Chapitre 23 : Carpe Diem

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"-Un rencard ? Attends, il t'a proposé un rencard ? Mais c'est gé-nial !"

Isaure sautillait sur place, surexcitée. Assise sur une des chaises de son salon, Sibylle regardait la jeune femme d'un air malicieux.

"-Rencard, c'est très ringard comme mot, d'ailleurs. Les Anglais disent date, c'est quand même plus classy. Ton Stan a décidément le même âge que son oncle dans sa tête ! Un playboy avec le cerveau d'un vieillard gâteux, voilà ce que ça donne !"

Sibylle éclata de rire tandis que Clélia foudroya son amie du regard. Isaure avait le mérite d'être franche et directe. Un peu comme elle. Sauf qu'elle ne s'en rendait pas compte, contrairement à elle qui le faisait exprès.

Le Caméléon s'approcha d'elle d'un air enjoué, toujours vêtu de son éternelle combinaison noire. Elle pinça amicalement la joue droite de Clélia, qui se débattit d'un air mi-amusé, mi-exaspéré.

"-Lâche-moi, Isaure, ce n'est qu'un rendez-vous, ça n'a rien d'extraordinaire.

-Ce n'est pas ce que disait le son de tes pas quand tu es rentrée en douce hier soir, ma belle, murmura Sibylle, jouant avec une mèche de ses longs cheveux blonds avec amusement. On aurait dit une ballerine à l'Opéra de Paris ! Virevoltant légèrement et tourbillonnant dans les airs !

-Ah, tu vois, même ta tante le dit ! s'exclama Isaure, triomphante. Tu es toute contente, ça se voit, tu souris comme une conne depuis tout à l'heure, même si tu essaies de réprimer cet éclat de rire qui te pend aux lèvres ! Allez, avoue-le, t'en rêvais depuis longtemps qu'il te propose ça, hein !

-Je suis navrée, mais je ne vois absolument pas de quoi vous voulez parler toutes les deux."

Clélia leur tourna le dos afin qu'Isaure et Sibylle ne voient pas son sourire s'accentuer de plus en plus, jusqu'à devenir suffisamment grand pour être complètement niais. Elle plongea son visage dans ses mains, tentant de se ressaisir. Ce n'était qu'un rendez-vous. Elle en avait déjà eu. Des dizaines. Ce n'était pas nouveau. Elle savait à quoi s'attendre. Alors pourquoi cela la bouleversait tant...

Parce que c'était Stan. C'était lui. C'était ça le problème. Ce n'était pas le rendez-vous. C'était Stan. C'était toujours Stan.

Isaure la tira de sa rêverie en lui secouant le bras :

"-Oh, oh, réveille-toi, sale môme ! Tu nous prends vraiment pour des idiotes, n'est-ce pas ? Ca serait quand même plus simple si tu déniais l'avouer, hein ! On ne va pas te manger ! Ton secret est bien gardé avec nous de toute manière. On est muettes comme des tombes ! Enfin, surtout Sibylle. Moi, je suis curieuse et un peu trop bavarde. Mais Sibylle ne dira rien ! De toute manière, à qui on pourrait bien le dire, hein ? A Alex ? Ahaha, ce vieil Alex ! Il nous sortirait toutes ses théories sur la jeunesse en perdition ! Ca serait drôle. Ou à Auguste. Il se moquerait de toi. Ou alors...

-Isaure, lâche-moi les basques, soupira Clélia, lançant un regard implorant à sa tante qui fit semblant de n'avoir rien remarqué.

-Oh non, je ne te lâcherai pas les basques ! Pas avant que tu ne me dises TOUT !

-Bon, ok, grosse fouine, capitula Clélia en s'affalant sur le canapé. Que veux-tu savoir ?

-Eh bien... Isaure commença à faire le tour de la pièce devant une Clélia blasée, tandis que Sibylle tournait alternativement la tête vers les deux jeunes femmes, comme si elle assistait à un match de tennis. Je veux savoir comment tu comptes t'habiller. Mais ça, je m'en charge, ne t'en fais pas. Ensuite, je veux savoir ce que tu penses réellement de Stan. Non non, ne me dis pas que tu le trouves gentil, ça, je le sais déjà, je veux en savoir plus. C'est vrai, quoi, je t'ai tout dit sur moi mais toi, tu restes muette sur ce sujet-là. Donc je veux que tu me tiennes au courant. Enfin, j'aimerais savoir si tu as déjà embrassé Stan, et si tu es allée plus loin, enfin, tu vois ce que je veux dire, je ne vais pas te faire de dessin, tu es une grande fille...

Le Cercle des Douze DisciplesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant