45 - pause cigarettes

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Livy PDV

Je tire une première latte de ma clope, en dehors du centre commercial. Nous sommes, Georgia et moi, près du parking souterrain, mais à l'extérieur de celui-ci presque juste à son entrée. Elle tire elle aussi une latte de sa cigarette et j'ignorais qu'elle fumait. Je crois que j'ai encore énormément de choses à apprendre sur elle. Énormément est même un petit mot, je dirais. Je crois vraiment qu'on devrait apprendre à se connaître véritablement, parce que même si on s'apprécie, on ne connaît pas grand-chose de l'autre même si jamais je ne lui avouerais que je suis une déesse et que j'ai eu une sorte de coup de foudre pour le demi-dieu narcissique et arrogant qu'est Zayn Malik. Ce sont des choses trop personnels encore que pour qu'elle le sache, puis même Sacha n'en saura rien pour le métis à moins qu'il ne le lise dans mes pensées mais je l'étranglerais à main nue s'il venait à le faire.

-Tu fumes depuis combien de temps ? Me demanda-t-elle soudainement.

Je tourne doucement la tête vers elle. Je crois que Georgia a entamé la conversation parce que je ne l'avais pas fais. Aussi, je n'en ai pas l'habitude. Je n'ai pas l'habitude de commencer la conversation, de trouver le sujet dont se basera toute celle-ci. Je fronce les sourcils parce que la question me paraît presque bizarre. C'est vrai qu'elle ne me connaissait pas encore, il y a quelques jours. Je prends une grande inspiration et recrache en même temps la fumée que j'avais gardé dans mes poumons prendre tout ce temps.

-Cela fait le deuxième jour, avouais-je un peu honteuse de moi-même.

Georgia paraît étonnée. Choquée je dirais aussi. Elle ne s'attendait sûrement pas à une telle réponse. Je crois que je devrais surtout réduire ma consommation, parce que ma première clope date d'hier matin lorsque j'ai fumé en compagnie du métis et maintenant, je suis presque à la moitié de mon second paquet. Je devrais vraiment ralentir la cadence parce que pour une fumeuse amateur, je n'en fume quand même pas non plus. C'est juste qu'il y ait tellement d'événements stressants, dérangeants, bizarres, émotionnels en ce moment que je ne sais pas comment gérer et la nicotine est le meilleur échappatoire que j'ai trouvé jusqu'à présent.

-Seulement depuis hier ? S'extasie-t-elle. Mais c'est peu pour une si grande fumeuse que toi, continue-t-elle sur sa lancée. Enfin, je veux dire, pour une qui vient de commencer, je trouve que tu fumes pas mal, se reprend-elle.

Je hausse les épaules, comme si je m'en foutais. En réalité, je ne m'en fous pas, même si je me fais du souci mais je préfère faire comme si cela m'était égal sûrement pour me rassurer d'un côté, pour me prouver que ce n'est pas aussi grave que cela en à l'air. Je sais que je viens d'installer un froid entre elle et moi, mais cela ne me fait ni chaud ni froid non plus. Ce n'est pas que je m'en fous, mais le silence est tellement plus réconfortant qu'une discussion qui tourne en moral de deux heures et des poussières de minutes. Je tire une latte de ma clope et la recrache presque immédiatement. Le vent souffle étonnement fort, aujourd'hui, et c'est presque si je ne grelotte pas.

-Et toi ? S'enquiers-je après quelques minutes de silence délicieuses.

Georgia ne tourne pas la tête vers moi au début et se contente de fixer l'horizon, comme moi. Puis lorsqu'elle tourne le visage en ma direction, je fais de même parce que je sens ses prunelles sur mon être. Je le regarde dans les yeux et c'est presque si je ne vois pas toute la détresse et toute la tristesse du monde dans ces prunelles brunes. Je ne savais pas qu'il pouvait exister une humaine aussi brisée, détruite, blessée, triste, déprimée, maussade. Je ne le savais pas du tout et je suis tombée dessus un peu par hasard. Elle ne se doute pas du tout que même sans le faire exprès et sans même utiliser mes pouvoirs, j'arrive à lire en elle comme dans un livre ouvert. Je vois à travers les visages des humains, c'est simple et je sais lorsque l'un me ment ou lorsqu'une personne cache sa douleur comme le fait Georgia pour le moment. Elle me cache cela derrière un sourire mais voyant bien que ça ne fonctionne pas avec moi, elle tire une latte de sa cigarette et remet son regard sur l'horizon.

-Ca va bientôt faire deux ans, répond-elle.

Je ne sais pas vraiment quoi dire de plus, parce que je ne veux pas dire quelque chose qu'il ne faudrait pas. Je ne veux pas la blesser, parce que nous les dieux, nous sommes censés sauvegarder –en quelque sorte- la race humaine. Nous sommes censés la protéger d'elle-même parce qu'il n'y a pas plus cruel que l'humain lui-même contre ses semblables. Même les maladies mortels, ou encore les extraterrestres –s'ils existent parce que ça, même nous, nous ne sommes pas au courant- le sont moins. Ils se détruisent entre eux et nous sommes là pour les empêcher de se décimer tous les uns les autres. Nous sommes là pour les empêcher de tous s'entretuer. Nous sommes là depuis la seconde guerre mondiale, pour empêcher qu'une troisième éclate sans nous faire repérer.

-Je peux te poser une question ? Me questionna-t-elle, me tirant de mes pensées tragédiennes.

-Ouais ? Répondis-je sans grande conviction.

-Enfaite, j'en ai deux. La première ; Qu'est-ce qu'il a Zayn Malik avec toi, bon sang ? Puis la seconde ; Sacha, est-il célibataire ? Me demanda-t-elle, un rictus en coin sur les lèvres.

Je fronce les sourcils. Qu'est-ce que me veut monsieur Malik ? J'aimerais le savoir complètement moi aussi. Je ne doute pas du fait qu'il aimerait mes lèvres et mon cul, mais je me demande s'il n'y a pas autre chose qu'il aimerait de moi. Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre à cette première question, qui me dérange vraiment parce que je n'avais pas du tout envie de parler de lui. Les souvenirs d'hier soir me reviennent en tête –notamment la partie de jambes en l'air dont je suis peu fière- et c'est à la fois plaisant et désagréable. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi je ressens les deux opposés en même temps alors que c'est techniquement impossible mais en tant que déesse, j'ai des sensations, des émotions et des sentiments et je suis –comme tout humain- obliger de subir ces enfoirés même lorsqu'ils partent en vrille.

Pour sa seconde question, je ne sais pas vraiment. Sacha est-il célibataire ? Franchement ? Aucune idée. Il pourrait être en couple que je ne le saurais pas. Aux dernières nouvelles, en tout cas, il est plus célibataire que de l'eau gazeuse puisse pétiller. Je me mords la lèvre inférieure en me demandant s'il est vraiment célibataire. Cela ne m'étonnerait pas qu'il ait trouvé une petite anglaise rien que pour lui tout seul mais je doute que ce soit le cas sinon il m'aurait quand même prévenu. Puis, pourquoi me pose-t-elle cette question ? Je tourne légèrement la tête vers elle et je remarque que ces joues ont prisent une teinte rougeâtre. Elle est amoureuse de Sacha. Je m'en doutais, mais je ne vais le lui dire sinon je vais encore avoir les question du style ; « Ca se voit tant que cela ? » ou encore « Et lui, il m'aime ? » pendant je ne sais combien d'heures ; de plus je les voir arriver à des kilomètres déjà.

-En ce qui concerne la première question, je n'en ai pas la moindre idée. Peut-être qu'il a un problème contre les françaises, qui sait ? Ou contre les nouveaux, peut-être ? Pour la seconde question, aux dernières nouvelles, Sacha serait célibataire. Mais pourquoi cette question ? Me laissais-je quand même tenter de la lui poser.

-Je suis amoureuse de Sacha, comme je crois que Zayn et toi soyez amoureux de l'un l'autre, répondit-elle en tournant le visage vers moi et en prenant une taffe de sa cigarette, comme si tout cela lui était complètement égal.

Je dois avouer que Georgia m'impression énormément. Elle se fout pas mal des choses importantes, mais par contre les choses banales, elle ne s'en fout pas du tout. Sûrement qu'elle a comprit que plus on met d'intérêt et d'importance à ce qui va nous faire du mal et ce qui est important, cela va nous faire encore plus mal et va prendre encore plus d'importance –comme s'il n'en avait pas déjà assez- et encore plus d'ampleur aussi autant sur notre personne que sur notre quotidien. Je n'arrive pas à croire qu'une humaine soit arrivée aussi bas que pour commencer à agir comme le fait normalement un dieu. Je sens mon cellulaire vibré dans ma poche tandis que nous entamons le chemin inversé de toute à l'heure puisque nos deux clopes sont finies. Je l'extirpe de ma poche et tombe sur le numéro de Barbara qui me demande de rentrer à la maison le plus rapidement possible. Je le range ensuite, après y avoir répondu. Je passe ma main dans mes cheveux, essayant de m'en foutre de tout alors que je prends tout trop à cœur.

Jamais je n'aurais cru que cet anglo-pakistanais puisse prendre tant de place autant dans ma vie, que dans ma tête ou dans mon cœur. C'est insensé.

***

Musique ; Talk Me Down - Troye Sivan

Demigod//z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant