Le Cercle des Douze Disciples

Chapitre 30 : L'étau se resserre

"-Quoi ?"

Clélia sursauta, interloquée. Elle se surprit à rougir. Quoi, elle qui n'avait aucun complexe à ce sujet-là laissait sa timidité l'emporter comme une gamine de quatorze ans qui avait découché pour la première fois ? Isaure prit le pourpre qui envahissait ses joues pour un aveu.

"-Ah ! J'en étais sûre, clama-t-elle d'un air triomphant. On a fait des paris avec Auguste. Lui a dit que Stan n'était pas prêt. A ce qu'il paraît, il n'a jamais fait ça, le pauvre chou. Du coup, il pensait qu'il attendrait un peu. Moi, je savais que tu foncerais, et Stan t'aime tellement qu'il allait dire oui, de toute manière, lui aussi en crève d'envie, ça saute aux yeux !

-Hein ? Mais, Isaure...

-Oh, mais je comprends tu sais, si tu ne veux pas te confier à moi. C'est intime, ce genre de choses. Mais Auguste, lui, il m'a tout raconté. C'est qu'il en a connu, des femmes. Ah ça, les Gardiens ne sont pas tous des enfants de choeur ! Tiens, un jour, il m'a dit qu'il avait rencontré deux filles lors d'un voyage touristique, et tous les trois ils ont...

-Merci, Isaure, la coupa Clélia, je ne veux pas savoir.

-Oh, mais c'est que tu es pudique ! Pourtant, tu m'avais dit que tu avais fait ça avec plein de mecs. Alors, bon, Stan, c'est juste un de plus sur ta liste. Mais, vraiment, je n'insiste pas ! Mais je suis curieuse, c'est tout. Alors, si...

-Isaure. Je n'ai pas couché avec Stan," s'écria Clélia, exaspérée.

Le Caméléon noir afficha une mine déconfite. Clélia n'y prêta pas attention. Elle était persuadée qu'Isaure avait remarqué sa gêne quand elle était sortie de la chambre de Stan. Les vagues de désir ardent qu'elle avait dû refouler pour ne pas éveiller ses soupçons s'étaient matérialisées, rouges et vives, sur ses joues creuses. Elle serra les poings et se fit violence. La moiteur de plaisir qui avait envahie son bas-ventre avait enfin disparu. En réalité, elle était frustrée. Et Isaure lui rappelait qu'elle gardait pour elle son envie de s'abreuver du corps de Stan depuis bien trop longtemps. En fait, elle en rêvait depuis qu'elle s'était attachée à lui. Mais depuis que la bouche pulpeuse du beau blond avait effleuré ses lèvres sèches, ce désir était omniprésent. Il prenait possession de son corps jour et nuit et s'accentuait de manière pressante dès qu'elle se trouvait un peu trop près de lui. Et maintenant qu'elle venait de le quitter, il ne lui restait plus qu'un goût amer de déception dans la bouche. Une sensation détestable de manque et d'incertitude.

"-En tout cas, c'est tout comme, reprit Isaure, dont la déception avait déjà disparu et qui avait retrouvé son sourire taquin. Tu as l'air de sortir du lit ! Mais pas d'avoir dormi une seule seconde, si tu vois ce que je veux dire.

-Arrête, tu n'y connais rien, maugréa Clélia en croisant les bras. T'as jamais connu d'homme.

-Qui te dit ça, ma belle ? Ce n'est pas parce que je ne suis jamais tombée amoureuse que je n'ai jamais profité des plaisirs de la nuit. J'ai eu quelques partenaires qui m'ont prouvé que ton Stan n'était qu'un vulgaire pantin ! Une marionnette maladroite. Il est trop lisse, trop parfait, ton Stan. J'aime pas ça, moi. On dirait qu'il est tout droit sorti de l'Attaque des Clones. En fait, je me suis toujours dit que si on leur enlevait leurs masques, ils seraient des beaux gosses blonds, et...

-Isaure. On CONNAIT leur vrai visage.

-Ah, oui, c'est vrai... En parlant de Star Wars, tu ne trouves pas qu'il ressemble à Anakin ? J'ai toujours trouvé cet acteur très fade, et j'aime pas le personnage, donc bon...

-Isaure, j'ai une migraine pas possible, je tiens à peine debout, alors je ne crois pas que ce soit le bon moment pour jouer à la critique cinématographique. Et, au passage, j'aime beaucoup Hayden Christensen.