Chapitre 44 : Stan, je...

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Clélia cligna des yeux. La lueur aveuglante avait disparu pour laisser place à un trou noir béant où aucun appui sensoriel n'était possible. On ne voyait rien et rien n'était audible. Même son propre corps ne pouvait être perçu. La porte derrière avait disparu. Il n'y avait rien à part du noir, du noir, et encore du noir. Un noir étouffant et poignant, qui ne laissait place qu'à la suffocation saccadée et à la panique.

Clélia avait retrouvé le plein usage de son corps. Elle n'était plus dans cet état de flottement béant et dans cette plénitude surélevée qui l'avait propulsé au-dessus du sol. Tout n'était plus lointain et presque irréel. Le concret avait repris le dessus. Elle aurait pu palper chaque élément présent autour d'elle si elle ne se trouvait pas actuellement dans le néant. Elle retrouvait des émotions, des sentiments, des sensations alors qu'elle avait été vidée pendant quelques minutes, le temps de traverser la porte, accompagnée par le cercle et surtout poussée par Stan. Il n'y avait d'ailleurs aucun signe qui annonçait la présence du cercle dans les alentours. Elle n'entendait aucune voix, aucun frémissement qui prouvait que le groupe se trouvait à proximité.

Elle se remémora peu à peu les évènements. Le souvenir amer de la mort de Sibylle la frappa en plein fouet. Elle souffla rapidement pour ne pas pleurer. Il fallait penser à autre chose pour ne pas perdre ses moyens. Mais le corps étendu de Sibylle la hantait et continuerait sûrement de la hanter pour longtemps. Quand elle se rappela qu'elle était morte.

Elle était morte, mais pourtant son corps fonctionnait comme auparavant. Elle était toujours aussi vivante. Elle respirait de nouveau. Elle palpa ses membres et constata qu'ils étaient tout à fait valides. Ses articulations ne souffraient pas. Elle n'avait pas mal à la tête et pouvait parfaitement réfléchir. Et, surtout, son cœur battait de nouveau.

Son cœur que le cercle des douze disciples avait avalé. Son cœur dont ils avaient bu le sang. Son cœur dont les derniers morceaux étaient censés être abandonnés sur l'autel, de l'autre côté de la porte de chêne qui avait disparu. Pourtant, quand elle posa sa main sur sa poitrine, elle put sentir les battements de son organe vital qui semblait renaître sous son sein. Elle était en pleine forme. Exactement dans le même état qu'avant de se rendre chez Anastasia.

Pourtant, elle n'avait pas rêvé. Son cœur avait bel et bien été arraché. Le sacrifice avait eu lieu, puisqu'elle se trouvait dans ce chaos monstrueux qui l'emprisonnait sans qu'aucune issue ne puisse être entraperçue. Mais elle était vivante. Maintenant, elle en était persuadée.

Puis elle se souvint qu'elle n'était pas seule. Qu'une personne l'avait poussé sur le côté. Et que cette personne, c'était Stan. Stan qui était maintenant un membre du cercle. Stan qui l'avait peut être délivré de ses liens pendant la bataille, qui l'avait peut être poussé sur le côté pour la libérer du cercle, mais qui restait un traitre. Qui avait déjà retourné sa veste, mais qui pouvait très bien la retourner une seconde fois.

Malgré sa forte défiance, ce noir l'angoissait et n'importe quelle présence était la bienvenue. C'est pourquoi elle appela son ancien amant :

"-Stan ?"

Elle sentit un léger sursaut à sa droite qui lui confirma la présence du garçon. Pourtant, elle ne pouvait pas le voir. Mais elle devinait que c'était lui à son souffle régulier et son aura rassurante qu'elle connaissait si bien.

"-Clélia !"

Stan s'approcha d'elle. Il était à deux centimètres de son corps et son cœur commença à battre d'un rythme effréné. Malgré sa trahison, elle constatait qu'il lui faisait toujours le même effet. Et que même durant une situation plus que périlleuse, elle arrivait encore à ressentir du désir pour le jeune homme.

Le Cercle des Douze DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant