Chapitre 16 : Non mais ce n'est pas vrai !

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   Nous arrivions tous les quatre dans le parking du centre commercial. Tous les adolescents y sont rassemblés. Gaël s'avance vers eux, notre trio reste à l'écart, pour leur demander :

-Où sont-ils passés ?

-Ils sont partis d'un seul coup. Il n'y a eu aucune victime, un véritable coup de chance, mais plusieurs blessés, lui rapporta une fille du même âge.

-D'accord. Je pense qu'il faudrait...

   Mais Gaël n'eut pas le temps de finir sa phrase. Quelque chose venait de l'interrompre et ce n'était ni des bruits de pas précipités, ni les Lézards qui revenaient. C'était bien pire que ça... C'était le rire psychopathe. Il résonnait de partout, son écho rebondissant sur les murs, sembla glacée nos os en nous traversant. Ce rire, cela faisait déjà trois fois que je l'entendais. Tout le monde leva la tête, personne ne voyait rien car il n'était pas encore là. Je savais déjà sous qu'elle forme il allait apparaître : la dernière. La plus terrifiante pour sa discrétion et la plus menaçante pour ses avantages. Avec cette forme elle pouvait intimider, elle pouvait effrayée et, je pense qu'elle pouvait tout aussi bien tuer. Mettre fin à des vies semblait lui faire plaisir et cette fois je ne laissais pas la peur m'envahir. Je devais me battre et ne pas prendre la fuite.

   Soudainement, son ombre apparue. Immense, sur le mur le plus proche. A sa vue, tout le monde recula d'un pas. C'était l'ombre d'un homme aux cheveux hirsute, au dos vouté et aux mains acérées. Le genre d'ombre que l'on a peur de croiser dans notre chambre une fois la lumière éteinte alors que nous ne sommes que des enfants.

-Non mais ce n'est pas vrai, ça ne va jamais finir ! , laissa échapper Gaël.

   A chacun de ses rires, sa bouche s'ouvrait et se fermait. Je serrais les poings, encore pieds nues, mais prête à en découdre. Elle continuait de rire, elle ne faisait que ça, pas un mot, pas un son compréhensible. J'avançais alors d'un pas pour lui crier :

-On est si drôle que ça ou on ne t'a jamais appris à parler ?

   Sur cette remarque le rire s'arrêta instantanément et l'ombre resta figé une seconde. J'attendais sa réaction avec, à ma plus grande surprise, une impatience grandissante. Finalement l'ombre changea de forme et se transforma en homme, droit et carré, un chapeau de ville sur des cheveux bien coiffé. Il était tout de même resté une ombre immense.

-Je savais les langues de tes ancêtres avant même que tu ne sois naît, petite effrontée !

   Voici ses premières paroles. Et les premiers indices qui me laissaient imaginer qu'il était susceptible. Et vieux.

   Son ombre se mit alors à grandir et quand elle arrêta sa croissance, nous proclama d'une voix masculine et menaçante :

-Peu importe l'équipe, le groupe, les amis. Peu importe la solidarité, la fraternité, l'amitié. Peu importe l'égalité, les solutions ou les joies éprouvés. Dans cette épreuve vous serez seuls... Dans cette épreuve vous êtes seuls ! Un groupe ne pourra jamais accomplir sa destinée sans qu'il ne se soit brisé ou fragilisé. La solitude pourra vous sauver et le groupe vous couler, mais l'inverse il peut se passer dans un monde comme celui où vous êtes naît. Je ne demande pas la guerre, juste de quoi être fier, je ne réclame aucun don, juste de quoi me réjouir, je ne proclame aucune règles, juste le plaisir de vous voir vous enfuir. Je ne vous ai pas fait disparaître, ma mission ne se règle pas à cela. Vous êtes des êtres humains et l'humain ne pourra jamais changer, autant ses défauts que ses qualités. Je suis venue pour vous prévenir que la suite s'annonce d'autant plus difficile. Vous allez vous disperser, vous contredire et vous séparer, mais il ne faut en aucun cas oublier ce qui fait votre force. Ce qui est fait est fait et je ne vous demande pas de me pardonner ni de me demander de revenir en arrière car j'en suis incapable. Mais si jamais vous découvrez le secret, gardez bien en tête qu'il faut parfois se rendre compte que nous ne sommes jamais capables de certaines choses. Néanmoins je vous souhaite bonne chance car dans cette vie c'est ce dont vous aurez le plus besoin !

   Son ombre disparue comme elle était apparue durant le silence intrigué du Clan.


La CatastropheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant