28 - explications

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Livy PDV

Je passe ma main dans mes cheveux tandis que Sacha me suit sur mes talons. Il ne veut sûrement pas me perdre de vue et ne pas me lâcher non plus mais ce n'est pas comme ça qu'il va m'avoir. Il ne m'aura pas si facilement, ça c'est sûr et certain parce que maintenant, ce sera à mon tour de lui dire ces quatre vérités à cet humain ! Je ne veux pas me laisser faire, parce que pour une fois, je vais me rebeller contre tout et contre rien en même temps. Je ne veux pas en faire tout un plat, mais je vais montrer à Sacha que ces mots m'ont blessée et que je ne lui pardonnerais pas si facilement non plus.

Je tourne dans un couloir et nous nous retrouvons sous une trappe d'escalier. Je le regarde fixement dans les yeux et il fait de même. Jamais nous nous sommes regardés de cette façon ; comme des étrangers. Je ne le reconnais plus, il est bien trop en colère que pour être dans son état normal ou encore être apte à entendre ce que je vais lui dire mais je n'en ai rien à foutre. Je n'en ai rien à faire, parce que lui a-t-il voulu savoir si j'allais bien lorsqu'il m'a blessé hier ? Est-ce qu'il en avait seulement quelque chose à foutre ? Je ne crois pas alors moi non plus, bizarrement, je ne vais en avoir rien à faire.

Je me mords la lèvre inférieure nerveusement parce que je ne suis quand même pas habituée à faire du mal expressément à quelqu'un. Je veux dire, je ne veux pas lui faire du mal mais lui faire prendre conscience de plusieurs choses mais je doute que je puisse le faire sans le blesser un tant soit peu. Je pousse un léger soupire et je vois ses yeux qui commencent à briller.

Je ne comprends pas en premier lieu mais c'est quand il renifle soudainement que je fais le lien et d'un seul coup –sans que je n'ai le temps de m'y préparer- mon meilleur ami me tombe dans les bras. Je suis d'abord sous le choc, si bien que mes muscles sont tendus et crispés. Je n'ose pas resserrer mon étreinte pour lui faire comprendre que je ne lui pardonne pas de telles paroles que celles d'hier.

-Sacha..., commençais-je, réticente à son câlin. Tu m'as fais du mal hier, tu le sais ça au moins ? Demandais-je en me mordant l'intérieure de la joue.

Il se recule et me regarde, outré. Il ne droit sûrement pas comprendre où je veux en venir. Ou alors, il comprend trop bien justement. Je ne saurais pas dire lequel des deux mais il est clair que ma question ne lui plaît absolument pas. Il passe de la mine outrée à celle offusqué. Je ne comprends pas vraiment pourquoi il réagit si excessivement.

Depuis que je le revois, je ne le reconnais plus ou en tout cas, de moins en moins. Je ne le reconnais même plus du tout depuis que je suis arrivée en Angleterre il y a moins d'une semaine. Mais qu'a-t-il pu bien se passer pour qu'il change ainsi en l'espace de quelques mois alors que nous nous parlions quand même tous les jours par téléphone et appel vidéo ? J'ai du raté un épisode et pas qu'un seul même. J'en reviens carrément à regretter d'être venue jusqu'à lui.

-Si je n'en suis pas au courant ? S'enquiert-il encore plus offusqué qu'auparavant. Bien sûr que je le suis ! S'écrie-t-il comme si c'était la chose la plus normale et censée du monde. Et je m'en veux. Je m'en veux tellement et j'ai pris conscience à quel point j'avais merdé lorsque je t'ai vu avec... Avec... Avec lui..., réussit-il enfin à dire. Je sais que j'ai merdé, mais comment as-tu pu me faire une chose pareille ? Tu n'es pas censée être ma meilleure amie par hasard ? Alors pourquoi tu traînais avec mon pire ennemi ? Pourquoi ? Répète-t-il en serrant les dents. Tu ne comprends sûrement pas que je vois cela comme la plus haute de toutes les trahisons du monde, pourtant tu es une déesse, alors tu devrais comprendre tout normalement ; même les humains, dit-il sarcastiquement. Oui, putain, Livy j'ai changé. Oui, je ne suis plus le même et tu n'y es pour presque rien là-dedans. Cet endroit, cette ville, ces habitants m'ont changés et je dois t'avouer que moi-même je ne me reconnais plus. Ils m'ont changés et ta seule erreur là-dedans, tu sais c'est laquelle ? De n'être pas venue directement me rejoindre, d'être restée en France un peu plus longtemps. À cause de cela, j'ai changé et je ne suis plus le même. Je ne le serais plus jamais, sache-le, continua-t-il, l'air ailleurs. Livy, ils m'ont détruit, exclu, changé et continuent encore de le faire mais tu n'y voyais rien. Tu n'y as vu que du feu parce que je ne voulais pas que tu le saches. Puis, je te reproche de ne pas être venue dès le début pour ne pas que je sombre mais je te reproche aussi d'être venue, parce qu'ils vont te faire la même chose. Regarde-toi, tu ne l'as même pas encore remarqué, mais ils ont déjà commencés. Ton sourire est moins vrai, moins beau, moins tendre, moins merveilleux, moins éblouissant. Puis ton cœur ne bat plus comme il le faut, je l'entends d'ici. Je sais que je suis aussi responsable de cela, mais je ne suis point le seul. Ils ne t'ont encore rien dis qu'ils t'ont déjà mise à genoux, rajoute-t-il encore. Hier, je t'ai dis toutes ces choses sans vraiment les penser parce que je n'étais ni dans mon assiette ni dans mon état normal. La drogue, voilà ce que je prends pour penser à autre chose qu'à tout cela. Je prends du cannabis plus précisément et je n'en suis pas fi mais je n'arrive pas à faire autrement et hier, lorsque je t'ai dis toutes ces choses, j'étais sous l'emprise du cannabis, avoue-t-il enfin.

Mon cœur rate un battement dans ma poitrine alors qu'il faisait son monologue. Ils l'ont détruit ? Devrais-je seulement le croire ? Les lacrymales qui perlent au coin de ses yeux et qui coulent sur ses joues avant de s'écraser sur le sol me disent de lui faire confiance parce qu'après tout, il a été mon meilleur ami pendant de si longues années, ce n'est pas comme s'il allait m'abandonner du jour au lendemain non plus, si ? Je n'en sais rien.

Je n'en sais fichtrement rien et cela me fait chier énormément. Parce que de un, je ne sais plus quoi penser et de deux, Sacha attend toujours que je lui réponde quelque chose mais je n'en suis tout bonnement incapable. Je n'arrive même pas à avoir une seule pensée cohérente et une phrase bien construite dans ma pensée alors comment je pourrais lui répondre ? Mystère et boule de gomme.

-Sacha..., peinais-je à dire tandis que des perles salées coulaient encore sur ses joues. Je suis tellement désolée... Je... Je t'aimerais toujours, mon meilleur ami. Mais puis-je encore te faire confiance ? Demandais-je en me mordant l'intérieure de la joue gauche.

Je redoutais la réponse. Je l'appréhendais même alors qu'il continuait à pleurer. J'avais vraiment besoin d'une cigarette maintenant, ce n'est pas possible, j'en deviens vraiment accro ! Je tente de résister à la tentation mais ma respiration se fait allaitante, mes mains commencent à trembler et me mordre la lèvre inférieure fiévreusement jusqu'au sang ne sert strictement à rien.

Assez rapidement et maladroitement, je fouille dans mon sac après mon briquet et mon paquet et ensuite je me rends compte –après avoir cherché désespérément pendant plusieurs longues secondes dans mon sac- que mon briquet était en réalité dans la poche avant gauche de mon jeans. J'allume le bout de ma cigarette et range ensuite le paquet dans mon sac et le briquet dans ma poche. Je prends une première bouffée de nicotine qui me fait énormément de bien et libère ma trachée qui s'était resserrée en un étau très mince ; aussi mince que du fil à coudre.

-Oui, Livy, oui tu peux encore me faire confiance, me répond Sacha alors que j'inspirais une seconde latte de ma clope.

***

Musique ; Demi Lovato - Nightingale

Demigod//z.mOù les histoires vivent. Découvrez maintenant