Partie II / Prologue

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La jeune fille s'avança, altière et digne, mais la face livide, encadrée par ses longs cheveux noirs qui étaient retenus dans une queue de cheval lâche. Elle semblait avoir environ dix-neuf ans, et tout en elle montrait le combat farouche qu'elle avait mené contre la vie rude qu'elle menait.

- Tu as manqué de nous trahir, asséna le garçon en face d'elle.

Il devait avoir environ vingt ans, les cheveux blonds, les yeux bleu électrique, et un visage coléreux, ombrageux.

- J'ai fait ce que je pensais être juste.

- Juste ? hoqueta-t-il devant l'ironie de la réplique. Comment toi pourrais-tu qualifier quelque chose de juste ? Toi, qui n'es que mensonges et faux fuyants ?

Elle le laissa parler, puis répliqua :

- Tu peux me qualifier de ce que tu veux, je me moque de ce que tu penses.

Elle avait adopté un ton froid. Il lui ricana au nez :

- Mais malheureusement pour toi, mes pensées sont ton avenir...

Il laissa sa phrase suspendue. Elle répondit, hautaine :

- Mon avenir, comme tu dis, n'a je pense jamais été avec vous. Ma voie, comme celle de mon père, n'est pas dans cette assemblée.

Elle défiait ouvertement le groupe en face d'elle, le conseil qui déciderait de son sort.

Son interlocuteur prit un ton doux qui fait froid dans le dos à l'assemblée.

- Tu le penses vraiment ? Parce que, vois-tu, moi aussi. Et ce depuis longtemps. Donc, ton chemin est décidé, tu seras exilée de l'île. Je n'avais pas de raisons de le faire avant, maintenant, grâce à toi-même, si. Nous te fournirons ce qu'il faut pour deux semaines.


À l'aube, un frêle esquif était amarré par une corde sur la plage. Les chaînes sur les pieds de la bannie cliquetèrent. Juste avant qu'elle n'embarque, elles lui furent enlevées.

Elle contempla ce sur quoi elle s'aventurait en haute mer. Une coquille de noix, d'environ trois mètres de long, avec deux semaines de provisions, des vêtements de rechange, et un assortiment d'armes de son choix. Un arc, un arbalète, une épée, un bouclier, et deux dagues dans ses manches.

- Je t'aurai bien souhaité bonne chance, lui jeta l'homme de la veille, mais tu ne le mérites pas. Que les dieux décident de ton sort.

Une jeune fille aux longs cheveux corbeau bondit dans l'eau glaciale, avec la grâce d'une sirène, souple et ondulante :

- Ano, attends moi !

Elle grimpa dans la barque, qui partit, poussée par le courant. Les longs cheveux noirs ondulèrent une dernière fois dans le vent, comme une ultime menace.


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