Chapitre 25: Le sujet est clos !
Après un long moment de silence Louis XIV repris la parole.
- Arthur de Montagny s'est rendu.
Comment ? Il s'est rendu ? Mais pourquoi diable a-t-il fait une chose pareille ? Personne n'avait des preuves contre lui...
-Et le marquis d'Effiat a-t-il été arrêté ?
- Non point mademoiselle.
- Votre Majesté je sais que le complot a été monté de toutes pièces par le marquis d'Effiat et le chevalier de Lorraine. C'est lui qui a envoyé le poison de Rome. Monsieur de Montagny n'était qu'un pion.
- Il n'a pourtant pas voulu donner les noms de ses complices affirmant qu'il a agi seul. Il s'obstine à mentir d'après ce que me dit la Reynie . Je ne suis point sans savoir que ma belle-sœur n'était pas la personne la plus appréciée en ce pays-ci. Mieux vaut s'en tenir à la version officielle. Madame a succombé à un excès de bille .
Evidemment d'Effiat de par son rang était bien plus difficilement attaquable et sans preuves rien n'était possible.
- Vous avez ma discrétion et... si je puis me permettre...
- Parlez sans crainte mademoiselle.
- Je sais autre chose concernant Madame... Elle complotait avec...
- Son frère, le Roi d'Angleterre pour lui livrer mes plans de guerre en Hollande dont il voulait récupérer les territoires. Mes espions m'en ont informé également. Pourquoi ne nous avez-vous rien dit à ce sujet ?
- Je voulais d'abord avoir des preuves votre Majesté. J'avais peur que l'on ne me prenne point au sérieux... Comme la première fois que je suis allée parler à monsieur de Sourches au sujet de d'Effiat.
- Monsieur de Sourches se devrait de considérer toutes les suspicions. Je suis conscient, mademoiselle, de votre fidélité à la couronne et je vous acquitte de tous vos crimes. Disons plutôt vos erreurs. Vous avez été fidèle à votre poste de demoiselle d'honneur. Votre refus d'espionner Madame montre votre franchise et votre sens de l'honneur. Je ne l'oublie pas. Si vous aviez trahi Madame, vous auriez pu me trahir aussi.
- Jamais je ne trahirai Sire. C'est pourquoi je suis ici. Si monsieur de Montagny est coupable alors je le suis également. Et le marquis d'Effiat l'est plus d'une fois.
Le roi se leva pour signifier la fin de l'audience.
- Celui que vous défendez a commis un meurtre et paiera les conséquences de ces actes. Ce n'est que justice.
Mais je ne voulais pas sortir. Pas avant d'avoir tout dit.
-Justice ? La justice n'eut-elle point puni tous les coupables ? Or vous ne punissez que le plus faible. La victime. Celui qu'il ne vous coute pointr d'éliminer uniquement à titre d'exemple ! Cette disparition de Madame servait pourtant fort vos intérêts.
- Mademoiselle ce sujet est clos.
- En mourant elle cessait de comploter avec son frère contre la France. Cela vous évite de déclarer la guerre à l'Angleterre, ce qui aurait été bien fâcheux pour les finances du royaume et cela vous débarrasse d'une femme qui avait contre vous une haine tenace.
- Assez mademoiselle de Villandry ! Vous oubliez à qui vous vous adressez !
Le roi se rassit avec toute la Majesté qui le caractérisait. Je sus que je ne pourrais jamais plus rien obtenir de lui. Je venais de perdre tout ce qu'il lui restait d'estime pour moi et il venait également de perdre cette fidélité aveugle que je m'étais jurée à la couronne de France.
Je fis une profonde révérence.
- J'aurais grand plaisir à vous voir aux festivités de la semaine prochaine.
Je fis une nouvelle révérence.
- Si tel est votre bon plaisir. Et je sortis à reculons.
Je venais de contredire le plus grand roi du monde. De me dresser contre lui. Un frisson me parcourut. Je venais de me faire un ennemi bien plus redoutable que le marquis... Mais je défierai le Diable en personne s'il venait à menacer la vie d'une personne que j'aimais !
Je sauverai Arthur. Je ne sais pas encore comment mais je le ferai.
J'avais d'ailleurs déjà une petite idée en tête. Je m'empressai d'écrire un petit billet à l'intention d'Adrien.
« Cher frère,
J'ai besoin de ton aide. Soit à Versailles le plus vite possible. Dis à nos parents que le roi y donne une fête somptueuse et que tu y es convié. Prends un cheval et viens me rejoindre. Reste dans une auberge à Paris. Celle du « Petit sanglier » près des halles. Fais-toi appeler Jean Pichard. Ne réponds pas à cette lettre, il se peut que le courrier soit contrôlé. Je serai à l'auberge le 5 juillet au matin.
Ta sœur qui t'aime,
Zéphyrine »
J'endossai un vêtement masculin, celui qu'Elsa avait mis pour venir me délivrer; sans doute appartenait-il à Pierre, et je courus poster cette lettre à un relais de poste à quelques lieues de Versailles où j'étais certaine qu'il ne serait point lu. La St-Brieuc était partie chez ses parents après la mort de sa maîtresse et c'était plutôt une bonne chose car cette semaine j'allais avoir besoin de ma chambre... Après avoir posté la lettre au relais de poste je me dirigeai vers Paris. Direction la Bastille.
Une fois devant la forteresse, je m'avançai vers le garde qui surveillait l'entrée.
- Qui va là ?
- Messager du roi ! répondis-je de la voix la plus masculine que je pus en montrant la lettre portant le cachet du roi que j'avais emportée avant de quitter ma chambre. C'était celle par laquelle il m'avait convoquée en son cabinet avant mon départ pour l'Angleterre. Je savais que les gardes étaient souvent de gros soulards qui ne savaient ni lire ni écrire... Je ne m'étais pas trompée. L'homme ne reconnut que le cachet royal. C'était une chance !
- Sa Majesté demande à savoir quand a été fixée la date de l'exécution d'un certain monsieur de Montagy.
Cette question était certes étrange de la part d'un messager mais qui s'en souciait ? Ordre du roi !
-Pour le 6 juillet à l'aube.
Je saluai et partis à nouveau. Evidemment ! Les festivités auraient lieu le 6 juillet ! Pas question de perturber le programme royal même si une princesse était morte ! Le soleil continuait sa course. Et je comprenais maintenant pourquoi il avait tant tenu à ce que je participe à ces festivités... C'était pour s'assurer que je n'étais pas en train de faire autre chose. Comme par exemple libérer un criminel de la Bastille.
Si tout allait bien et qu'Adrien était là à temps Arthur serait libre d'ici la fin de la semaine !
NDA: Allez lire le roman de @voiledenuit qui promet d'etre tres bon!
Avant dernier chapitre merci de tous vos commetaires qui rechauffent le Coeur :)
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L'échiquier de Versailles
Historical Fiction30 juin 1670, la cour de France retient son souffle. Il est deux heures du matin. A seulement vingt-sept ans, Henriette d'Angleterre, belle-sœur de Louis XIV vient de rendre son dernier soupir. Dans la foule qui se presse aux funérailles, on entend...