CHAPITRE VII

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• Point de vue de « Stiles » Stilinski

15 Décembre [ 23 : 00 ] - Beacon Hills

La soirée est déjà bien entamée mais je ne parviens pas à fermer l'oeil, comme c'est déjà le cas depuis deux semaines. Assis dans le fauteuil proche de la cheminée, je profite de la chaleur et essaye, en vain, de terminer ce fichu livre pour mon cours de littérature. Dans le canapé et penché au dessus de la table basse, mon père triture ses dossiers mais je peux clairement sentir son regard peser sur moi à un rythme régulier de dix secondes toutes les deux minutes.

- Tu devrais aller te coucher, fiston.

- Ça va. Je n'ai pas sommeil.

C'est faux, je suis mort de fatigue. Et même si je tente d'être convaincant, mes cernes et mes bâillements à répétition me trahissent. J'ai probablement bien plus l'air d'un zombie que lorsque le Nogitsune avait possession de mon corps.

Mon père s'apprête à répondre quand on frappe quelques coups à la porte. Nous nous échangeons un regard, interloqués.

- Tu attends quelqu'un ? demandé-je.

- Certainement pas à cette heure.

Il se lève et part ouvrir. Épuisé, je ne prête pas spécialement attention à ce qu'il se passe ensuite, jusqu'à ce que j'entende mon père s'exclamer :

- Mon dieu, Hailey ! Tu vas attraper la crève !

Malgré mon épuisement, un élan soudain d'énergie traverse mon corps et je trouve le moyen de me mettre debout pour rejoindre l'entrée avec empressement. Sur le perron, Hailey se tient debout, trempée jusqu'aux os par le temps orageux.

- Je sais que je ne devrais pas être là, fait-elle. Mais je n'ai nulle part où aller ...

A l'écoute de sa voix brisée, je comprend que ses joues mouillées ne sont pas l'oeuvre de la pluie mais bien des larmes.

- Rentre vite, lance mon père.

Elle passe la porte et je l'emmène au plus près du feu. Je l'entends lâcher un soupir de soulagement. La seconde suivante, je l'entoure de la couverture qui traîne sur le canapé et mes doigts effleurent sa main. Sa peau est glacée, comme je l'avais déjà remarqué il y a quinze jours en lui écrivant mon numéro sur le bras, et je me demande comment elle fait pour ne pas trembler de tout son corps.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? l'interroge mon père. Pourquoi étais-tu dehors par ce temps ?

Il lui frotte gentiment le dos, dans un geste paternel pur. Il a toujours adoré Hailey et considérée comme un membre de la famille.

- Une petite dispute familiale, rien de grave, répond-t-elle en se forçant à sourire.

- Tes parents savent que tu es là ? continu-t-il.

Je suis incapable de parler, hypnotisé par les traits parfaits de son visage, illuminés par la lumière des flammes.

- Non mais ne vous inquiétez pas, ce genre de querelles arrive souvent en ce moment. Mon père sait que je vais revenir.

- Et ta mère ?

Je la sens se raidir à ces mots et elle essuie ses pommettes d'un revers de manche.

- Elle est en voyage d'affaires.

Je sens qu'elle ment mais nous n'ajoutons rien. Hailey s'enroule un peu plus dans la couverture.

- Et Claudia ? demande-t-elle soudainement. Elle est encore en service à l'hôpital à cette heure ?

Mon regard se lève vers celui, meurtri de mon père. Il tousse nerveusement.

- Claudia nous a quittés il y a huit ans. Quelques mois après ton départ de Beacon Hills. Une maladie cérébrale incurable, répond-t-il.

La jeune fille entrouvre les lèvres sans qu'aucun son ne daigne en sortir et de nouvelles perles salées viennent flouter ses si jolis yeux verts.

- Je suis tellement désolée ... J'aurai du être là pour vous. Je n'aurai jamais du partir alors qu'elle ... Alors que vous alliez si mal. J'aurai du être là, lâche-t-elle les dents serrées et les ongles au creux des paumes.

- Tu n'y es pour rien ma belle, répond mon père en la prenant par les épaules. Tu n'aurais rien pu faire, que nous n'avions déjà essayé.

Elle pleure silencieusement la perte, pourtant si lointaine, de ma mère qu'elle avait toujours sentimentalement considérée comme sa tante. Je meurs d'envie d'effacer ses larmes d'une quelconque façon mais le souvenir de ses mots me poussent à rester en retrait.

- Tu peux rester là aussi longtemps que tu le souhaites, dit mon père. Stiles, tu la conduis à l'étage ? Je crois qu'elle a besoin de dormir.

Je sais que sa demande ne part pas d'une mauvaise intention et qu'il souhaite vraiment nous voir nous réconcilier elle et moi. Hailey me lance un regard à la fois anxieux et coupable. J'acquiesce et fait signe à cette dernière de me suivre jusqu'en haut des escaliers.

Nous marchons jusqu'à ma chambre en silence et une fois à l'intérieur de la pièce, je m'empresse de lui trouver quelque chose à se mettre.

- Je sais bien que ce sera dix fois trop grand mais il faut absolument que tu te débarrasses de ces vêtements mouillés, dis-je en lui tendant un de mes T-Shirts.

Elle sourit légèrement en voyant le logo « Star Wars » inscrit sur le fond noir du tissu et me remercie doucement avant de rentrer dans la salle de bain adjacente, que je lui désigne.

Elle en ressort quelques minutes plus tard, les cheveux presque totalement secs et le vêtement sur elle lui arrivant à mi-cuisses. Je sens une vague de chaleur me parcourir le torse et je détourne brièvement le regard.

- Tu ... Tu vas dormir ici, je vais prendre le canapé, déclaré-je.

- Non, Stiles. Je refuse d'abuser. Je ne devrais même pas être ici.

- Ce n'est pas négociable, pourtant, répondis-je.

Elle répond à mon sourire et alors que je m'apprête à quitter la pièce, elle m'interpelle.

- Attends, lance-t-elle en tirant nerveusement sur le T-Shirt. Je voudrais m'excuser. Ce que je t'ai dit la semaine dernière ... Je ne le pensais pas. Mes mots ont dépassés ce que j'avais en tête et de loin. Je n'ai jamais voulu te faire de mal, crois moi ...

A cet instant je ne rêve que de la prendre dans mes bras mais quand je m'approche un peu, elle se raidit de nouveau et recule.

- Je suis content que tu sois là, dis-je simplement en guise de pardon.

Elle me sourit, soulagée mais je reste déçu de la voir continuer à être si distante. Malgré tout, je lui souhaite de se reposer pendant que je sors dans le couloir.

❆❆❆

C'est une heure plus tard, après avoir discuté avec mon père de la présence inattendue de mon ancienne meilleure amie, que je décide d'aller me coucher. Avant je décide de monter voir si Hailey s'est bien endormie.

J'abaisse doucement la poignée de ma chambre. Elle a beau être allongée sur le côté, je peu clairement l'entendre pleurer contre mon oreiller. Elle a la couverture jusqu'aux hanches et sa main droite s'accroche furieusement à mon T-Shirt au niveau de son ventre. Comme si elle cherchait à en faire disparaître des maux invisibles.

Je ne sais pas de quoi elle souffre tant, mais je ne le supporte pas. Aussi, je referme la porte derrière moi et m'approche du lit avant de m'y glisser, à ses côtés.

- Non ... souffle-t-elle à travers ses sanglots. Stiles, je t'en pris ...

Je lui murmure un « chuuut » rassurant avant de caler mon torse contre son dos et de prendre enfin son corps fin et glacé dans mes bras. Ma main vient se caler contre la sienne et j'entrelace nos doigts au niveau de son ventre, priant pour que la chaleur de ma présence et mes sentiments pour elle qu'elle réfute depuis nos retrouvailles, soient suffisant pour apaiser son mal.

Flesh & Blood || Stiles StilinskiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant