Joyeux Noël...

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La plupart des élèves étaient rentrés chez eux pour les fêtes de fin d'année, et les quelques professeurs restés à Poudlard profitaient de cette accalmie pour souffler un peu, en profitant de quelques jours de repos bien mérités. Assis dans son confortable fauteuil, près de la cheminée du salon de ses appartements personnels, le Maître des potions profitait de la douce chaleur des flammes pour se laisser, une fois n'est pas coutume, aller à une agréable torpeur, négligeant pour un instant le grimoire qui avait glissé de ses mains sur ses genoux. Cette année, pas de Potter, pas de Weasley(s), pas de Granger, ni de Malfoy, et même le Seigneur des Ténèbres semblait vouloir le laisser tranquille. Ce dernier point n'était d'ailleurs pas le plus rassurant pour l'espion... Ne pas être appelé par son maître pouvait aussi bien signifier que Bellatrix avait gagné la partie et réussi à le discréditer totalement. Mais d'autre part si tel avait été le cas, il doutait que Voldemort l'aurait laissé profiter en paix de ses vacances. Il savait qu'au moindre faux-pas, au moindre doute sur sa loyauté, c'était la mort qui l'attendait, et une mort particulièrement déplaisante. Il s'efforçait donc de profiter de ces quelques instants de tranquillité en essayant de ne pas trop y penser.

Pourtant la Gazette rapportait chaque jour de nouvelles attaques sur des Moldus, des Nés-moldus et même des Sang-purs considérés comme Traîtres-à-leur-sang. Après l'agression qui avait failli coûter la vie à Arthur Weasley, l'année précédente, au cœur même du ministère, et le combat qui avait détruit une grande partie du département des mystères, et qui avait vu la disparition de Sirius Black, tout le monde avait enfin compris que contrairement à ce qu'avaient voulu leur faire croire les autorités tous ces derniers mois, le Seigneur des ténèbres était bel et bien de retour. Le monde sorcier était de nouveau en guerre, et plus personne n'était à l'abri.

L'heure n'était plus à la neutralité, et beaucoup, plutôt que de se déclarer ouvertement comme opposants à Voldemort, préféraient se cacher ou s'enfuir à l'étranger, là où le conflit ne s'était pas encore étendu. Il était clair que beaucoup d'élèves ne reviendraient pas à la rentrée.

La soirée du vingt-quatre décembre avait été inhabituellement calme, malgré la Grande Salle pourtant tout aussi magnifiquement décorée qu'à l'habitude, les cœurs n'étaient pas aux réjouissances. Le ton du court discours et des vœux de Dumbledore, qui se voulait enjoué, contrastait avec les visages graves des occupants de la table unique, professeurs et élèves mélangés, qui était de tradition pendant les vacances de Noël, afin de donner aux enfants qui n'avaient pas pu rentrer chez eux, une impression de convivialité familiale. La soirée s'était terminée bien plus tôt que de coutume à cette date, et les élèves avaient regagné leurs dortoirs dans le calme, bien loin de la joyeuse excitation qui régnait habituellement pendant cette période. On en venait presque à regretter l'absence des jumeaux Weasley, dont les frasques se moquaient allègrement des conjonctures.

Après avoir piqué du nez une N'ième fois sur son livre, Severus décida qu'il n'arriverait à rien de productif ce soir-là, et qu'il ferait bien mieux de profiter du bref répit qui lui était accordé pour tenter de récupérer un peu du sommeil qu'il avait en retard.

Au matin du vingt-cinq décembre, il fut réveillé par la sensation dérangeante d'une présence dans sa chambre. Il ouvrit les yeux en tirant d'un geste vif sa baguette de sous son oreiller, pour se retrouver nez-à-bec avec un superbe phénix argenté qui semblait l'observer avec curiosité, en penchant légèrement la tête sur le côté. De surprise, il eut un haut-le-corps qui lui fit heurter sa tête de lit dans un grognement douloureux. Il ravala de justesse le juron imagé qui était sur le point de franchir ses lèvres, et avec un sentiment de malaise, il se demanda un instant si Dumbledore avait trouvé un moyen de voir au travers des yeux d'un Patronus... Il frissonna. Connaissant l'intarissable curiosité du directeur, bonjour l'intimité !

Le Veilleur dans l'Ombre I - Le jeu du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant