton père, c'est moi". J'ai hoché la tête et il m'as serrée fort dans ses bras. On est parti loin, et on est jamais revenus.
-------PDV Chris-----
Wow. Je n'aurais jamais cru... Wow. C'est une putain d'histoire triste. Ouai, je suis un vampire, mais je conserve mes sentiments! Je les caches, comme tous les autres vampires. Enfin, beaucoup moins bien tout de même. D'accord, voire pas du tout. Et Karine est une excellente conteuse, je l'avoue.
-Je suis vraiment désolé pour toi et ta mère, Karine, dis-je sincèrement ému,navré.
Elle ricane. Je me fige. Comment peut-on être indifférent à ce point?
- Ne te turlupine point, c'est du passé. À présent, je n'accorde que peu d'intérêts à mes origines . J'étais trop fragile, de corps et d'esprit, ce que j'aurai dû faire c'est le tuer pendant qu'il dormait. Et puis maintenant, y'a "papou"!
Et elle éclate de rire. Je la regarde, interdit. Puis je me lève de table, c'en est trop. Je sors de la cantine, en colère. Comment peut-on rire de son sort? Je la sens courir derrière moi.
-Hey, Chris! Ne t'emporte point. C'était il y a 700 ans, pourquoi s'appesantir sur ce qui n'est plus?
- Justement, Altesse. Ce qui n'est plus ne doit pas tomber dans les méandres de la mémoire.
Mon vieil accent me prend sans que je ne l'empêche. Ce petit bout de femme fait vraiment ressentir tout ce qu'il y a de plus authentique en moi.
- Veux-tu dire que je dois me remémorer tous les soirs comment ma mère s'est faite ouvert l'abdomen comme un cochon de mon père? Dit-elle en riant.
Je lève les yeux au ciel et elle me fait un sourire angélique. Franchement, les conversations sérieuses ne peuvent le rester avec elle. Je la regarde, et elle me fait un clin d'œil. Soudainement, mes sens s'affûtent, une soif intense me prend sans que je ne puisse la maîtriser. Mon regard se pose sur sa jugulaire. Je déglutit. Putain elle doit être trop bonne (dans le sens propre du terme). Elle le remarque aussitôt.
-Wowowow! Calme-toi gamin, je ne veux point te servir de dîner, je n'ai pas envie d'avoir de cicatrices. Bon, ce soir tu pourras te rassasier mais pas maintenant, suis-je claire? Si tu tentes de t'abreuver à moi, je serai obligé de détacher ta tête de ton corps, ce qui serait vraiment dommage car je ne veux point tâcher mes atours, et que je commence à ne plus trop te détester. T'as juste 6 petites heures à attendre.
Je soupire et retiens ma faim. Vivement ce soir, j'ai vraiment la dale.
- Je ne suis pas un gamin, je grommelle. J'ai presque 150 ans.
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Nouveau chapitre aujourd'hui! J'espère que vous l'avez apprécié à sa juste valeur. Bisous mes amours!

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