CHAPITRE XXVI

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• Point de vue d'Hailey Jansen

16 Janvier [ 08 : 30 ] - Beacon Hills

Trouver la maison de Malia n'a pas été compliqué. J'ai suivi les instructions de Scott à la lettre et après quinze petites minutes de marche, je suis arrivée devant la propriété des Tate, à seulement quelques mètres de la forêt.

Je ne cesse de regarder mon portable, espérant vainement que la sonnerie retentisse et que le visage de Stiles s'affiche sur l'écran. Mais je n'ai reçu que de petits textos encourageants de Lydia, Kira et Isaac, qui me réclament de les retrouver à la maison des McCall pour qu'on discute de ce qu'il s'est passé.

J'ignore depuis combien de temps je suis figée devant la grande façade blanche de la maison, à fixer sans relâche la porte d'entrée comme si celle-ci risquait de m'avaler. Pourtant je vais bien devoir surpasser mon angoisse et frapper. Je ne peux pas partir sans avoir parlé avec Malia.

Quelques secondes de réflexion plus tard, je trouve enfin le courage nécessaire pour grimper les marches du perron et donne deux petits coups secs contre le bois de la porte.

Comme je l'espérais, c'est la jeune coyote qui vient m'ouvrir, visiblement surprise de ma présence.

- Hailey, qu'est-ce que tu fais là ?

- J'aimerais qu'on ... Enfin, qu'on discute de ce qu'il s'est passé hier.

Elle hoche fébrilement la tête et m'invite à entrer. L'intérieur est sobre et élégant.

- Ton père n'est pas là ?

- Il est parti chasser avec des amis.

Je pus apercevoir une lueur de désespoir dans son regard. Difficile pour elle d'accepter que son père soit le genre d'homme capable de tuer des animaux tels que la seconde nature de sa propre fille.

Malia ferme la porte derrière nous et me fait signe de m'asseoir sur le canapé. Je m'exécute en triturant mes mains, incapable de cacher ma nervosité.

- J'ai appris pour le Shérif Stilinski, dit-elle en prenant place en face de moi. Je suis sincèrement désolée.

- Tu n'y es pour rien ... réussis-je à articuler en sentant les larmes me montaient de nouveau aux yeux.

- Bien sûr que si. Si je n'avais pas écouté ton père, jamais tu ne te serais retrouvée dans cette situation. Je n'avais aucune idée que son plan comprenait monsieur Stilinski ... Et je sais que cela n'excuse en rien mes actes.

- Ce que tu as fait était justifié. Tu as voulu venger la mort de ta mère et de ta soeur. J'aurais sûrement fait la même chose.

- Je ne te demande pas de me pardonner, je sais que je ne le mérite pas.

Je me penche légèrement et prend ses mains dans les miennes comme si nous étions des amies de longue date.

- Tu as sauvé le garçon dont je suis amoureuse, d'une mort certaine ... Rien que pour ça tu mérites tout mon pardon.

Mes paroles doivent l'atteindre bien plus que je ne l'aurais imaginé, puisque de petites larmes roulent sur son visage.

- J'aurais aimé faire tellement plus ... souffle-t-elle en essuyant ses joues mouillées d'un revers de manche.

- Quand bien même tu aurais réussi, cela n'aurait pas arrêté mon père. Il aurait continué jusqu'à obtenir ce qu'il veut.

- Ce qu'il voulait c'était la mort de Stiles et de Scott. Il ne s'arrêtera peut être pas avant cela.

- Stiles me hait et bien que Scott n'en ai pas conscience, sa loyauté envers son meilleur ami passera toujours avant moi. J'ai perdu un père de substitution, celui que j'aime et mon meilleur ami en une seule soirée ... Mon père a tout gagné.

Je détache mes mains des siennes et me renfonce un peu plus dans le cuir noir du canapé.

- Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ? me demande-t-elle.

- Ce que Stiles souhaite. Je vais disparaître de sa vie.

- Tu vas quitter la ville ?

Je peine à acquiescer tant l'idée m'effraie autant qu'elle me paraît inévitable.

- Il doit bien y avoir une autre solution, dit-elle.

- J'aimerais que ce soit le cas.

- Si il y a quoi que se soit que je puisses faire pour toi, pour réparer un minimum ce que j'ai fait ...

Je réfléchis quelques instants, ne sachant pas réellement quoi lui demander pour arranger la situation.

- Je souhaiterais que tu veilles sur eux, avoué-je.

- Moi ?

- Tu es une créature surnaturelle, tout comme nous. Tu réussiras à t'intégrer et à devenir leur amie.

- C'est impossible. Je ne serais jamais rien d'autre que la fille qui a réduit ta vie à néant.

- Tu es surtout celle qui a sauvé Stiles. Et il le sait. Tu seras sans doute la seule personne à qui il acceptera de parler durant son deuil.

- Je ... Je ne sais pas si j'en serais capable.

- S'il te plait.

Malia se mord la lèvre inférieure avant de finir par acquiescer.

- Merci, soufflé-je.

Je me lève et m'apprête à quitter la maison lorsque je sens la main de la jeune fille se poser sur mon épaule.

- Tu reviendras un jour ?

Elle s'inquiète sincèrement pour moi et ses yeux paraissent si suppliant que je me refuse à lui dire la vérité, qui s'avère déjà bien difficile à accepter pour moi.

- Bien sûr, dis-je dans un mensonge.

Lorsque je quitte la maison des Tate, je craque et laisse vagabonder mes larmes contre mon visage. Je sors mon portable qui n'affiche toujours aucun appel ou message de Stiles. C'est donc à contre coeur que je finis par l'éteindre.

Deaton a raison. Je ne peux pas contrôler le Wendigo. J'ai cru pouvoir lutter contre les lois de la nature, être différente mais le fait est que je ne suis qu'une cannibale, incapable de contrer le froid ou la présence humaine.

Et cela fait déjà neuf ans que les choses se déroulent ainsi. Un temps extrêmement long pour un wendigo, comme l'avait si bien fait remarqué Deaton lors de l'une de nos séances d'entrainements.

« Il est extrêmement rare que des wendigos survivent un si grand nombre d'années. La plupart d'entre eux finissent par se suicider tant il ne supporte plus de faire du mal aux autres. Le poids de la culpabilité est parfois beaucoup trop lourd à porter. »

Et dans mon cas, il est devenu insoutenable ...

Flesh & Blood || Stiles StilinskiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant