Préparatifs de rentrée

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Des éclats de rires joyeux fusaient de l'étage, et Molly se prit à sourire malgré elle. Malgré la présence de Fleur dans sa cuisine. Malgré les neuf aiguilles de la pendule pointant toutes sur 'en danger de mort'. Un instant d'insouciance, même court, ne se refusait pas par ces temps troublés.

Les plus jeunes s'étaient réunis dans l'ancienne chambre des jumeaux. Harry racontait à ses amis, avec force détails, l'entrevue de Dumbledore avec son oncle et sa tante, lorsqu'il était enfin venu le chercher pour l'emmener chez les Weasley, et leur visite à Horace Slughorn, qui supposait-il, serait leur prochain professeur de Défense contre les forces du mal.

La veille, les enfants avaient reçu les résultats, très satisfaisants, de leurs BUSEs. Pour fêter ça, elle avait réuni le plus de membres possible de sa famille, et pour Molly Weasley, la famille ne s'arrêtait pas à son époux et à ses nombreux enfant. Elle adoptait littéralement tous les 'chiens perdus', animaux ou humains qui avaient le bonheur de croiser son chemin. Tous, sauf un peut-être, ou plutôt une... Elle soupira, quelle idée avait eu Bill de s'amouracher de cette française au point de vouloir l'épouser ? Qu'avait-elle de plus, à part sa beauté éthérée de Velane bien sûr, que les autres ?

Elle reporta son attention sur la marmite qui glougloutait doucement sur le feu. Fleur s'était mis en tête de leur préparer un plat traditionnel français, la... comment déjà ? Ah oui : 'Poulopo', et malgré sa prévention première, elle devait reconnaître que le fumet qui s'échappait du récipient était tout à fait appétissant. Elle jeta un regard en biais à sa future belle-fille, il faudrait plus qu'une 'Poulopo' pour la séduire. A son grand dépit, tous les hommes de la maison, y compris Arthur, avaient bien entendu succombé à ses charmes, mais elle ne se laisserait pas aussi facilement acheter ! Oh non ! Elle reporta sa pensée sur les plus jeunes. Tout était prétexte à les nourrir 'convenablement', avant la rentrée, et elle planifiait déjà dans sa tête le repas qu'elle concocterait pour l'anniversaire d'Harry, qui aurait lieu dans quelques jours.

On était déjà à la moitié des vacances, la reprise des cours approchait et il allait bientôt falloir penser à se rendre sur le Chemin de Traverse pour acheter les nouvelles fournitures demandées par l'école. Ses mains s'immobilisèrent et son regard se fit lointain, les nouvelles rapportées par Arthur empiraient chaque jour, les disparitions se multipliaient. Aux dernières nouvelles, c'étaient Florian Fortarôme et Garrick Ollivander les dernières victimes, ils avaient disparu du jour au lendemain, et personne n'aurait pu dire s'ils avaient été consentants ou non, encore moins s'ils étaient encore vivants ou non.

Les enfants allaient devoir quitter la sécurité relative du Terrier pour retourner à Poudlard, et une angoisse sourde lui serrait la poitrine. Charlie était si loin... mais au moins, si l'on exceptait la dangerosité de son métier, était-il aussi, loin des affrontements qui se préparaient , les jumeaux vivaient maintenant sur le Chemin de Traverse, et Percy... il valait mieux ne pas penser à Percy ! Heureusement, Bill était plus souvent à la maison depuis quelques temps, mais elle aurait tellement voulu les garder tous auprès d'elle, y compris Harry et Hermione. En sécurité. Mais pouvait-on encore trouver un seul endroit au Royaume Uni, où l'on puisse se prétendre vraiment en sécurité? Il était inutile de chercher à nier l'évidence, la guerre n'était plus seulement une vague menace, la guerre avait bel et bien commencé, et depuis l'attaque du ministère, le monde sorcier en avait enfin pris pleinement conscience. Vingt ans plus tôt, elle avait vécu la première, et elle y avait perdu ses frères. A l'époque, ils n'étaient pas beaucoup plus âgés que ne l'étaient ses enfants aujourd'hui. Parfois, lorsqu'elle regardait les jumeaux... Elle secoua la tête, comme si ce simple geste avait pu chasser ses idées noires. Poudlard était certainement un des endroits les plus surs du pays. Elle tenta en vain de repousser son mal-être, et reporta son attention sur la poule-au-pot.

Le Veilleur dans l'Ombre I - Le jeu du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant