Chapitre 18 : Pourquoi ?

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   Gaël nous tirait en arrière, lui qui n'avait rien dit de toute la discussion avec Arthur. Il avait été le plus rapide à réagir. Arthur nous poussa Nathan et moi vers l'opposé, nous courions dans le tunnel sombre, voulant échapper aux griffes et aux crocs des reptiles aux yeux rouges. Mais il fallait être beaucoup plus rapide pour espérer les semer. Nous avions réussi à tenir, à cette allure, tout le tunnel, nous étions arrivés à la prochaine station essoufflés mais en entier ! Tout le monde sortis ses couteaux pour pouvoir se défendre.

-Ça ne sert à rien de courir, releva Gaël. Il faut se battre.

   Et nous savions qu'il avait raison.

   Nous étions en ligne, sur les deux rails, prêts à en découdre. Je serrais mon arme, et les dents, mes deux pieds plantés au sol. Je distinguais les silhouettes de ces créatures : je remarquais leurs longues griffes, je constatais leur nombreuses dents, je fixais leur yeux aussi rouge que le sang.

   Les Lézards sautaient pour raccourcir la distance qui les séparait de nous, je pliais les genoux pour prendre appui et me préparer au choc. Et le coup ne se fit pas attendre : un des trois Lézards me griffaient au bras, je sentais le liquide où voyageaient mes globules rouges, dégoulinait sur ma peau jusqu'à mes doigts. Le reptile se retournait en une fraction de secondes pour offrir à ma pommette la force de sa queue. Je tombais à terre, me sentant prise de nausée. C'est assez drôle d'ailleurs, car la dernière fois que je me retrouvais dans cet état c'était également dans le métro. Je me relevais avec difficulté : mais j'étais déterminée ! Mes doigts resserrèrent d'avantage l'arme tranchante et mes jambes se mirent en mouvement. Je courais vers le Lézard qui m'avait attaqué et lui livrais en expresse plusieurs coups de ma lame dont il ressentit les conséquences égales à ses griffes sur mon bras.

   J'avais appris que le poison que donnaient ces Lézards ne se trouvait que dans leur dentition, une aubaine pour moi, j'avais de la chance. Du sang coulait sur ses écailles aussi noires que luisantes mais cela ne m'arrêta pas. Seulement, j'avais beau me défendre et éviter les coups, je ne pourrais jamais m'en sortir, je manquais d'espace et je n'étais pas dans ma meilleure forme. Les autres aussi avaient du mal : Gaël essayait de se défendre et Nathan et Arthur affrontaient la troisième de ces créatures. Cette victoire n'était pas possible. Et nous le savions.

   Alors que je reculais vers le fond, Gaël dans le même mouvement, Arthur poussa notre ami vers nous pour qu'il échappe à un coup de patte ! Nathan tenta de revenir aider l'adolescent aux yeux bleus mais celui le repoussa une nouvelle fois. Le jeune homme manqua de tomber mais je le rattrapais de justesse. Nathan fixait Arthur, lui demandant d'une voix chevrotante :

-Qu'est-ce que tu fais ?

-Une seule victime suffira à les faire partir.

-Mais...

-Je le sais ! Faites attention à vous, ne vous faites pas tués... ni mordre, ce serait encore pire.

   Je ne pouvais rien dire, immobile et incapable de bouger.

-Non...

-Partez ! , hurla notre ami.

   Nathan se jeta en avant mais c'était trop tard pour l'adolescent. Arthur trébucha dans sa course, fidèle à lui-même, et alors que je voulus courir vers lui comme le faisait Nathan, je fus arrêter dans mon élan par Gaël. Arthur tomba à terre et fût traîner sur le sol par les Lézards qui attrapaient ses mains à l'aide de leurs pattes. Nathan et moi voulions courir à son secours mais Gaël nous tenait par le bras, nous avions beau nous débattre il arrivait à nous retenir.

-ARTHUR ! , vociférait-on.

   Mais il disparut dans l'obscurité du tunnel avec ces trois Lézards.

-Il faut y aller.

   J'étais pétrifiée, de même que Nathan.

-Aller, il faut partir, ne rendez pas sa mort inutile !

   Je reculais de quelques pas et, une larme coulant sur ma joue, tirait le bras de Nathan qui finit par nous suivre, nos pas résonnant dans le tunnel, à la direction opposé d'où partait l'adolescent aux yeux bleus.

   Notre ami venait de nous permettre de nous enfuir. Il avait donné sa vie pour nous sauver. Arthur s'était sacrifié.


La CatastropheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant