Chapitre 22 : Le traître

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"-Un traître ?"

Clélia ne put s'empêcher d'afficher un air triomphant. Elle l'avait dit. Qu'elle ne les sentait pas. Ces Gardiens. Depuis le début. Et personne n'avait voulu la croire. Sibylle, Stan, le père Alexandre. Ils leur faisaient tous une confiance aveugle. Une confiance si aveugle, si butée, si totale qu'ils n'avaient pas vu l'évident. Ils ne pouvaient pas tous être ce qu'ils prétendaient être. Des gentils. Des héros sans peur et sans reproches. Ca n'arrivait que dans les films. C'était trop beau pour être vrai. C'était absurde, naïf, presque enfantin de les croire. Tellement plus simple que de se douter que quelque chose de louche pouvait potentiellement se dérouler juste sous leur nez.

Clélia Atkins n'eut même pas peur quand Stan lui tendit la lettre pour qu'elle la lise. Elle avait gagné. Son instinct avait été plus fort. Plus fort que les cartes de Sibylle et les miracles du père Alexandre. C'est elle qui avait découvert la vérité. C'était elle qui avait trouvé le bon chemin.

Bon. C'était surtout Stan qui avait mis la main sur la lettre. Mais elle avait eu les doutes en premier. C'est tout ce qui importait pour elle.

"-Qui est-ce ?"

La question lui échappa immédiatement. Elle prononça ces mots d'une impatience vive, comme si elle ne pouvait attendre, avide de savoir. Elle fixait presque Stan avec reproche, comme s'il aurait pu lui livrer cette information dès le début, au lieu de la faire languir aussi longtemps.

"-Je ne sais pas."

La réponse de Stan la fit déchanter. Comment ça, il ne savait pas ? Il lui avait joué toute cette comédie pour lui dire qu'il ne savait pas ? Il savait qu'il y avait un traître, mais il ne savait pas qui c'était. C'était... totalement dénué de sens, de logique. C'était absurde.

"-Mais qu'est-ce que tu racontes ?

-Si tu prenais la peine de lire la lettre que je viens de te mettre dans les mains, tu comprendras peut-être, au lieu de me regarder comme si j'étais Arsène Lupin. Je n'ai pas réponse à tout, merci. Je ne suis pas Auguste. Ce n'est pas moi qui ai écrit cette histoire. Lis cette lettre, et on pourra avoir une discussion sensée."

Clélia le fixa d'un air méfiant. Elle n'aimait pas ce ton. Ce ton accusateur, qui lui faisait comprendre qu'il lui en voulait toujours, malgré leur étreinte, malgré les efforts qu'il avait fait pour obtenir cette lettre. Juste pour elle. Pour qu'elle puisse trouver des réponses. Pour qu'elle puisse comprendre.

"Tu m'as manqué, mais je t'en veux toujours."

Stan n'eut pas besoin de prononcer ces mots pour que Clélia devine le fond de ses pensées. Alors, elle se contenta d'échapper une nouvelle fois à son regard et se plongea dans la lecture de la lettre que Stan lui avait rapporté :

"Mon "cher" Gardien,

J'avoue ne pas réussir à savoir où tu veux en venir. Je ne sais pas où est l'Elue. Pas encore. Mes recherches avancent progressivement, mais je ne peux pas aller plus vite. Je te demanderai donc de ne plus m'adresser ce genre de paroles irrespectueuses comme tu l'as fait lors de notre dernier échange téléphonique. Tu n'es pas en position de force. Nous te surveillons, toi et ta clique. Et je ne crois pas qu'ils seraient très contents s'ils apprenaient le marché que nous sommes en train de passer, toi et moi.

Je trouve que le destin est ironique. C'est amusant. Tu ne t'amuses pas comme un petit fou, toi, ? Moi, si. Ce petit jeu m'amuse beaucoup. Mais revenons aux choses sérieuses. Tu veux que je te livre l'Elue avant que le cercle ne la trouve. Mais qu'ai-je à y gagner ? Le cercle la recherche aussi. Je la cherche aussi. Il faudra donc être très généreux(se). Remarque que je prends soin de ne pas révéler ton identité. Ta clique est une bande de fouine. Je vous ai fréquenté suffisamment longtemps pour savoir que vous aimez bien vous mêler de ce qui ne vous regarde pas. Par conséquent, il serait vraiment dommage qu'ils découvrent cela, sachant qu'ils sont toujours sur leurs gardes.

Le Cercle des Douze DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant