Chapitre 13

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Avril

Le mois de février pointe le bout de son nez. Il fait toujours aussi froid, bien que cet hiver soit doux. Une bourrasque de vent me gifle. Je remonte le col de mon manteau et accélère le pas. J'entre dans le bâtiment et m'arrête à la réception. Je salue le secrétaire et lui montre ma carte d'identité ainsi que mon pistolet automatique. Il me remercie et je reprends mon chemin. J'arpente le couloir jusqu'aux ascenseurs. J'en prends un et monte au niveau 4. J'attends quelques secondes avant d'arriver. Je range mon arme dans mon pantalon et ma carte d'identité dans mon sac à main. Je longe un autre couloir et entre dans notre bureau. Andy est déjà là, assis sur un canapé. Il me regarde et sourit. Mon cœur se serre. Je secoue la tête pour chasser ce sentiment et pénètre dans la pièce. Je m'affale près du beau blond et lance mon sac Michael Kors dans le décor. Je regarde l'écran plasma, qui diffuse la chaîne BFM TV. Andy pose ses yeux bleus sur moi. Je fais tout mon possible pour ne pas rougir.

- Ils ont parlé de la fusillade et de l'explosion du toit ? je lui demande penaude.

- Oui ! répond-il en observant l'émission. Pour eux c'est un règlement de compte. Ce qui n'est pas complètement faux. Ils vont vite abandonner les recherches. On sait bien comment sont les flics ! Ils n'ont aucun moyen de remonter jusqu'à nous.

- Parfait. Avec un peu de chance, on aura une prime. Sinon, je n'ai aucune mission aujourd'hui ?

- Non, rien. On pourrait sortir, il fait beau. Ça te dit ?

Malgré mes efforts, je pique un fard. Je tourne vivement la tête pour ne pas qu'il me voie.

- Oui, si tu veux.

- Cool ! Je n'ai jamais visité le château de Versailles, on pourrait y aller ! On pourrait aussi faire les boutiques aux Champs Elysée. Après tout, on a les moyens ! On peut se faire plaisir.

***

Andy me présente une longue robe rose pâle à froufrous.

- Tu serais hyper sexy là-dedans ! s'écrie-t-il.

Nous éclatons de rire, discrètement. Il ne faut pas trop se faire remarquer dans ce genre de boutique. Je donne un coup de poing dans l'épaule de mon coéquipier et il repose l'objet.

- Tu viens souvent ici ? me questionne-t-il en caressant le tissu d'une jupe en satin.

- Ouais ! Je n'y achète presque jamais rien mais j'aime y aller. Surtout avec ma sœur. C'est notre endroit préféré. On fait des essayages tout en discutant. Elle adore les robes et les hauts. Moi ce sont les chaussures que j'apprécie le plus.

- Intéressant. Je ne savais pas que tu avais une sœur. Elle s'appelle comment ?

- Ma sœur jumelle se nomme Eléna.

Andy se tourne vers moi, surpris. Il se rapproche et mon cœur s'affole. J'ai tellement envie le toucher ! Rien que poser ma main sur son épaule... Je suis vraiment dérangée, moi !

- Jumelle ? C'est génial ! Vous êtes des vraies ?

- Non, nous ne nous ressemblons pas du tout. Ni le physique, ni le caractère. Mais nous sommes très proches. Il y a une connexion spéciale, entre nous.

« Comme avec toi, je rajoute en pensée. »

- J'aimerais beaucoup la rencontrer. Ça serait drôle que tu me présentes à ta famille. 

Il me fait un sourire ravageur et se détourne pour contempler une veste en velours. J'ouvre la bouche mais aucun mot n'en sort. Je la referme en souriant. Qui sait, peut être qu'il ressent la même chose que moi ! Je l'attrape par la manche et l'attire vers moi.

- On y va ? je lui propose.

- OK ! dit-il avec son accent américain.

Nous sortons de la boutique sans rien acheter et déambulons dans la rue. Nous observons les vitrines luxueuses avec envie. En passant devant une bijouterie, je pense à Eléna. Je ne sais toujours pas quelle est sa réponse. Va-t-elle accepter de rejoindre la mafia ? J'en doute...

- Avril ! s'exclame une voix familière.

Andy et moi nous regardons puis nous retournons. Je reconnais immédiatement l'homme qui me fait face : Vincent Courtis, mon ancien messager. Je me souviens de tout ce que nous avons vécu ensemble puis souris.

- Salut Vincent ! je m'écrie en m'avançant vers lui.

Je lui donne un coup dans le thorax en rigolant. Il paraît moins content que moi, de me revoir. Il recule et me lance un regard furieux.

- Ne me touche pas sale garce ! C'est à cause de toi que j'ai été viré ! Tu ne paies rien pour attendre, salope ! Je me retiens vraiment de ne pas vous balancer aux flics, toi et ton gang de tueurs détraqués !

Andy s'avance et se place à mes côtés. Je me détends et dévisage Vincent. Je croise les bras sur ma poitrine et me penche vers lui.

- Tu ne le feras pas, sinon ma bande de détraqués et moi, on te fera passer un sale quart d'heure. Jensoker a été gentil de ne pas t'éliminer avant. Tu es un témoin assez gênant. Et sache que ce n'est pas de ma faute si tu as dégagé ! C'est juste qu'on a trouvé quelqu'un de bien plus compétant que toi.

Je désigne Andy d'un mouvement théâtral. Ce dernier passe sa main dans ses merveilleux cheveux aux reflets dorés. Il le fait craquer.

- Je faisais parfaitement mon travail ! hurle-t-il.

Quelques passants se retournent, alertés par ses cris. Je jure tout bas et prends Vincent par le bras.

- Si tu veux régler nos différents, c'est d'accord, mais pas ici. Mais tu peux toujours t'enfuir. Je te le conseille, d'ailleurs.

Ses yeux me lacent des éclairs et il crache par terre.

- Tu n'en vaux pas la peine, Avril Ketlet !

Il tourne les talons et part. Je souffle un bon coup et me masse les tempes. Andy m'observe, intrigué.

- C'était qui, celui-là ?

- Vincent Courtis, mon ancien messager. Le type à qui tu as pris la place. Et apparemment, ça ne lui a pas trop plus. Partons, j'ai envie d'un petit remontant ! 

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