Chapitre 5 : L'homme en noir

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C'était une petite église tout en pierre blanche, avec une grande porte de chêne fermée par un lourd panneau de plomb. Une église de campagne, qui ne ressemblait en rien aux grandes cathédrales parisiennes. Une église qui n'avait, en apparence, aucun intérêt particulier.

Clélia s'approcha de la porte. Elle serra bien fort le carnet contre elle. Elle regarda autour d'elle pour vérifier qu'elle était bien seule. Geste pueril, car il n'y avait personne aux alentours, mais surtout inexplicable. Que risquait-elle, après tout ? Elle allait visiter une église qui appartenait sûrement à sa tante dingo. Une église qui comportait un secret qui avait effrayé un moine endurci, quelques siècles auparavant.

Clélia ouvrit la porte. Elle leva le levier de plomb en y mettant toutes ses forces. Elle avait mal aux bras à force de pousser. La porte de chêne finit par céder. Elle l'entrouvrit en puisant dans ses retranchements, et entra.

C'était une église classique. Les bancs de bois s'alignaient le long de la nef, longeant les colonnes de pierre, pour aboutir à un petit autel. Il y avait pas de statue, pas d'icônes, aucun vitrail ou décoration religieuse. L'église semblait vide depuis des années, voire des siècles. Personne n'avait dû y pénétrer depuis longtemps.

Clélia ouvrit le carnet. L'autel correspondait bien à celui que Frère Jean avait dessiné. Elle se trouvait donc dans la bonne église, celle dans laquelle s'était passé cet événement mystérieux que le moine avait rapporté dans son carnet, probablement effrayé par l'ampleur de la chose.

Clélia allait s'avancer pour en apprendre plus, quand elle entendit du bruit sur sa droite. Non. Elle n'était pas seule manifestement.

Elle avança tout doucement, en faisant attention à ne faire aucun bruit. Puis elle marchait vers l'autel, plus les bruits se rapprochaient d'elle. Elle entendait des objets s'entrechoquer, comme si on cherchait quelque chose.

Elle arriva devant l'autel. A sa droite se trouvaient des escaliers qui descendaient probablement vers une crypte souterraine. Elle hésita. Elle ne savait pas ce qu'elle allait trouver en bas. Puis elle entendit un fracas, suivi d'un juron. Puis un silence, et le même bruit qui recommençait, cette recherche perpétuelle.

Clélia descendit les escaliers un à un, en faisant bien attention de ne pas se faire entendre. Elle finit par arriver en bas, et se cacha derrière la porte.

C'était une petite crypte lumineuse d'où filtrait un rayon de soleil qui éclairait toute la pièce. Cette dernière était encombrée d'objets. Il y avait de tout. Des icônes, des calices, des pierreries, des bougies colorées. De quoi faire envie a n'importe quel musée ou archéologue. "Tout un trésor enfoui sous terre depuis des siècles" pensa-t-elle, émerveillée. "Et personne ne le savait."

Personne ne le savait, à part elle et cet homme qui se trouvait à quelques pas d'elle, et qui cherchait frénétiquement quelque chose parmi le tas d'objets. Il était vêtu de noir. Il portait une sorte de combinaison moulante qui lui couvrait tout le corps, ainsi qu'une cagoule qui lui masquait le visage. Clélia ne pouvait pas voir un seul morceau de son corps car des lunettes de soleil cachaient ses yeux et il portait des gants.

Il avait une icône coincée sous son bras. Manifestement, ça n'était pas la seule chose qu'il comptait trouver, puisqu'il continuait à bouger et déplacer tout ce qui lui passait sous la main. Il devait chercher depuis longtemps, car Clélia pouvait percevoir dans ses gestes vifs et violents un agacement et une impatience certains.

L'homme en noir s'attaqua à une caisse en bois qui débordait sous le poids des calices qu'elle contenait. Il bouscula, pendant ses recherches, une grande croix qui représentait le Christ. La statue, sûrement fragilisee par le poids des ans, tomba par terre et la tête de Jésus se détacha et alla rouler à l'autre bout de la pièce.

Le Cercle des Douze DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant