Chapitre 13 : L'Elue

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Clélia ne comprenait plus rien. Ce qu'elle entendait était absurde.

"-Sibylle... Il est impossible de transcender la mort. Tu le sais bien... C'est scientifiquement impossible.

-Tu crois ça ? Tu ne pensais pas que tirer des cartes qui diraient l'avenir serait possible. Tu as eu la preuve du contraire aujourd'hui. Clélia, j'ai besoin que tu me croies si tu veux que je te raconte la suite et que je t'explique les évènements. Ce que je te dis est réel. Du moins, tu dois te dire que ça l'est. Car pour ces gens là, c'est bien plus que réel. Et ils n'ont pas besoin de preuves."

Clélia soupira. Elle avait peur de la suite, de ce que sa tante allait lui raconter. Et, après réflexion, elle ne savait même plus si elle avait envie de savoir.

"-Tout ceci... Tout ceci paraît complètement invraisemblable... Ce n'est pas rationnel.

-On n'a pas besoin que ce soit rationnel pour que cela soit réel, répliqua calmement sa tante. La rationalité est un concept subjectif et propre à chacun, qui est loin d'être universel. Ce que je veux, c'est que tu m'écoutes. Car, même si tu penses que je raconte n'importe quoi, c'est la seule réponse que tu puisses avoir. Personne ne t'en dira davantage."

Clélia céda.

"-D'accord. Continue."

Sibylle poursuivit donc :

"-Je t'avais dit que nous avions retrouvé la lettre de Judas il y a deux siècles seulement. Comme tu peux t'en douter, nous avons dû procéder à des analyses pour pouvoir la lire. Etrangement, la lettre n'était pas si décomposée qu'elle aurait dû l'être. Le père Alexandre parle de miracle. Je dirai plutôt que Judas voulait que l'on trouve sa lettre. A n'importe quel moment, peut-être à des années, des siècles de l'événement.

'Quoi qu'il en soit, sa lettre a bien été trouvée. Néanmoins, et je te l'ai dit, nous n'avons qu'une partie de la lettre. Là encore, plusieurs hypothèses se superposent. La plus probable est que Judas ait volontairement séparé les deux parties de la lettre pour compliquer la tâche à ceux qui mettraient la main dessus. Judas voulait donner des explications, néanmoins il semble qu'il n'ait pas voulu que ce dont il avait peur se reproduise. Et il a eu raison. La partie de la lettre que nous avons trouvée ne nous permet pas de comprendre comment accéder à la vie éternelle. Mais...

-Mais ?

-Manifestement, ceux qui ont trouvé l'autre partie de la lettre -car l'autre partie a été trouvée- ont réussi à comprendre quelque chose que nous n'avons pas pu saisir avec notre morceau de lettre. J'ai fait quelques recherches complémentaires qui m'ont permis d'y voir plus clair.

'Pour cela, je dois encore remonter un peu dans la temps, mais cette fois je m'arrêterai au Moyen-Age. Plus précisément, au XIVème siècle. Il existait un groupe de moines qui se lièrent d'amitié au fin fond d'un monastère. Leur vie était ennuyeuse , rythmée par la prière et par le jeûne. Leur monastère était particulièrement stricte. Toute communication entre les moines étaient prohibée, le seul dialogue qu'ils devaient créer était entre eux et Dieu. Un jour, Frère Bastien, un moine particulièrement érudit et intelligent, révéla à son voisin de cellule, Frère Jacques, un secret qui donnait accès au bien le plus précieux : la certitude d'une vie après la mort. Tu dois savoir, Clélia, que le paradis est ce pourquoi chaque bon chrétien se doit d'être une personne exemplaire durant son existence terrestre. Seulement, le paradis reste encore et toujours une hypothèse. Qui peut être sûr qu'il y a une vie après la mort ? La croyance, Clélia, repose sur l'espoir. Et ces moines n'avaient que cela pour tenir. Alors, quand Frère Bastien révéla à Frère Jacques qu'ils allaient pouvoir être sûrs d'accéder à ce paradis, le Frère vit ce pourquoi il se levait chaque matin devenir réalité.

Le Cercle des Douze DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant