CHAPITRE III

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• Point de vue d'Hailey Jansen

3 Décembre [ 10 : 30 ] - Beacon Hills

Je laisse tout juste le temps à mon père d'arrêter la voiture et ouvre la portière pour braver le froid le plus vite possible. Une fois à l'intérieur de la maison, je grimpe les marches de l'escalier une à une en priant pour quelques heures de tranquillité. Mais mon géniteur en décide autrement.

- Pas si vite, jeune fille.

- Fiche moi la paix.

Alors que je pense lui avoir échappé, je sens une forte et douloureuse pression étreindre mon bras droit, bien loin de la douceur dont Stiles a fait preuve quelques minutes plus tôt avec le même geste.

Il soulève la manche de mon pull pour découvrir mon avant-bras ainsi que le numéro de portable qui y est inscrit au stylo.

- Parfait, souffle mon père dans un sourire mesquin.

J'arrache mon bras de son emprise et m'empresse de frotter ma main contre l'inscription pour la faire disparaître.

- Je n'ai pas l'intention de l'appeler, dis-je.

- Cela ne changera rien. Tu finiras par craquer.

C'est probablement la stricte vérité, même si cela me tue de l'avouer.

Cette sensation de déchirement si familière me tiraille de nouveau le ventre et je sens les larmes me monter aux yeux.

- Pourquoi est-ce que tu me fais ça ? demandé-je.

- Tu le sais très bien, répond-t-il d'un ton froid et distant.

- C'était un accident !

- Et les morts de tes amis passeront, elles aussi, pour des accidents.

Les perles salées que je m'entête à vouloir retenir, finissent par avoir raison de moi et se mettent à rouler le long de mes joues.

- M'obliger à les tuer, ne vengera pas la mort de Maman.

- Je veux que tu payes pour ce que tu as fait. Et quoi de mieux que de te faire subir ce avec quoi je vis tous les jours.

- Je saurai contrôler ma nature.

Il émet un petit rire moqueur et vient caler sa main contre ma joue dans un geste qui parait presque affectueux.

- Le manque de contrôle EST ta nature, réplique-t-il.

Il me laisse alors seule au milieu des escaliers et rejoint la cuisine.

N'y tenant pas une seconde de plus, je monte dans la salle de bain du premier étage et enlève le plus rapidement possible, les restes d'encre noire sur mon bras qui laissent encore entrevoir le numéro de Stiles. Je laisse vagabonder mes larmes sur mon visage en suppliant pour que les chiffres disparaissent avant que je ne craque et n'appelle celui qui n'a jamais cessé d'être mon meilleur ami.

Le bras rougi, irrité mais enfin vierge de tout écriture, je me laisse aller et éclate en sanglot en glissant contre la porte.

Mon père a sans doute raison : je mérite ce qu'il compte me fait vivre mais je ne l'accepterai jamais.

Si je ne peux pas rester loin de Scott et Stiles, je vais devoir les obliger à rester loin de moi.

❆❆❆

• Point de vue d'Hailey Jansen

4 Décembre [ 07 : 50 ] - Beacon Hills

Je marche en direction du lycée avec la même boule au ventre que la veille.

Je constate la façon dont tous les élèves sont habillés chaudement pour faire face à l'hiver qui approche. J'aimerai pouvoir craindre le froid comme eux, connaître juste la peur de tomber malade et de rater la prochaine soirée branchée ou d'avoir les lèvres gercées et de ne pas pouvoir embrasser convenablement son petit copain. Et pourtant mon angoisse est tout autre. Je crains le froid pour ce qu'il signifie dans les légendes nordiques, pour le mal qu'il éveille en moi et me force à causer aux autres.

Je brave le temps glacial, me précipite dans le couloir principal et me fond dans la foule parmi les autres. Le fait d'être entourée d'autant de monde ne soulage en rien mes maux mais la chaleur de la pièce m'aide à me tenir.

Mon soulagement est de courte durée car la voix de Scott retentit quelques mètres derrière moi.

- Hailey !

Je fais mine de ne pas l'entendre et poursuis mon chemin mais il me rattrape.

- Pourquoi est-ce que tu nous fuis ?

Il est seul mais je sais très bien que ce « nous » comprend Stiles.

Mon regard s'attarde quelques secondes sur Scott, avant de répondre. Il a bien changé : il n'a plus cette tignasse de cheveux bruns que je me plaisais à ébouriffer rien que pour l'entendre râler, il n'est plus ce garçon frêle et sans force qui faisait la grimace à la simple vue d'un terrain de course. Il est devenu grand, fort et semble avoir gagné en maturité. Pourtant, il reste le même à mes yeux.

L'espace d'un instant j'ai juste envie d'apprécier sa proximité et de me caler dans les bras de celui que j'ai toujours considéré comme mon frère.

Mais savoir le mal que je serai capable de lui faire me pousse, au contraire, à reculer.

- Je crois que tu n'as pas bien compris ce que j'essayais de vous dire hier à Stiles et toi, commencé-je. Je n'ai pas vraiment envie qu'on se retrouve.

- Comment ça ? Qu'est-ce que ça signifie ?

- Que cela fait des années qu'on est séparés tous les trois et que si vous imaginez que tout peut redevenir comme avant, vous êtes de parfaits idiots. Je suis partie, j'ai eu une nouvelle vie, de nouveaux amis et cela m'allait très bien. Votre absence ne s'est pas faite ressentir plus que ça. Il faut que vous vous rendiez à l'évidence : le trio d'or n'existe plus depuis longtemps.

Chaque mot que je prononce me donne l'effet d'un coup de couteau, mais si cela peut les éloigner de moi, alors je supporterai cette douleur encore et encore.

Une partie de moi rêve pourtant de retrouver ces deux personnes qui ont été si importantes dans ma vie.

Voyant qu'il ne répond pas, je me retourne pour reprendre mon chemin mais il m'interpelle.

- Ecoutes. Tu étais une fille très intelligente, je suis convaincu que cela n'as pas changé. Et tu dois avoir toutes les raisons du monde de me mentir. C'est pourquoi je vais te laisser tranquille et attendre simplement que tu reviennes vers moi, que tu me fasses de nouveau confiance.

Je reste bouche bée. Savoir qu'il peut lire en moi comme dans un livre ouvert, aussi facilement que lorsque nous étions enfants, me réchauffe mon coeur de glace. Je le remercie silencieusement pour réagir de cette façon.

- Mais ce ne sera pas le cas de Stiles, poursuit-il. Il va vouloir comprendre, tenter de renouer contact de façon maladroite, sans doute, mais il essaiera de toute son âme.

- Alors empêche le.

- Je ne pourrai pas. Ton départ l'a brisé. Tu as brisé un gamin de neuf ans. Et il a essayé de vivre avec ça tous les jours. Maintenant que tu es là, il ne te laissera pas repartir.

Je me contente d'hocher la tête avant de quitter Scott, à contre coeur.

Les larmes menacent à nouveau de couler quand je comprend qu'éloigner Stiles de moi, sera quasiment impossible. Mais si il lui arrivait malheur par ma faute, c'est ma vie à moi qui serait impossible.

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Coucou à tous. Un petit message pour vous remercier de m'avoir donné l'envie de continuer ce début de fiction, de part vos vues, vos votes, vos ajouts ou vos commentaires. Il n'y a pas de meilleur encouragement.

En espérant que ce chapitre vous aura plus, je vous dis à la semaine prochaine pour la suite. Bisous

Flesh & Blood || Stiles StilinskiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant