Chapitre 39 : Anastasia

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24 avril 2014.

Anastasia regarda anxieusement par la fenêtre. Adrian n'était toujours pas rentré. Il était vingt-trois heures passées et toujours aucune trace de son acolyte. Ce dernier était parti pour un voyage d'une semaine en Russie et avait promis de rentrer pour le dîner. Mais il était toujours absent.

Anastasia se prépara un plat de pâtes. Elle n'avait pas mangé, attendant avec nervosité Adrian qui ne se montrait toujours pas. Elle n'aimait pas la campagne. Elle avait toujours vécu en ville, avec ses bruits, ses lumières, ses foules enthousiastes et sa musicalité vibrante. Le calme angoissant des champs de blé ne lui convenait pas. Bien que peu sociale, elle craignait la solitude. Et surtout, elle avait besoin d'Adrian, son repère, son point d'appui.

C'était la première fois qu'il s'absentait aussi longtemps. La première fois qu'ils étaient séparés pour une durée aussi longue. D'habitude, il ne sortait que le temps d'une soirée et revenait toujours avant minuit. Même quand il buvait, il était ponctuel. Il ne s'était pas passé un seul jour sans qu'elle ne se trouve en sa présence. Et l'absence de celui qu'elle aimait creusait en elle un trou immense qu'il était presque impossible de reboucher entièrement.

Car elle aimait toujours Adrian. Elle brûlait d'un feu éternel qui embrasait douloureusement son cœur depuis dix-huit ans. C'était beaucoup trop long. La flamme aurait dû s'éteindre depuis des années. Mais elle se plaisait à malmener son cœur, à malmener son âme. A la tourmenter jusque dans ses cauchemars.

Ce soir, ce n'était pas un cauchemar qu'Anastasia allait vivre. C'était réel.

On toqua à la porte. Trois coups secs. Adrian n'était pas expressif et économisait chacune de ses actions. C'était forcément lui qui patientait sur le paillasson.

Anastasia bondit de joie. Elle se leva en tournoyant dans sa longue robe bleue qui embrassait sa taille parfaite avec grâce. Elle se regarda un instant dans le miroir du salon. Elle réajusta ses boucles brunes, se repassa un peu de rouge sur les lèvres et repoudra son teint. Si le summum de la perfection pouvait encore être surmonté, c'est en Anastasia Ivanova que nous en aurions eu la plus brillante démonstration.

C'était presque absurde, après dix-huit ans, d'accorder encore autant d'importance à de petits détails d'ordre physique qui ne feraient sûrement pas basculer le cœur d'Adrian en une soirée. Mais l'espoir était tout ce qu'il restait à la belle Russe. Adrian était la seule personne qui donnait un sens à sa vie.

Elle était fin prête. Elle s'avança vers la porte et ouvrit. Et déchanta immédiatement.

Deux yeux bleus l'accueillirent avec une joie non dissimulée. Mais ce n'était pas du bonheur. Juste du pur sadisme.

Car ce n'était pas Adrian Plischenko qui se trouvait face à elle. C'était Kurt Riley.

"-Bonsoir, ma jolie."

Anastasia n'eut pas le temps de répondre que Kurt lui envoya son poing dans la figure. La jolie Russe chancela quelques instants, puis bascula en arrière sur le sol en hurlant de douleur. Comme tous les Gardiens, elle avait subi un entraînement physique intense. Mais elle n'avait jamais eu l'occasion de mettre en pratique ce qu'on lui avait enseigné. Elle n'avait jamais affronté le cercle des douze disciples. Ne connaissait aucun de ses membres. Ne savait pas qui se trouvait devant elle, mais avait tout de suite reconnu la tenue caractéristique des adhérents à la secte maléfique.

"-Qui êtes-vous..."

Elle avait prononcé ces mots avec une faiblesse non dissimulée. Elle comptait presque sur la pitié pour arrêter l'homme qui se tenait devant elle, car elle n'avait plus la force de se battre après le coup qu'elle venait d'encaisser.

Le Cercle des Douze DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant