Chapitre 28 : Opération Les masques tombent

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Un silence de quelques secondes suivit la déclaration solennelle du père Alexandre. Puis, l'un après l'autre, les Gardiens levèrent leur verre. Clélia et Stan eurent un temps de retard. Clélia observa avec fascination les six verres s'entrechoquer, comme un pacte d'amitié scellé. Elle vit la fierté dans les six paires d'yeux, trois bleus, deux noirs, et un vert pétillant. Ils étaient fiers d'être Gardiens. Pendant quelques secondes, Clélia ne put s'empêcher de les admirer. Même Adrian, qui avait l'air si triste, si fatigué, si las, reprenait quelques couleurs. Il sembla se rappeler ce pourquoi il se battait. Clélia remarqua que Stan était également en état de choc. Lui aussi avait l'air d'admirer cette cohésion de groupe. Clélia sentit les larmes lui monter en se rappelant qu'un traître se cachait parmi eux. Que ce groupe était basé sur des faux semblants. Que quelqu'un n'était pas animé de la même flamme de fierté et d'amour. Que quelqu'un avait la tête ailleurs. Pensant sans doute à son futur rendez-vous avec Kurt.

Clélia sortit de sa torpeur quand les Gardiens se rassirent. Sous un signe du père Alexandre, Stan se leva précipitamment et revint quelques instants plus tard avec les entrées : une salade de tomates avec des oignons et de la mozzarella. Il commença à en servir à chaque invité, en commençant par Adrian.

"-Merci, Stan, dit le Russe en mettant sa serviette sur ses genoux. Clélia remarqua qu'il avait un léger accent russe, mais plus présent que celui d'Anastasia qui avait presque disparu. C'est excellent, Alexandre, poursuivit-il après avoir goûté."

Le père Alexandre le remercia d'un signe de tête. Effectivement, c'était très bon. Clélia n'avait jamais vraiment pris plaisir à manger. La nourriture la dégoûtait. Nicole avait longtemps soupçonné que sa fille était anorexique, mais cela ne s'était jamais vérifié.

"-Alexandre a toujours été un excellent cuisinier, sourit Sibylle en prenant soin de laisser sur le côté de son assiette la mozzarella.

-Oh, je n'ai pas tout le mérite, répondit le père Alexandre entre deux bouchées. Stanislas m'a aidé à tout préparer."

Clélia manqua de s'étouffer. Ce nom la faisait toujours autant rire. Stan la foudroya du regard.

"-Instance de divorce," murmura Auguste d'un ton sarcastique.

Cette fois, c'est Clélia qui lança son regard noir en direction de l'écrivain qui se contenta de sourire encore plus. Clélia baissa la tête. C'est vrai que cet homme avait du charme. Même s'il approchait de la quarantaine, il restait extrêmement séduisant. Clélia haussa les épaules. Il était trop vieux pour elle, de toute manière. Et elle avait Stan. Elle allait presque l'oublier pour cet imbécile prétentieux et imbu de lui-même.

"-Voyons, Auguste, dit le père Alexandre avec amusement, ne troublez pas les ondes positives qui circulent entre ces deux jeunes personnes.

-C'est facile à dire venant de vous, Alexandre," rétorqua Auguste d'un air de défi.

Ah oui. C'est vrai que ces deux-là ne sont pas en bons termes. Clélia vit le sourire du père Alexandre diminuer légèrement, sans toutefois disparaître. Sibylle sembla le remarquer également puisqu'elle s'empressa de changer de sujet :

"-Bon, il est de tradition, je crois, durant le dîner des Gardiens, de nous tenir informés de nos recherches sur l'Elue et de l'avancée de nos enquêtes et surveillances du cercle. Pourquoi ne pas commencer maintenant ?

-Sibylle, vous voulez tout de suite attaquer les sujets qui fâchent, dit Anastasia d'une voix douce.

-Autant être problématique dès le début, le repas n'en sera que meilleur, répliqua Sibylle à la jeune Russe qui cligna des yeux d'un air compréhensif. Clélia remarqua qu'une cicatrice était encore visible sur sa joue droite, malgré la couche importante de fond de teint qu'elle avait appliquée sur sa peau. Sans doute une marque de Kurt qui n'était pas encore partie. Alors ? Quelqu'un veut-il commencer ?

Le Cercle des Douze DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant