Partie I / Chapitre 12

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Annabeth

Ai-je omis de préciser que j'avais fait un petit plongeon dans le Styx sur le chemin du retour ? Sans doute oui. Remarque, j'avais d'autres chats à fouetter. Notamment cet hypocrite de Jason, et cette peste enjôleuse de Piper. Surtout que ma mère m'avait bien précisé, après les révélations de Clarisse:

"Ce sont eux qui m'ont enlevée. Ce sont eux qui m'ont détruite. Ce sont eux qui m'ont rétrogradée au rang de déesse mineure. Ce sont eux qui cachent ma statue. Pas ceux qui sont en face de toi, mais leurs ancêtres, leurs prédécesseurs, les Romains des temps Anciens."

J'avais voulu hurler. Je m'étais contrainte à ne pas le faire. A rester calme, ou presque. Percy avait eu plus de mal.

Les derniers jours de voyage se sont déroulés dans une atmosphère pesante, lourde, vibrante d'animosité contenue de mon côté. J'avais tout simplement envie de les tuer, mais je me retenais. Tout simplement. Parce que je n'étais pas un meurtrier. Ni un assassin.

Nous sommes rentrés à la Colonie en début d'août, le quatre plus exactement. Je m'étais un peu calmée, puisque cinq jours avaient suivi "l'incident". Un peu. C'est pourquoi, après discussion avec le groupe, il a été décidé que ce serait moi qui présenterait nos invités à Chiron.

En passant le portail, derrière le champ aux fraises, le quatuor est resté bouche bée. Je leur ai adressé un:

- Suivez-moi. Je vais vous présenter à notre directeur des activités, et au directeur de la Colo.

le tout accompagné d'un sourire sinistre.

Jason n'a pas paru impressionné pour deux sous, mais ses épaules se sont très légèrement contractées. A la différence de leur chef, les autres membres du groupe ont tous eu un frisson. Il faut dire que je savais doser mes expressions, et celle-là aurait pu remporter un Oscar dans un film d'horreur.

Nous sommes passés devant les bungalows, où les pensionnaires dévisageaient curieusement les nouveaux arrivants, surpris par leurs T-shirts pourpres.

Les déesses faisaient toujours un boucan incroyable dans leur tête, déconcentrées, et légèrement schizophrènes, faits dus à la présence des romains. Il n'était plus rare pour moi de voir l'une d'elles trembloter légèrement, alternant avatar grec et romain.

Arrivés face à la grande maison, rénovée pendant notre absence, je les ai faits attendre un moment, le temps de réunir Chiron et Rachel.

Cette dernière m'a murmuré rapidement :

- Vous n'avez croisé personne au cours de l'expédition ?

Elle semblait inquiète.

J'ai ri.

- Non, je vais juste te les présenter.

Elle a soupiré, soulagée, et nous sommes arrivées sur la terrasse, où Grover et mon cher centaure jouaient à la belote. Ils ont interrompu leur partie, et sont passés de l'autre côté, dans le salon, pendant que je repartais chercher les "invités".

Ils sont entrés, mal à l'aise, et se sont assis, face au centaure. La mâchoire de Chiron a failli se décrocher quand il a vu Jason. Il a marmonné quelque chose du style "Il devrait être mort", suivi de "Oh non, par pitié, que les dieux nous protègent, tout mais pas ça" et enfin "Les deux camps sont morts maintenant. Maudite soit Lupa !". Je n'ai pas compris la dernière allusion, mais j'ai lancé la discussion, hautaine.

- Chiron, je te présente Jason, Piper, Frank et Hazel. Ils sont romains. Ce sont respectivement les enfants de Jupiter, Vénus, Mars et Pluton. Ils viennent de l'Ouest, où leur camp doit probablement être situé. Ils ont initialement prévu un plan pour nous envahir si l'occasion se présentait, mais nous avons été avertis à temps, et ils n'ont pénétré dans l'enceinte de la colonie qu'après avoir juré sur le Styx qu'ils ne dévoileraient pas sa position pour un quelconque plan ennemi.

Le Complot de GaïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant