Chapitre 7

17 4 1
                                    

Eléna

J'ouvre mes paupières en poussant un grognement. Mon téléphone vibre sur la table de chevet. Je jette un coup d'œil sur Martin pour voir si le bruit l'a réveillé. Mon mari dort paisiblement. Je soupire et attrape mon portable. Un message. Je glisse mon doigt sur l'écran tactile et ouvre la conversation. C'est un inconnu.

Eléna, comment allez-vous ? Nous ne nous connaissons pas encore mais je suis sûr que nous allons devenir de grands amis. Car nous sommes pareils, tous les deux : nous aimons le mal. N'est-ce pas, ma chère amie ?

Mon cœur s'accélère tandis qu'une bouffée de chaleur enveloppe mon corps. Qui est-ce ? Un ancien ami avec qui je faisais des braquages ? C'est certainement une blague. Je ne vois pas comment quelqu'un qui ne me connaît pas, peut savoir ça. Mes cambriolages ont fait beaucoup de bruit à l'époque mais maintenant plus personne ne parle de moi. Je décide de répondre :

Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ?

Je dois me reprendre à plusieurs fois pour écrire le message à cause de mes tremblements. La personne ne met que quelques secondes à répliquer.

Je suis quelqu'un qui vous admire. Je veux que vous redeveniez la voleuse la plus incroyable que je n'aie jamais vue. Que vous demeurez heureuse grâce à cet argent sale, grâce à ces pillages digne des plus grands voleurs ! Que vous soyez vous-même, Eléna Feder Ketlet.

Je laisse tomber mon téléphone sur mes jambes. Mais qui m'a écrit ça ?! Je suis prise de spasmes violents, je transpire à grosses gouttes et mon rythme cardiaque est irrégulier. Cette personne me connaît, c'est obligé. Mais comment sait-elle que je suis moins heureuse qu'avant ? On ne peut pas imaginer qu'une femme se sent mieux en volant qu'en ayant une vie pleine d'amour et d'argent. C'est donc quelqu'un qui me comprend. Mes mains bougent toutes seules et attrapent mon portable.

Vous souhaitez que je redevienne une cambrioleuse ? Alors que je suis une chirurgienne, une épouse et une mère ? Jamais.

Je respire bruyamment et avec difficulté. L'appareil vibre et je sursaute.

Mais vous en rêvez. Votre vie est monotone, sans aucun rebondissement. Avant, vous meniez une existence palpitante. Pourquoi ne pas recommencer à vous amuser ? Vous pourrez toujours continuer de travailler et de vous occuper de vos enfants. Considérez ça comme une simple occupation.

Je secoue la tête.

Laissez-moi. N'essayez plus de me contacter.

J'envoie le message et mets mon portable en veille. Moins d'une seconde après, il refait du bruit.

Vraiment ? Alors je vous convaincrai d'une autre manière. Je vous promets que vous ne refuserez pas.

J'éteins immédiatement l'appareil et le pose sur la table de chevet. Je lorgne vers Martin qui dort d'un sommeil de plomb. Je passe mes mains sur mon visage en tremblant. Qui peut bien vouloir que je redevienne une criminelle ?

CriminellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant