09 - boule au ventre

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Livy PDV

Je m'attache les cheveux et regarde le résultat dans le miroir qui est –pour une fois- assez convainquant. Je souris à mon reflet dans la glace. Je serre ma queue de cheval, et sors de la salle d'eau juste après. Je m'aventure dans ma chambre, regardant mes draps défaits ainsi qu'un oreiller qui jonche carrément le sol. Je refais mon lit et repose le coussin là où il devrait être. Je prends mon sac et le dépose sur mes épaules. Hier, Sacha ne commençait pas en même temps que moi, c'était pourquoi il ne m'avait pas accompagné. Mais aujourd'hui, nous avons les mêmes cours.

Je m'installe sur le bord de mon lit en attendant qu'il vienne me dire qu'il est prêt et qu'il est l'heure de s'en aller. Je n'ai même pas faim tellement que la boule que j'ai dans l'estomac me retourne tout mon système digestif. Je n'arrive pas à faire autrement que de me pincer les lèvres et d'avaler difficilement ma salive. J'ai tellement peur de cette journée. Parce que oui, je pourrais croiser l'ennemi juré de ma famille dans les couloirs et je crois que je ne le laisse pas insensible. C'est un peu normal, vu que je suis une déesse et que je ne peux laisser personne indifférent, même les Dieux et les demi-dieux. Puis, si on pousse un peu plus loin, qu'on creuse plus profond, je ne laisse pas indifférente même les Déesses et les demi-déesses. C'est fou, mais ça arrange bien les homosexuels et les bisexuels du royaume des Dieux, même s'ils se font petits parce que c'est assez contraire aux règles de base.

Je relève la tête lorsque j'entends que l'on toque à la porte. Je murmure un léger « oui » à peine audible, si bien que je dois recommencer pour que la personne qui se trouve derrière la porte comprenne et entende ce que j'ai dis. Sacha entrouvre légèrement la porte, passe une partie de son visage sûrement pour voir si je ne suis pas nue ou quelque chose comme ça, puis il ouvre entièrement la porte. Il me sourit grandement alors que celui que je lui rends en retour est maigre, et même c'est un grand mot pour décrire celui-ci ! Sacha fronce les sourcils et s'approche de moi, doucement. Ensuite, il prend mon visage en coupe, pour me forcer à le regarder dans les yeux et je déteste lorsqu'il fait cela.

-Livy, ça va ? Tu as l'air... Je ne sais pas... Je dirais que tu n'es pas bien... Tu ne serais pas malade quand même ? Demande-t-il, l'air hésitant mais tout aussi inquiet.

Suis-je vraiment obligée de lui dire la vérité ? Suis-je vraiment obligée de lui répondre ? J'ai l'impression qu'à peine ouvrirais-je la bouche, que mon repas de la veille sortira de ma bouche sous forme de suc gastrique et de résidus de nourriture avec une odeur dégueulasse et acide. Je déteste par-dessus tout quand il s'inquiète de cette façon pour moi. Il ne devrait pas, mais il n'arrive clairement pas à s'en empêcher et cela me désole vraiment, me dérange aussi et ne s'en prive pas pour m'énerver au passage. La boule que j'ai dans l'estomac ne cesse de grandir et de monter petit à petit, si bien que j'ai l'impression qu'elle est déjà dans mon œsophage.

-C'est bon, ça va Sacha, répondis-je avec quelques difficultés. Alors, on y va ? Rajoutais-je pour changer de sujet.

Je me lève et il me regarde toujours de cette façon avec ces yeux bleus. Toute l'inquiétude du monde doit sûrement se trouver dans ses prunelles, dans son être tout entier mais nulle part ailleurs. Je roule des yeux et tente de le pousser mais il me barre le passage. Je pourrais très bien utiliser mes pouvoirs mais je n'en ai pas ni le courage ni la force. Je ne me vois pas employer mes pouvoirs alors que je peine à parler normalement, ce qui est humain à la base. Il me regarde droit dans les yeux et je n'arrive pas à décrocher mon regard amande de ses yeux bleus comme la mer.

-On n'y va pas tant que tu n'auras pas réussis à me convaincre que tu vas bien, rétorqua-t-il avec autorité et sévérité.

Je ne vois pas comment je pourrais lui prouver que je vais bien alors que je peine à parler. Je suis sûr qu'il le fait exprès juste pour voir si je vais utiliser mes pouvoirs sur lui, juste pour voir si je serais capable de le convaincre de tout et n'importe quoi. La boule que j'ai dans le bas du ventre –à cause de nos ébats de la veille- se mêle à la boule de douleur que j'avais déjà dedans –à cause de la peur de le revoir. Je n'ai pas envie de croiser Zayn Malik dans les couloirs. Je soupire et me laisse retomber sur le lit ce que je n'aurais clairement pas du faire, puisque la douleur qui logeait dans mon bas ventre vient de faire des siennes et j'ai encore plus mal.

-Je t'assure Sacha, ce n'est rien... C'est juste la douleur dans le bas de mon ventre à cause... à cause de ce qu'on a fait hier... Enfin, tu vois où je veux en venir... ? Tentais-je désespérément pour le convaincre qu'il n'y a rien d'autre qui me met dans un pareil « état ».

Je sais très bien que Sacha va se rejeter la faute à présent, mais c'est mieux que de devoir lui dire les véritables raisons de mon malaise, de mes peurs, de mon appréhension face à cette nouvelle journée d'école. Il se mord la lèvre inférieure, me prend la main et sort de la pièce. Je suppose que j'ai réussis à le convaincre comme ça, même si je doute que j'ai pu réussir à le faire complètement tellement qu'il est têtu et vraiment difficile à convaincre. Quand il a une idée en tête, il ne la lâche pas et je doute pouvoir y faire quoique se soit, même moi qui suis une déesse.

Tandis que nous descendions les escaliers et passions devant la cuisine, il s'arrête soudainement. Je ne m'y attendais pas, si bien que je lui rentre dedans. J'ai les yeux écarquillés lorsqu'il se retourne enfin pour me faire face. Je ne comprends pas pourquoi il s'arrête si soudainement, si précipitamment. Nous ne sommes que devant la cuisine, pas encore à sa voiture, alors, pourquoi ? Il me regarde dans les yeux et sa mâchoire se contracte pour mon plus grand étonnement. Mais qu'est-ce qui peut bien le rendre ainsi ? Qu'est-ce qui peut bien le changer de cette façon ? Je ne comprendrais donc jamais rien aux attitudes imprévisibles des humains ?

-Tu n'as pas mangé ce matin, n'est-ce pas ? Avance-t-il assez précipitamment.

Je suis démasquée. Mais je suis aussi complètement incapable de manger quoique se soit sans avoir l'impression que je vais le remettre plus tard dans la journée. Je déteste me sentir ainsi, effrayée à en avoir la nausée pour des choses futiles ou encore, pour une simple personne ! De plus, c'est complètement débile en soit. Pourquoi se sentir ainsi pour des histoires qui n'ont pas vraiment beaucoup d'intérêt, pour des personnes qui n'en valent pas plus la peine qu'une poussière à nos yeux ? Je ne comprendrais jamais certaines émotions et certains sentiments propres aux humains ou aux Dieux. Pourquoi souffrir, franchement, alors que l'on pourrait être heureux ? Ils sont cons ces humains, parfois, mais vraiment stupides.

Sacha me reprend la main et me tire jusqu'à lui. Il me prend dans ses bras, serrant son emprise fermement autour de ma taille, si bien que la douleur qui me comprimait le ventre et celle qui me comprimait le bas ventre s'en va le temps de quelques minutes. Je lui rends son étreinte. Il enfuit sa tête dans mon cou et j'enfuis la mienne dans son torse. Il a toujours été très attentionné et très protecteur avec moi. Mais parfois, comme maintenant, il l'est trop au point que cela m'étouffe. Il le comprend parfois, mais c'est rare. Il se retire de notre câlin et me tend sa main pour que je la prenne et le suives jusqu'à sa voiture, direction le lycée.

Et une journée de plus qui commence, mais sûrement celle que je redoute le plus de toute ma vie. Surtout depuis que je sais que Zayn Malik se trouve dans le même lycée que moi.

***

Musique ; Let You Down - The Material

Demigod//z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant