Chapitre 2, Le prince

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Son visage n'était qu'à quelques centimètres du mien. Il plaça un couteau juste au dessus de ma gorge.
- T'es qui ? Me demanda-t-il agressivement.

Je fus incapable de répondre tellement j'étais effrayée. Je réfléchis un instant le temps de trouver une réponse. Que lui dire ?

- Je... je suis une amie à Seilah, dis-je au hasard, tremblante.
- Quoi ?!?

Mince, je crois que j'ai opté pour la mauvaise réponse.
Le jeune homme baissa sa garde et me regarda froidement.
- Donc t'es pas d'ici ?
- Si... enfin non, je...

Sans prendre le temps de répondre, il me prit par le col de ma robe et m'emmena je ne sais où. Puis, il ouvrit une porte et je vis Seilah devant, les yeux grands ouverts. Eh merde.
L'homme qui me tenait par le col regarda Seilah avec colère puis me jeta brusquement par terre, comme un sac poubelle. Ma chute m'avait niqué le bras mais j'évitai de crier.

Je pus maintenant voir à quoi ressemblait cet homme : il était jeune, il devait sûrement avoir mon âge. La peau mate, ses cheveux bruns relevés, en bataille et retenus par un bandeau ocre décoré par un œil Égyptien qu'il a devant son front, il porte de grosses boucles d'oreilles noirs et des bracelets au niveau des bras. Il a au niveau de son cou une bande de tissu d'un jaune fade d'où partent deux bandes de tissu de la même couleur qui se rejoignent dans son dos. Il laisse son torse découvert mais porte un sarouel sombre qui s'arrête à mi-mollet. Il est chaussé de sandales.

Soudain, il s'approcha de Seilah et la gifla en pleine figure. Le coup était tellement violent que Seilah perda l'équilibre mais se rattrapa. L'Égyptien n'en avait pas fini : il lui tira son oreille et l'approcha de lui.

- C'est quoi ce délire ? T'invites tes potes chez moi maintenant ?

Je restai stupéfaite face à cette scène. Impossible pour moi de prononcer une parole. J'assistai impuissante, à cette scène ignoble.
- Mais mon prince, dit-elle, Je ne comprends pas...

"Mon prince". Au moment où Seilah avait prononcé ces mots, je compris immédiatement mon erreur. J'avais fait une énorme gaffe.

- Arrête de te foutre de ma gueule ! S'écria le prince Lamur en tirant un peu plus fort sur son oreille. Seilah grimaça alors. Le dialogue se poursuivit ensuite en arabe, donc impossible de comprendre pour moi leurs mots. Seilah parla la première :

- Al'amir baladi, wa'ana la 'aerif madha qalat laka, walikunnah lays sadiqi.*
(N.D.A : Mon prince, je ne sais pas ce qu'elle vous a raconté, mais ce n'est pas mon amie.)
- Ma hu ealayh baed dhallika?*
( N.D.A : C'est quoi alors ?)
- Wahu alrraqiqa. laqad hadath ma hadath alyawma.*
( N.D.A : C'est une esclave. Elle vient d'arriver aujourd'hui.)

Le prince surpris, la lâcha alors subitement et me regarda ensuite.
- Une esclave ? Se demanda-t-il.
- Oui, mon prince. Qui vient tout droit de Grenade. Répondit Seilah et se massant l'oreille.

Je n'osai même pas regarder sa majesté tellement j'étais embarrassée. Et pourtant, je savais qu'il me fixait et qu'il attendait que je tourne mon regard vers lui.
- Désolée... dis-je à voix basse, tremblante.
- Mouais... Se contenta-t-il de répondre.
Il repartit et ferma la porte derrière lui. J'avoue que je ne pensais pas qu'il allait réagir de cette manière. Je pensais plutôt qu'il allait me frapper. Seilah me releva aussitôt et me regarda inquiète.
- Danielle, tu n'as rien j'espère ?
- Non... non... mon bras me fait un petit peu mal, mais ça va aller.
- Bon...

Et là, sans que je m'y attende, Seilah me gifla. Je la regardais choquée et en colère.
- Mais t'es malade ? Pourquoi tu as fait ça ?
- Ne refait plus jamais cela. Est-ce que tu sais à quel point il est dangereux ?
- Maintenant je le saurais, merci...!
- C'est très sérieux, là.
- Je sais, et je suis désolée d'avoir menti. Je ne pensais pas qu'il allait te frapper, et je me doutais fortement de qui était réellement cet homme. Je... je ne savais pas qu'il était important.
- Pour ça, ce n'est pas grave. Ce n'est pas la première fois que je me prends un coup de sa part. C'est de toi dont je parlais. Il aurait pu te tuer. C'est pour cela que je t'ai ordonné de rester ici.
- Oui mais, il ne l'a pas fait...
- Il aurait pu...!

Elle s'installa sur le lit et éteignit la lampe. Seule la lampe de chevet restait allumée. Je m'allongeai à côté d'elle.
- À quel point est-il dangereux ? Lui demandai-je curieuse.
- Tu sauras demain.
- Comment ça, "demain ?" Veux-tu dire que je commence ma première journée demain ?
- C'est ça.
- Mais je ne suis pas prête...
- Ce n'est pas un problème. Bonne nuit.

Elle éteignit la lampe de chevet sans me laisser le temps de protester. Après tout, je n'avais pas le choix. Si on m'a amené ici, c'est bien pour cela.

Esclave Malgré-Elle.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant