Eléna
Nous déambulons dans les quartiers riches de Paris. Il n’y a personne, je n’ai même pas à cacher mon révolver ! Nous nous arrêtons devant un magnifique immeuble baroque. Je range mon arme dans mon pantalon et regarde mes deux otages.
- C’est à quel étage ?
Le chauve se remue, nerveusement avant de répondre :
- Dernier. Vous n’aurez pas besoin de nous. On reste là.
Je hoche la tête positivement et monte les escaliers. De toute manière, ils n’iront pas voir la police. Ils n’ont rien à dire. J’entre dans le hall en marbre. Un grand lustre en cristal éclaire l’entrée. Les boîtes aux lettres beiges sont élégantes. Un tapis bleu roi orné de fleurs de lys blanches est déroulé au centre du couloir et monte jusqu’aux escaliers. La porte du concierge est juste à ma droite. Je vais aux ascenseurs et en appelle un. Il arrive quelques secondes plus tard et s’ouvre. Il est tout en marbre. Je souris et entre dedans. J’appuie sur le bouton 8. Le dernier. Les portes se referment et je me détends. Etre entourée de luxe me rend toujours zen. Je suis dans mon élément. Mais je ne dois pas oublier que je suis en route pour rejoindre un étranger qui veut que je redevienne une criminelle. Et on ne peut pas dire que ses méthodes soient douces. L’ascenseur s’arrête et s’ouvre sur un couloir en V. Les murs sont recouverts de tapisserie rouge et le sol est en marbre beige. Au fond se trouve une grande porte en bois massif clair. Je m’approche lentement bers l’entrée en sortant mon arme. J’appuie sur l’interphone qui émet un bruit aigu.
- Entrez, dit une voix d’homme.
J’avais pratiquement oublié la possibilité que ça soit une femme. Maintenant, j’ai la preuve que ça n’en est pas une. Je tourne la poignée d’or et pousse la lourde porte d’un coup sec. Je braque mon arme devant moi. Je soupire et baisse les bras.
J’avance en regardant tout autour de moi. Je suis dans le salon. Bien que l’appartement d’Avril soit immense, celui-là bat les records. Je n’en ai jamais vu un aussi grand ! Le mur en face de moi est en fait une seule et même baie vitrée. Elle doit faire sept mètres de largeur. La décoration est luxueuse et de bon goût. Un décorateur est passé par ici. Je marche sur le sol en laque noire qui donne un effet de grandeur à la pièce. Je suis époustouflée. Combien à dû coûter cette demeure ? Soudain, j’entends des bruits de pas sur ma gauche. Je me tourne illico, en position de défense. Un grand homme s’approche de moi. Il a des cheveux bruns plaqués en arrière à l’aide de gel, des yeux verts à tomber par terre, des lèvres pleines, un beau nez et une barbe de quelques jours qui le rend encore plus sexy. Il porte une veste de costume noire à rayure, une chemise bleu marine en soie, un pantalon assortit à sa veste et des chaussures de créateur. Je remarque une grosse montre à son poignet gauche. Elle est en argent et or. Ça sent la Rolex à plein nez ! Cet homme est millionnaire, voire plus ! Même moi, je ne pourrais jamais m’offrir tout ça !
- Bonsoir Eléna, lance-t-il avec un sourire ravageur. Baissez votre arme, voulez-vous ? Ce n’est pas très poli d’entrer chez quelqu’un en le menaçant. Surtout avec sa propre arme.
- Je ne m’étais pas trompée ! C’était bien bous qui avez engagé ces deux bouffons. Désolée mais j’ai été entraînée par le meilleur des professeurs, je sais me défendre !
- Vous faites allusion à votre sœur, Avril Ketlet, n’est-ce pas ?
Mon sang se glace. Comment connaît-il ma jumelle ?! Presque personne ne sait que nous avons un lien familial.
- Ne faites pas cette tête, ajoute-t-il avec un air amusé. Je pense tout savoir sur vous. Votre sœur jumelle n’est pas un détail négligeable. Votre passé non plus, d’ailleurs. Eléna, vous avez vécu des choses atroces ! Surtout cette pauvre Avril. C’est après le drame qu’elle a plongé dans le côté obscur ? Elle est tombée amoureuse des armes et des meurtres…
- Taisez-vous ! Ne me reparlez pas de ça ! Je sais ce que vous voulez mais pas pourquoi. Alors expliquez-moi ou je vous tue sur le champ !
Le bel homme lève les bras en souriant.
- Je m’excuse de vous avoir offensée. Ecoutez, je n’ignore pas que vous avez été l’une des plus grandes cambrioleuses de notre époque. Des banques réputées, des bijouteries de grand luxe, des hôtels princiers… Tout ça en ne se faisant attraper qu’une fois. Cela a été votre unique faute. Pourquoi s’arrêter pour si peu ? C’est du gâchis !
J’éclate d’un rire nerveux. Ce type est fou. Je ne comprends pas ce qu’il me veut ! Tout le monde m’a oubliée. Mon procès a fait beaucoup de bruit à cause de tous les millions que j’ai acquis avec le temps mais quelques mois après, on ne parlait plus de moi. Alors pourquoi lui, m’admire encore ? J’essaie de me calmer et de reprendre mon sérieux. Il n’a pas l’air dangereux. Je range mon arme et lorgne vers le canapé d’angle en cuir noir.
- Asseyez-vous, je vous en prie ! déclare l’homme.
Nous nous installons l’un en face de l’autre. Le canapé est si grand qu’une dizaine de personnes pourrait s’y assoir. Je ne connais pas la marque mais il est de qualité. Je l’estime à cinq mille euros.
- C’est un créateur italien, dit le garçon en me voyant détailler mon siège.
- Il est magnifique.
Je me rappelle soudain pour quelle raison je suis ici et par quels moyens j’y suis entrée. Qui sait de quoi il est capable ?
- Comment vous appelez-vous ? je lui demande en croisant mes jambes.
- Ethan Beauvillier. Je suis dans la mafia. Mais je ne suis pas un meurtrier, je suis un braqueur.
Je souris de toutes mes dents. Mes nerfs sont à fleur de peau, je ne vais pas tarder à exploser. La mafia ? Et quoi encore ?! Si ce type veut que je recommencer mes cambriolages, ça veut dire que la mafia le veut aussi. Et si j’accepte, je serai alors sous ses ordres. J’en deviendrai même membre ! Avril m’a dit que son réseau de tueurs à gage avait des liens avec la mafia. Ils s’échangeaient des informations ou travaillaient ensemble dans certaines grosses affaires. Mais ce n’est pas vraiment une organisation fiable. Du style : marche ou crève.
- Vous venez de me convaincre de refuser votre proposition, Ethan, je déclare en me levant.
Je me tourne vers la sortie mais Ethan me rattrape. Il pose sa main sur mon épaule et me regarde intensément. Son visage est grave, sérieux.
- Je sais que la mafia a l’air d’une entreprise plutôt malhonnête, mais c’est en réalité une grande famille. Il faut juste faire ce que disent nos supérieurs et ne jamais les trahir. En remerciement, vous aurez leur amitié, leur respect et beaucoup de privilèges.
- Des privilèges ? je répète, amusée.
- Oui, comme de l’argent ou des biens divers. Réfléchissez, s’il vous plaît !
Je me dégage et contourne le canapé pour revenir à l’entrée. Je tourne la poignée de la porte et regarde une dernière fois Ethan.
- Vous êtes fou et dangereux. Je ne fais plus partie du monde de la criminalité. Désolée pour vous et votre famille.
Je sors de la pièce.
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Criminelles
AzioneVous êtes-vous déjà imaginé ce qu'il y avait dans la tête des assassin ou des mafieux ? Pourquoi font-ils le mal autour d'eux ? Peut être ont-ils de bonnes raisons... Avril et Eléna sont sœurs jumelles. Elles sont très différentes mais une chose les...