Les vacances de Severus Snape

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« Une atmosphère sinistre s'est répandue dans le pays. »

L'homme assis dans le fauteuil près de la cheminée se leva pour atteindre le bouton d'arrêt de l'antique téléviseur portable en noir et blanc, vestige des années soixante-dix, posé sur la table du salon. Contrairement à tout ce qui pouvait lui rappeler celui qui l'avait acheté, il ne s'était pas débarrassé de l'objet, lorsqu'il était brièvement revenu habiter dans la maison de son enfance, après avoir quitté l'école. Il reconnaissait qu'il pouvait avoir une certaine utilité pour se tenir au courant de l'actualité moldue... sans pour autant avoir jamais été tenté de le changer pour un modèle plus récent, il ne fallait pas exagérer non plus ! Non que l'actualité en question lui ait échappée, en l'occurrence, il en savait bien plus que tous les politiques et journalistes réunis sur la raison de cette sinistre atmosphère, aussi bien météorologique que factuelle...

Le feu qui flambait dans l'âtre peinait à réchauffer l'atmosphère en question, bien que l'on fût au mois de juillet. Dehors, une bruine glacée vous transperçait jusqu'aux os comme aux plus beaux jours de novembre. Il frissonna. Les Détraqueurs rôdaient dans tout le pays. Les souvenirs des quelques contacts qu'il avait pu avoir avec ces créatures dans le passé lui suffisaient largement pour plusieurs vies. En soupirant, il regagna son fauteuil et reprit le journal qu'il avait abandonné un peu plus tôt pour regarder le journal télévisé. Lorsque deux coups retentirent à la porte, il fronça les sourcils, aussitôt sur le qui-vive, il n'attendait ni n'espérait de visite, son 'invité' forcé suffisait plus qu'amplement à son absence de désir de compagnie.

D'un infime mouvement de la baguette qu'il avait négligemment laissé glisser de sa manche dans sa main, il envoya le poste se ranger tout seul dans un placard, et annula l'Assurdiato qu'il avait jeté sur la pièce et le sort de verrouillage de la porte secrète derrière laquelle il savait que Pettigrew tentait de l'espionner, tout en se levant pour aller entrebâiller la porte d'entrée.

—Narcissa !

Il ouvrit le battant un peu plus largement. La lumière qui venait de l'intérieur éclaira les deux femmes qui se tenaient sur le seuil. , minces silhouettes encapuchonnées et grelottantes, malgré les lourdes capes noires dont elles s'étaient enveloppées pour se protéger du crachin gelé qui vous pénétrait jusqu'à la moelle. Les capuches tombèrent, révélant une longue chevelure d'or pâle que n'aurait pas reniée un elfe de roman moldu 's'ils savaient !' et une indomptable crinière d'ébène. 'Aussi sauvage que sa propriétaire' pensa-t-il.

« Quelle bonne surprise ! » Il gardait les yeux fixés sur la femme aux cheveux blonds qui venait de frapper, ignorant délibérément sa compagne. Elle leva vers lui deux yeux sombres, dont l'hautaine fierté habituelle était présentement tempérée par une expression implorante qu'il n'aurait jamais cru lui voir arborer un jour, surtout devant lui... Un peu alarmé tout de même, s'il ne s'était agi que de Lucius, elle n'aurait pas pris la peine de se déplacer, il haussa un sourcil interrogateur.

—Severus, puis-je te parler ? Murmura-t-elle. « C'est urgent. »

—Mais bien sûr !

Il s'écarta pour la laisser entrer. L'autre femme la suivit sans y avoir été invitée.

—Snape ! Le salua-t-elle d'un ton cassant en inclinant imperceptiblement la tête.

—Bonsoir Bellatrix, répondit-il avec un léger sourire moqueur, en refermant la porte d'un coup sec. Il savait qu'il ne devait cette concession à la courtoisie qu'à l'impeccable éducation de 'la très noble et très ancienne famille Black'. Bellatrix le haïssait, et il le lui rendait bien.

Il se doutait bien que cette entrevue aurait lieu, tôt ou tard, mais voir Narcissa devant sa porte l'avait un peu pris par surprise. Il avait pensé qu'elle lui aurait plutôt demandé de venir lui rendre visite au manoir. Avec son mari emprisonné à Azkaban, et dans la situation de disgrâce où se trouvait sa famille, il n'y avait guère que vers lui qu'elle pouvait encore se tourner en toute confiance. Après l'arrestation de Lucius, il avait été le seul à lui offrir son soutien, encore qu'assez discrètement toutefois pour ne pas s'attirer le courroux du Seigneur des Ténèbres. En bon stratège, il savait que même s'ils étaient, selon l'expression moldue, provisoirement sur la touche, il valait mieux garder les Malfoy dans son jeu. Et puis Lucius était tout de même un de ses plus vieux amis et il aimait bien Narcissa et leur fils. En revanche, il se serait aisément passé de la présence de la sœur de celle-ci. Il les invita d'un signe à s'assoir sur le canapé alors que lui-même reprenait sa place dans le fauteuil.

Le Veilleur dans l'Ombre I - Le jeu du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant