Partie II / Chapitre 6

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Léo

Anna... pardon ! la traîtresse fonçait en direction de Lecce, à la vitesse moyenne d'un cheval lancé au galop. C'était un peu lent pour mon merveilleux navire, mais on s'en accommodait au bout d'un certain temps. J'étais à la barre depuis plus de cinq heures, lorsque Selvigia est venue me rejoindre :

- Tu veux que je te relaie ?

J'allais protester, mais elle a ajouté:

- Tu es sans cesse à la barre, tu devrais te reposer. Et ne crois pas que je suis incapable de diriger ton navire.

J'ai soupiré. Et je me suis écarté, pour lui laisser ma place. Elle l'a prise avec un petit sourire satisfait. Cela dit, je comptais avoir le dernier mot:

- Mais je reste ici. On approche de Lecce, et Elle commence à ralentir.

Pas besoin de préciser qui était "Elle". Depuis que Percy s'était enfermé dans sa cabine sans avoir dit Son nom une seule fois, le prénom était devenu tabou sur le navire.
Mon GPS toujours en main, j'ai suivi Sa progression. Elle s'approchait de Potenza, et il semblait qu'elle allait passer à côté de la ville sans y entrer. On avait assez de provisions pour tenir un mois de route, mais bon, Elle semblait en avoir décidé autrement.

Selvigia a légèrement grimacé à cette annonce, mais n'a pas protesté.
Je me suis surpris à l'observer à la dérobée. Qu'est-ce qu'elle était belle ! Ses cheveux, relevés en queue de cheval haute, étaient trop longs pour être bien retenus. La partie libre ondulait au gré du vent. Son regard marron/vert scrutait attentivement l'horizon, et elle était absorbée par les couleurs du ciel.

Soudain, alors que je ne m'y attendais pas du tout, un petit sourire est né sur ses lèvres, et elle a brusquement tourné la tête vers moi. J'ai sursauté.

- Pourquoi me regardes-tu comme ça ?

Elle avait posé la question d'une voix amusée, mais ses yeux brillaient.

- Parce que... parce que...

Je n'arrivais pas à placer trois mots à la suite. Pourtant, tout en moi hurlait "Parce que je t'aime !". Elle a semblé le deviner, et s'est approchée de moi. Sans tergiverser davantage, je l'ai prise au niveau des hanches. Elle m'a répondu par un baiser passionné, juste après avoir murmuré "Moi aussi".


On aurait pu rester comme ça pendant des heures, pourtant, quelques minutes à peine après, une voix moqueuse s'est faite entendre de nulle part :

- Oh, comme c'est mignon !

Selvie s'est détachée de moi, tandis que je tressaillais.

L'air a ondulé, à un endroit bien précis, et la silhouette d'Anomédé est apparue, sans que Selvigia ne paraisse surprise.

Je m'en serais donné des claques. Je l'avais vue faire plusieurs fois, sans réagir. Elle m'a regardé avec une moue moqueuse, puis elle a posé une main sur le coeur, et a lancé avec un sourire :

- Je vous laisse le tourtereaux...

Elle a à nouveau disparu. Avec Sel, on s'est regardés, sans savoir quoi faire, puis, elle a repris la barre tandis que je fourrais mon nez dans mon GPS. Chacun un grand sourire étiré sur le visage et les yeux brillants.

Je n'étais plus la cinquième roue du carrosse ! J'avais enfin une petite amie !

Percy


Le noir. Les ténèbres.

Pour moi, la lumière n'existait plus.

J'avais sombré dans un état de déprime intense, qui était dû aux multiples choix et trahisons que je subissais depuis que j'avais onze ans.

Le Complot de GaïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant