Chapitre 7 : Ella

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Le réveil est douloureux.

Une mal de tête me fait grimacer. Je prends mon visage entre mes mains, regrettant déjà la soirée de la veille. Combien de verres j'ai bu? Cinq? Sept? Aïe! Ma tête me lance douloureusement.

Ella, arrête de réfléchir. Prend des médocs et habille-toi.

Je m'exécute péniblement, tentant de recoller les morceaux de la soirée. En mâchant mon petit-déjeuner, en enfilant mes chaussures, en montant dans le bus, je cherche à réveiller mes souvenirs... mais c'est le néant.
Dans le bus, je sors mon téléphone pour envoyer un message à Ethan. Son nom dans mon répertoire est passé de Chéri à Connard. Ah oui... Je m'en souviens maintenant. Il m'a quitté et c'est LE pourquoi de ma cuite.

Le bus s'arrête devant mon lieu de travail et je me précipite vers le service marketing, direction mon bureau. Je salue rapidement mes principaux collègues : mon supérieur Denis, mon ami Henri et Lisa. La fille de Nick Milton, engagée grâce à son père et non grâce à ses compétences.

-Bonjour Ella! Sale tête ce matin? me lance cette dernière.

Si je pouvais la foudroyer sur place avec mes yeux, je le ferais sans hésiter. À la place, je lui offre un sourire hypocrite pour qu'elle sache que je maîtrise l'art du mensonge.

-J'ai un peu trop fait la fête hier soir mais tu sais ce que c'est!

-Bien sûr! Moi, je dois même refuser des invitations dans des palaces new-yorkais. Tu t'en rends compte ?

-Oh oui, ça m'arrive tous les quatre matins. Hier soir, j'hésitais entre l'invitation d'un prince et celle d'un milliardaire. Pas facile de choisir.

-Ce n'est pas parce que tu n'as pas cette chance que tu peux te moquer, Ella, peste-elle.

Je m'installe en vitesse à mon bureau ignorant, le regard jugeur de Lisa. Je ne la porte pas dans mon cœur. Elle s'immisce dans chacune de mes décisions, donne son avis à tout-va, alors que sa seule légitimité est d'être la fille d'un des grands patrons.

-ELLA! hurle la voix de mon responsable à l'autre bout du bureau. Tu es en retard.

Mon supérieur vient jusqu'à moi pour me remonter les bretelles.

-Je suis désolée Denis. J'étais malade hier et le réveil a été compliqué. Le médecin m'a conseillé de rester chez moi.

Je tousse volontairement, espérant lui faire gober mon mensonge. Bingo ! Il ne pose aucune question sur cette «maladie» qui m'a surtout servi à pleurer toutes les larmes de mon corps la veille.
Denis cocotte le déodorant d'homme alors je lui fais remarquer :

-Un nouveau parfum?

-Le nouveau AXE pour faire tomber toutes les filles! me répond-il fièrement.

-Ça donne envie! je mens.

-Je l'ai eu en promotion. La vendeuse m'a assuré que le succès serait au rendez-vous.

-Je n'en doute pas.

Il regarde sa montre et son sourire retombe.

-Nous sommes en retard, me dit-il sévèrement. Jack Lewis visite aujourd'hui les bureaux.

-Jack Lewis?

-Le patron Ella! Le nouveau boss! Il arrive dans quinze minutes. Range-moi vite ton bazar.

En vitesse, je m'exécute et range les affaires qui traînent. Je tente de remettre un semblant d'ordre dans mes dossiers sous les rires moqueurs de Lisa. Elle se pomponne à son bureau, prête à rencontrer le patron.
Quand j'ai appris le décès de monsieur Lewis, j'ai été sincèrement attristée. C'était un patron bienveillant, un véritable maître des affaires, mais surtout quelqu'un qui savait écouter ses employés. Son fils reprend maintenant l'entreprise, et Lisa ne parle que de lui. Il semble tout aussi intéressant qu'elle.

Je parviens à tout ranger juste à temps, puis m'accorde quelques minutes pour consulter mes mails. Un message d'Ethan attire mon attention, et soudain mille questions envahissent mon esprit : Pourquoi m'écrit-il ? Veut-il me demander pardon ? S'excuser de m'avoir quittée comme une vieille chaussette ? Le mail s'ouvre et je le lis, le cœur battant.

"Je viendrai chercher mes dernières affaires jeudi prochain chez toi. Ella, c'est fini."

C'est fini. Je le savais, pourtant, mon cœur se serre douloureusement. Mes yeux me piquent. Malgré mes efforts pour me maîtriser, les larmes coulent.

Je regarde ma montre, Jack Lewis arrive dans une minute.

Un jeu de tropOù les histoires vivent. Découvrez maintenant