Le professeur de Défense

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En regardant ses élèves entrer dans la salle de classe, le nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal se sentait de meilleure humeur qu'il ne l'avait jamais été avant de commencer un cours. Enfin, il n'allait plus avoir à supporter les explosions de chaudrons et leurs conséquences désastreuses, et le serrement de cœur qui se transformait en cette colère sourde et permanente qui avait fait naître sa réputation de semi tortionnaire, devant ses chères préparations horriblement dénaturées par la bande de cornichons décérébrés qui lui servait d'élèves.

Il adorait les potions, c'était un domaine dans lequel il avait toujours excellé, où il touchait à la perfection. Mais il détestait enseigner les potions. Il ressentait chaque ratage de ses étudiants comme autant de mutilations infligées à ce qu'il considérait comme de purs chefs-d'œuvre de précision et d'efficacité. Celui qui était le maître des potions détenait entre ses mains le pouvoir absolu, il pouvait décider de guérir ou de tuer, de calmer ou d'exciter, de susciter le désir ou bien la haine... Mais bien peu parvenaient à saisir toutes les nuances de cet art subtil, car, exercé par lui, il ne pouvait y avoir aucun doute, il s'agissait bien d'un art, et il en était un merveilleux virtuose.

La majorité de ses élèves, comme de ses condisciples d'ailleurs, ne comprenaient rien à la beauté et à la subtilité de cette discipline minutieuse, n'en retenant que les mauvais côtés. Il était vrai que les ingrédients employés n'étaient souvent pas très ragoutant, que les émanations et les vapeurs n'étaient pas non plus, dans la plupart des cas, ce qu'il y avait de plus agréable, et pouvaient provoquer des effets secondaires déplaisants... ses cheveux en savaient quelque chose ! Ils ignoraient la griserie de tenir entre ses doigts, emprisonné dans une minuscule fiole, un pouvoir quasi absolu. En temps de guerre, le camp qui possédait la loyauté du meilleur Maître des potions bénéficiait d'un avantage considérable... Evidemment, la plus petite erreur, la moindre inattention pouvait provoquer des désastres et Merlin savait que la concentration n'était pas la spécialité des adolescents dopés aux hormones qu'étaient les étudiants de Poudlard. Il soupira. Peut-être était-ce un effet de l'âge, même si, à trente-six ans, il était l'un des plus jeunes professeurs de l'école, mais il avait l'impression qu'au fur et à mesure que le temps passait, les effets pernicieux de l'adolescence se faisaient sentir de plus en plus tôt...

Severus était donc d'une humeur relativement sereine, malgré la présence de Potter et de ses acolytes au fond de la classe, lorsqu'il débuta son cours. Dès les premiers mots, il réussit à captiver son auditoire, et la partie théorique se déroula dans une atmosphère attentive. Aucun autre professeur de Défense, pas même Lupin, ne leur avait jamais parlé de cette manière des Arts Sombres et de leurs dangers. Avec peut-être une nuance d'admiration dans la voix pour la complexe perfection des maléfices, mais sans détours, sans chercher à ménager leur sensibilité. Il les préparait à affronter une guerre, où leur âge ne ferait aucune différence pour l'ennemi.

Le faux Fol Œil leur avait bien fait quelques démonstrations des impardonnables sur de malheureuses araignées, mais voir torturer ou tuer une de ces bestioles n'avait été bien impressionnant pour personne, sauf peut-être Neville Londubat, les araignées n'étant pas, pour les Sorciers des créatures plus populaires que pour les Moldus. Peut-être encore moins, car eux avaient aussi l'occasion de parfois se frotter à la charmante espèce appelée Acromentules que personne à par Hagrid n'aurait cherché à fréquenter pour le plaisir ! Quant à les voir soumises à la volonté de Maugrey, cela avait été plus divertissant qu'autre chose... Tout bien réfléchi, il avait présenté les impardonnables comme une amusante distraction pour l'un, et comme un bon moyen de se débarrasser des nuisibles pour les autres, ce qui, sachant qui il était vraiment n'était tout compte fait, pas bien étonnant. Les gravures animées que Severus leur commentaient en détail, de sa voix grave et posée étaient bien plus impressionnantes et parlantes.

Le Veilleur dans l'Ombre I - Le jeu du PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant