Nous dévalions l'escalator sans se soucier de trébucher. Trina, malgré sa taille frêle et le poids d'Arthur, courait à une vitesse surprenante ! Nous la suivions jusqu'au parking, nous avions réellement du mal à la rattraper. Elle venait de dépasser la sortie du parking et alors que nous étions au portique de limite de hauteur pour les véhicules, quelqu'un derrière nous cria nos noms : c'était Gaël qui courait. Nous l'attendions, ayant perdus de vue notre ami et l'adolescente victime des Lézards.
-Elle a pris Arthur ?
J'hochais la tête.
-Mais nous ne savons pas où..., commença Nathan.
-Là-bas ! , l'interrompit le chef du Clan.
Nous tournions tous les deux la tête dans la direction que pointait son bras pour constater que Trina était en train de traîner Arthur par les pieds, toujours se débattant en vain, vers une ruelle sombre.
-Il faut y aller, avec un peu de chance se sera une impasse.
Je ne pris pas la peine de le contredire et me précipitais vers le lieu souhaité.
En quelques enjambés nous étions arrivés pour constater que ce n'était pas un cul-de-sac mais une allée plonger dans l'obscurité de la nuit et des deux immeubles qui l'entouraient, continuant toujours tout droit. Nous échangions tous les trois un regard, pas rassurés mais déterminés. Nathan fit le premier pas et Gaël et moi le suivions, en ligne, dans cette ruelle obscure. Au bout de quelques minutes un choix s'offrit à nous : trois chemins, telle une croix. D'un regard Gaël décida de tourner à droite, Nathan de continuer et moi d'aller à gauche : c'est la meilleur chance de retrouver Arthur et Trina, nous devions nous séparé.
J'avançais lentement, jetant régulièrement des coups d'œil derrière moi. Mon cœur battait la chamade et ma respiration était hachée. J'avais la bouche sèche et un nœud à l'estomac : j'avais peur. Je continuais tout de même à avancer, il y avait une légère brume qui s'était installé et je ne voyais pas le bout de ce couloir. Le vent me glaçait les orteils et ébouriffait mes cheveux ; j'étais toujours en chaussettes.
Mes pas ne résonnaient pas sur le sol froid et mes yeux s'étaient accommodés au peu de lumière depuis longtemps. Un cri retentit : sûrement Arthur ! Je me mets à courir malgré la douleur que crée le goudron sur mes talons et je débouche sur une sorte de petite cours qui n'est autre qu'une impasse. Mes cheveux se hérissent sur ma nuque quand je remarque qu'il n'y a ni Arthur ni Trina et que je ne suis pourtant pas seule.
En face de moi se tient un homme avec une canne à la main, parfaitement droit, un costume noir, des chaussures cirés, un pantalon noir ample, une chemise blanche et une veste de costume tout aussi sombre que son chapeau melon. Je fais tout de suite la ressemblance avec Charli Chaplin, l'homme qui m'a fait rire quand j'étais petite, à travers l'écran. Mon premier fou-rire était par l'intermédiaire de cet homme. Il me fixait. Je savais que ce n'était pas lui, évidemment, mais je ne pouvais m'efforcer de faire cette comparaison. Ses yeux avaient une étrange lueur et un sourire apparu discrètement sur son visage. Je ne sais vraiment pas quoi faire... Je regarde autour de moi, aucun moyen de fuite. Cet homme ne m'inspire pas la meilleure des protections. Je tourne la tête pour m'assurer qu'il n'y en a pas d'autre derrière moi mais la ruelle est tout aussi vide que quand je l'ai traversé. Quelque chose atteignit mon ouïe. C'était quelque chose que j'avais déjà entendu : une seule fois. Un rire diabolique qui me fit frissonner. Un petit rire psychopathe qui résonnait à mes oreilles comme un avertissement à ma mort. Comme si l'on se jouait de moi. Je savais que ce rire ne pouvait provenir que d'une seule et unique chose. Je tournais lentement la tête, ma respiration créant de la bué à cause du froid. Je constatais alors que l'homme au chapeau melon avait disparue. A la place se tenait, immense, un nounours géant, c'était le même que mon tout premier doudou quand j'étais petite, l'exacte réplique en démesurément grand. Je le regarde, la bouche entrouverte. L'ours en peluche incline la tête, ses yeux brillent de la même lueur que Charli Chaplin, et son sourire s'élargit encore, laissant apparaître des dents aiguisés. Je tombe au sol, ferme les yeux et secoue la tête, ne voulant rien voir de plus. Mais la curiosité me poussa à rouvrir les paupières. Devant moi ne se tenait plus mon tout premier doudou, ni l'homme disparue en premier. Non, devant moi se trouvait un clown, un maquillage parfait, des cheveux décoiffés et un sourire sadique inscrit sur son visage. Et ses yeux me fixaient toujours. Je me relevais en vitesse, prête à en découdre. Les poings serrés devant moi me servaient de défense et le sourire du clown laissa échapper un rire, le même rire affreux et inspirant la peur.
Tout à coup, il commença à se déformer. Le clown commença à changer de forme et à s'assombrir. Il commençait à s'aplatir. Il commençait à longer les murs. Soudain je compris : je venais de voir l'auteur de la voix psychopathe se transformer en ombre. Je pensais avoir ressentis la peur en m'engouffrant dans cette ruelle mais je m'étais tromper : ce que je ressentais à présent était réellement de la peur. Ce sentiment d'impuissance se déverser dans mon sang tel un poison, il emprisonnait mon âme dans sa prison, il serrait mon cœur comme pour l'éclater. Tous les mots, tous les cris, toutes les autres choses que j'aurais pu faire entendre avec ma voix restèrent dans ma gorge comme la boule de chagrin quand l'on a envie de pleurer. Le froid fit couler facilement des larmes de mes yeux et plusieurs secondes s'écoulèrent avant que je ne réalise que j'avais pris mes jambes à mon coup et que je courais à m'écorcher les pieds.
Je ne me retournais pas, continuant de courir, ayant la sensation subite d'être observé de toutes parts. Je finissais par apercevoir le carrefour de ruelle qui avait créé notre séparation et quand j'y arrivais je fus projeter au sol. Je me relevais, craignant que ce ne soit l'ombre, mais je ne voyais que Nathan qui était arrivé par la gauche. Il était aussi essoufflé que moi et me regarda sans comprendre. Je réussis à lui demander :
-Tu ne l'as pas vue ?
-Qui ? Arthur ? Non.
-Non, pas lui, l'ombre...
-L'ombre ? De qu'elle ombre parles-tu ?
Je secoue la tête. Je m'apprêtais à lui expliquer quand un crie résonna dans la ruelle où s'était engouffré Gaël. Nathan et moi nous nous sommes mis à courir en même temps dans cette direction. Le cri n'était pas celui d'Arthur, ni celui de Trina, il avait un ton trop grave pour cela. La personne qui avait crié n'était autre que Gaël.
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La Catastrophe
Ciencia FicciónChaos. Ce mot signifie ce qu'il s'est passé après la Catastrophe. Certains pourraient imaginer des vols, des voitures piller, des maisons retournées. Mais c'est bien pire que ça. Car à part une bande d'adolescent qui essaye de survivre, il n'y a rie...