Chapitre 26: Tout est prêt!

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Chapitre 26: Tout est prêt!

Château de Versailles, 6 juillet 1670 :

- Tout est prêt ! s'écria Elsa.

Nous étions au comble d'excitation comme des enfants qui attendent d'ouvrir un cadeau. Ce soir nous jouions le tout pour le tout !

Nous étions tous réunis dans ma chambre exigüe, moi, Marie-Elsa, Aliénor en qui j'avais à présent confiance et Adrien qui était arrivé hier et que nous avions introduit dans le palais avec la plus grande discrétion.

- Adrien est prêt ! lança Aliénor.

- La ressemblance est frappante ! dit Elsa impressionnée.

En effet, elle l'était. Devant moi, je voyais mon frère jumeau vêtu d'une de mes robes de satin violet brodée d'argent. Nous avions défait l'ourlet il était plus grand que moi. Oh ! Si peu. Il suffit de lui mettre des souliers sans talons pour que cette différence de taille devienne imperceptible. Il était maquillé avec du blanc de céruse et du rouge sur les lèvres et les joues. Aliénor l'avait même parfumé à la violette ! Ses cheveux, du même châtain acajou clair que les miens avaient été bouclés au fer, savamment coiffés et ornés de rubans. Un collier de perles et des pendants d'oreilles assortis complétaient le tableau. Nous avions un peu rembourré le corsage et l'illusion était parfaite. Ce soir mon frère assistera au bal en compagnie d'Aliénor et tout le monde pourra en attester. Zéphyrine de Villandry était bel et bien présente !

Elsa avait pris congé du roi et de Monsieur et tout le monde la croyait déjà loin de Versailles. Ce soir nous allions réussir là où tant et tant de personnes avaient échoué. Nous allions faire évader un détenu à la Bastille.

- As-tu fini Elsa ? demandai-je.

- Oui ! Le roi n'y verra que du feu! Nous venions de falsifier une lettre de cachet instituant que j'étais la sœur du détenu et que j'avais obtenu du roi l'autorisation de le voir une dernière fois avant qu'il ne monte à l'échafaud. Pour ce qui est du cachet de sire le plus dur restait à faire. Entrer dans le cabinet du roi et lui subtiliser son cachet.

- Parfait ! répondis-je. Bonne chance petit frère. Je compte sur toi.

Il me lança un sourire pour me rassurer et sortit de la pièce suivi d'Aliénor.

- A nous ! dit Elsa.

J'avais revêtu un costume féminin tandis qu'Elsa était vêtue en gentilhomme de qualité et avait mon épée accrochée à la ceinture. Elle avait emprunté les vêtements d'Adrien ce qui avait occasionné de nombreux problèmes car elle refusait de porter les mêmes vêtements que lui... Et lui n'était, de son côté, pas plus coopératif puisqu'il ne voulait pas les lui prêter. Je pensais que le temps et l'éloignement allaient les aider a oublier leur vieille dispute mais je m'étais trompée. Cela n'avait fait qu'empirer, mais je les aimais bien ainsi... Ces disputes me replongeaient en enfance. Cette enfance qui me semblait à présent si loin. Toute cette histoire s'est réglée par une paire de soufflets que je m'étais donnée le droit de leur distribuer !

Elsa emprunta un couloir de service. Il était convenu qu'elle m'attendrait dans la voiture qui était stationnée non loin du château mais tout de même assez loin pour que personne ne se douta de quoi que ce soit.

Mon cœur battait la chamade alors que je m'approchai du cabinet du Roi. Je savais, de science sûre qu'à cette heure il se préparait pour les festivités. Il n'y a donc aucune raison que quelqu'un se trouva dans le cabinet. Personne... Tout le monde était au bal. La porte était fermée ! Fichtre ! Je sortis ce petit instrument en métal que je m'étais procurée à Paris et que j'avais essayé sur la serrure de ma propre chambre. Il fallait faire vite ! Un, deux, trois tours, la carrure cédait. J'étais seule dans le cabinet. Je repérai sans effort le cachet ainsi que la cire rouge. J'allumai la chandelle que j'avais dissimulée sous mes jupes et fit fondre la cire sur la lettre falsifiée. J'appliquai le cachet. Puis, je rangeai tout et sortit sans plus de bruit de la pièce. Toujours personne. Quelle chance j'avais eue ! Mais le plus dur restait à faire.

L'échiquier de VersaillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant