CHAPITRE VIII

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• Point de vue d'Hailey Jansen

16 Décembre [ 05 : 45 ] - Beacon Hills

Lorsque je me réveille, le Soleil n'est toujours pas levé et Stiles dort encore profondément. A en juger par la chaleur qui se propage dans mon dos et son souffle régulier qui caresse ma nuque, je comprend que nous n'avons pas bougé de la nuit, ce qui me rassure grandement dans un sens. Je ne lui ai fait aucun mal. Pourtant ce n'est pas l'envie qui m'en manquait.

Hier soir, les douleurs étaient si intenses que j'en suis venue à éclater en sanglots. Il est plutôt rare que ma nature me fasse atteindre un tel degré de souffrance et il a fallu que cela arrive sous les yeux de Stiles. J'ai dû me faire violence pour ne pas me jeter sur lui et lui arracher les entrailles, alors qu'il se glissait dans les draps. Je l'ai supplié de ne pas le faire, de ne pas m'approcher et même si il pensait bien faire, cela n'a fait qu'attiser mes poussées meurtrières à son égard. Fort heureusement, la chaleur de la pièce et celle de son corps contre le mien a suffit à apaiser, juste ce qu'il fallait, les maux qui me tiraillaient l'estomac.

Être dans ses bras est la plus intense et la plus agréable des douleurs mais c'est aussi la plus insupportable et ce matin, je ne pense pas être capable de me tenir plus longtemps. C'est pourquoi je me lève avec la plus grande délicatesse pour ne pas le réveiller. Je récupère le peu d'affaires que j'avais sur moi hier et descends doucement les escaliers pour me diriger vers la porte d'entrée.

- Hailey ?

Je n'ai aucun mal à reconnaitre la voix de monsieur Stilinski derrière moi. Je me mords l'intérieur de la joue avant de me retourner, honteuse de partir comme une voleuse après tout ce que lui et Stiles ont fait pour moi.

- Je suis désolée de vous avoir réveillé, mumuré-je.

- Penses-tu. Je suis debout depuis plus d'une heure.

Je me contente d'hocher la tête. Il faut absolument que je sorte, sinon le Shérif subira tout ce que je me tue à éviter à chacun des habitants de cette ville depuis plus de deux semaines : ma folie, ma nature, mon manque de contrôle. Je refuse de voir quelqu'un vivre les atrocités que j'ai faites subir à ma mère, il y a un an.

- Je vous remercie, dis-je finalement. Pour m'avoir laissée dormir ici cette nuit, mais ... Mon père va sûrement s'inquiéter alors ... Je ferais mieux de rentrer.

Il me répond par un sourire avant d'acquiescer en fixant le T-Shirt que je porte. Je me rend alors compte, que j'ai toujours le vêtement de Stiles sur moi.

- Je ... Je lui ramènerai en cours, tout à l'heure, promis-je.

Voyant qu'il ne répond pas, je me dirige de nouveau vers la porte quand il m'interpelle une dernière fois.

- Hailey ... S'il te plait, ne lui brise pas le coeur une nouvelle fois.

Sa requête me brise le mien. Il n'imagine pas à quel point j'aimerais en être capable, ne jamais lui faire de mal. Et même si je sais que c'est impossible, je choisis de le rassurer de la pire des façons : en lui mentant.

- Je vous le promets.

❆❆❆

Lorsque j'arrive chez moi, j'espère que mon père n'est pas là. Je rentre à l'intérieur et me dirige précipitamment vers la chambre froide de la maison, dissimulée au fond de la cave. La température extrêmement basse de la pièce et ma famine suffisent à faire sortir mes crocs et à faire briller mes yeux. Pourtant, tout redevient rapidement à la normale et la panique m'envahit lorsque je constate que la chambre est complètement vide.

- Enfin rentrée ma fille.

Je me retourne pour découvrir mon géniteur dans l'encadrement de la porte.

- Où sont-elle ? demandé-je les dents serrées pour éviter de hurler.

- De quoi tu parles ? fait-il innocemment.

- Mes réserves ! Où sont-elle ?

- Parmi les cendres de la cheminée. Détruises par les flammes du feu d'hier soir que tu n'as même pas pris le temps d'apprécier.

- C'étaient mes dernières ! Comment as-tu pu ??

- De la même manière que tu as tué ta mère : sans aucun scrupule.

- Tu ne peux pas dire ça ! Je m'en veux à un point que tu ne peux même pas imaginer ! Tu crois que j'ai oublié ? Non, je vis avec chaque seconde, de chaque minute, de chaque putain de journée !

Il émet un léger rire qui me glace le sang, encore plus qu'il ne l'est déjà.

- Le fait est ma belle, que les choses n'avancent pas à la vitesse que j'espérais. Je pensais que Stiles et Scott seraient morts la semaine qui suivrait notre arrivée, pourtant, tu as miraculeusement su t'en sortir et à ne leur faire aucun mal ...

Il se rapproche dangereusement de moi.

- Mais n'importe qui de bien informé sur ta nature, sait que tu ne tiens pas plus de trois jours sans te nourrir. Tu sais ce que ça signifie ?

Je frissonne rien qu'en pensant à la fin de sa phrase.

- Que si tu n'as rien avalé d'ici vingt-quatre heures, tu souffriras tellement que tu ne seras plus capable de le supporter et tu massacreras tout ceux qui se trouveront sur ton passage ... Et je ferai en sorte que Stiles soit le premier.

❆❆❆

Je passe les portes du lycée quelques heures après avoir « discuté » avec James et force est de constater qu'il a raison. Si je n'ai rien mangé dans le courant de la journée, je vais devenir une machine à tuer, bien plus incontrôlable qu'en temps normal.

Je traverse les couloirs en répétant inlassablement la même prière : « Pitié, faîtes que je ne croise pas Stiles, pitié, faîtes que je ne croise pas Stiles ». Mais c'est sans compter le premier cours que nous avons en commun. Je sens son regard se poser sur moi à la seconde même où je rentre dans la salle, ainsi que celui de Scott, de Lydia et même celui de la jolie japonaise de leur bande, dont j'ai oublié le nom.

- Tu es partie sans prévenir, ce matin, me souffle Stiles quand je m'assoie.

Je vais cesser mes prières silencieuses car le destin n'a visiblement pas décidé de les écouter. Encore pire, il a choisi de se jouer de moi, voilà pourquoi la seule place de disponible dans la classe est celle juste devant Stiles et à côté de Scott.

- Désolée, j'avais ... Il fallait que je rentres chez moi.

Mon ton est de nouveau distant. Bon sang, cette proximité me rend dingue ! Et pas que la sienne. Toutes les personnes présentes dans cette pièce et dans ce lycée pourraient devenir mes prochaines victimes. Constatant mon désintérêt que j'essaye de rendre évident, Stiles ne rajoute rien et ne me ré-adresse pas la parole le reste du cours.

Je tente de faire abstraction des crampes de plus en plus violentes qui me broient le ventre, me concentrant sur ma respiration. J'entend à peine ce que notre professeur de sciences nous dit.

Pourtant, parmi les chuchotements et les messes-basses de certains je distingue un mot, un seul : le nom de la personne que je recherche, celle capable de m'aider, la raison de ma présence ici ... Et ce nom est prononcé par la voix de Scott à Stiles.

« Deaton ».

Flesh & Blood || Stiles StilinskiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant