Chapitre 26 : Il y a un traître dans chaque secte

413 44 0
                                    

Clélia se réveilla en sursaut. Un cauchemar. Ce n'était qu'un cauchemar.

Elle avait rêvé que Stan la quittait. Ca avait l'air tellement... vrai. Tellement réel. Elle se palpa les membres et se mordit la joue pour vérifier qu'elle était bien réveillée. La vive douleur lui arracha un grognement.

Elle alluma son portable. La lumière aveuglante la força à fermer brusquement les yeux. Quatre heures du matin. Il faisait encore nuit. Clélia se retourna dans son lit et s'enroula dans sa couette. Il était trop tôt pour songer à se lever. D'habitude, elle n'émergeait pas avant midi. Et il était hors de question d'attendre de voir poindre le jour pour mettre un pied hors du lit.

Sauf qu'elle ne parvint pas à se rendormir. Elle pensait à Stan. Au fait qu'elle n'avait même pas été foutue de lui avouer ce qu'elle ressentait. Qu'elle était prisonnière de cette ancienne Clélia, celle contre laquelle elle se battait depuis bientôt deux mois et qui revenait sans cesse, qui ressortait les mêmes armes : une carapace de fer et un coeur de glace. Elle pensait qu'un baiser de Stan pourrait l'aider à avoir confiance. En elle, d'abord, puis en lui. Mais ça n'avait pas fonctionné.

Rien ne fonctionnait plus, on dirait. Les engrenages de la machine se rouillaient de nouveau. Elle ne voulait plus y penser. Juste se rendormir.

Mais elle en était incapable. Comme si personne ne voulait qu'elle trouve un moment de paix.

Elle ferma les yeux. Elle captura un embryon de larme qui se formait dans le foetus de son oeil. Non. Tu ne vas pas te remettre à pleurer. N'oublie pas ce que Stan a dit. Ce que tu es. Fragile et forte. Tu as été fragile cette nuit, sois forte maintenant. Ne laisse pas la Clélia faible l'emporter. Elle n'a plus cette emprise. Sa faiblesse la tue. Laisse ta force l'emporter.

Clélia se répétait ces phrases des dizaines de fois, comme un mantra. Comme pour se convaincre elle-même. Pour qu'elle finisse par y croire. Mais ça ne voulait pas rentrer.

Au moins, elle fermait peu à peu les yeux. C'était efficace pour retrouver le sommeil.

Sommeil qu'elle aurait pu retrouver très vite si un craquement sonore ne l'avait pas brusquement faite sursauter de nouveau.

Oh non.

Elle espérait juste que ce n'était pas comme la dernière fois. Qu'elle n'allait pas revivre le même cauchemar. Celui qui avait tout fait basculer.

Par précaution, comme pour se rassurer, elle se leva et jeta un coup d'oeil à la fenêtre, l'éclairant avec la lueur de son portable. Mais personne ne forçait la porte de Sibylle Atkins. Pas d'hommes en noir dans les parages, pas de Kurt armé jusqu'aux dents, pas de Nostradamus hurlant à la mort. Juste le silence de la nuit.

"J'ai dû rêver," se dit-elle.

Elle retourna se coucher. Elle se roula en boule dans sa couette. Et mince. Le sommeil s'était de nouveau enfui. Il ne lui restait plus qu'à attendre patiemment. Elle se tourna les pouces avec désinvolture, en regardant le plafond avec ennui. Son coeur battait la chamade. Etait-ce à cause de ce craquement qui avait réveillé chez elle tant de mauvais souvenirs, ou parce que l'image de Stan restait encore et toujours fixée obstinément dans son esprit ?

Nouveau craquement. Nouveau bond hors du lit.

Cette fois, elle n'avait pas rêvé. Il y avait quelqu'un dehors. Mais le craquement était trop lointain pour que cela vienne de ce côté de la demeure.

Clélia tendit l'oreille, attentive au moindre bruit, comme un chien à l'affût. Pas de bruit venant de chez Sibylle. La voyante n'avait pas dû entendre le craquement sonore et devait encore dormir. Elle s'avança donc prudemment et poussa la porte de sa chambre. A nouveau, un craquement. Cette fois, le bruit était plus audible. Mais ne venait pas de la maison, elle en était persuadée. C'était un craquement extérieur.

Le Cercle des Douze DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant