Chapitre 15

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Dix-neuf ans avant...

Avril

Je presse le pas. Je sens qu'on m'observe. Je n'ai jamais été parano mais là, il y a un type bizarre qui me suit depuis cinq minutes. Ce n'est pas normal ! Le problème, c'est que dans cette rue il n'y a aucune boutique où je peux me réfugier. Je ne vais pas rentrer chez quelqu'un ! Je repère une petite ruelle où je pourrais me cacher. Je bifurque immédiatement et me mets à courir. Il fait nuit et il n'y a pas de lampadaire, je n'y vois pratiquement rien. Je ne sais même pas où je vais. Soudain, je me cogne contre un mur en pierres. Une impasse ! Je me tourne vivement et vois l'homme, à quelques mètres de moi. Mon adrénaline monte et mon cœur cogne violemment ma poitrine. Il va me tuer ! Ou me violer ! Voire les deux !! Non ! Je ne vais pas me laisser faire ! J'ai toujours été une dure à cuire. Il est assez loin pour que je puisse tenter quelque chose.

- Allez ma jolie, déshabille-toi ! me lance-t-il d'un air salace.

Je lui donne un coup de poing dans le nez en criant. Il titube et j'en profite pour le mettre à terre. Je frappe son ventre de toutes mes forces. Mes hurlements déchirent le silence de la nuit. Je ne peux plus m'arrêter. Le garçon a beau pleurer, gémir et me supplier, je continue. J'ai l'impression d'être en transe. Il a essayé de me violer ! Il ne peut pas d'en tirer comme ça. Pour qu'il se taise, je m'attaque à son visage. Mes chaussures sont immaculées de sang. Des larmes me brouillent la vue. Je me laisse tomber à genoux sur mon agresseur et cogne sa tête de mes poings. Je suis morte de peur, en réalité. Il m'a suivit pendant une dizaine de minutes. Pendant tout ce temps, j'avais la trouille qu'il m'abuse et qu'il me tabasse. Et cette peur s'est transformée en rage. Je ne peux pas me contrôler, cette situation m'est déjà arrivée. Soudain, une voix s'élève dans la ruelle :

- Intéressant !

Je laisse mon geste en suspens et regarde en face de moi.

Un homme se tient au bout de la rue, près d'un lampadaire. J'arrive à voir son visage. Il doit avoir une quarantaine d'années. Il est grand, brun, a de grands yeux noirs impitoyables et des pommettes saillantes. Ses lèvres sont ornées d'un sourire malicieux. Il avance vers moi, lentement. Mon cœur bat qu'il si vite que j'ai l'impression qu'il va exploser d'une minute à l'autre. Je jette un coup d'œil à ma victime et remarque qu'il est inconscient. Je me pétrifie en voyant son visage déformé par mes coups. Le sang dégouline sur ma main droite. Sans crier gare, l'inconnu se penche sur moi pour vérifier si mon agresseur est vivant. Je retiens ma respiration.

- Il est mort ! m'annonce-t-il sur un air satisfait. Incroyable ! Tu as du potentiel tu sais...

Il s'interrompt pour me regarder. Je serre mes bras contre ma poitrine, les yeux fixés sur le cadavre.

- Je l'ai tué...je marmonne d'une voix tremblante. J'ai assassiné quelqu'un...encore.

- Tu viens de dire quoi ? me questionne le type en se frottant le menton. Cette situation devient de plus en plus intrigante ! Au fait, je me nomme Jensoker, et toi ?

Je ne l'écoute pas. Il parle à une meurtrière. Il le sait ?! Je viens de tuer cet homme ! Il le méritait mais quand même ! Je n'avais pas à réagir de façon aussi extrême.

- Est-ce que tout va bien ? Oh ! Tu culpabilises, c'est ça ? Ne t'inquiète pas, au début on a des remords mais avec le temps, ça passe comme une lettre à la poste.

- Taisez-vous ! Il est mort, OK ?! C'est de ma faute ! Il voulait me violer alors je me suis défendue mais j'y ai été trop fort. Je ne voulais pas le tuer ! C'était un accident...

Il lève les mains en l'air et secoue la tête.

- D'accord ! Mais je vais te dire un dernier truc : ce que tu viens de faire n'est pas une erreur, c'est un exploit. Je peux t'apprendre à calmer tes pulsions meurtrières. Tu pourrais faire de grandes choses, crois-moi.

Il se lève et tourne les talons. Une larme roule sur ma joue et je me relève maladroitement.

- Vous êtes qui ?! j'hurle à travers la ruelle.

Il se retourne et me regarde, les mains dans les poches de sa veste de costume.

- Le chef d'un gang de tueurs à gage. Je peux faire de toi une machine de guerre. A toi de voir. Si tu veux me revoir, je t'attendrai tous les jours sur la place de la concorde à dix-neuf heures pendant deux semaines. Si tu ne viens pas, j'en déduirais que tu ne veux pas travailler pour moi.

Il plonge son regard dans le mien avant de partir. Je reste là, seule, avec un cadavre sur les bras.


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