Chapitre 19

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Eléna

Je n'ai jamais cru aux miracles. Pour une femme de science comme moi, les miracles n'existent pas. La vie est comme elle est, point barre. Seulement, aujourd'hui, je crois aux miracles. Parce que ma première mission consiste à braquer la bijouterie Cartier, aux Champs Ellysées. Chose que j'ai déjà faite. Je m'en souviens comme si c'était hier ! J'étais avec deux amis. On a ramassé une centaine de milliers d'euros ce soir là ! Entre les bijoux et les billets, on ne savait plus comment compter notre argent ! J'espère que la recette sera aussi élevée que cette fois-ci. Ça fait longtemps que je n'ai pas cambriolé d'établissement. Mais ça devrait bien se passer, je sais parfaitement ce que je dois faire.

- Tu es prête ? me demande Ethan en lissant sa veste de costume Dolce & Gabbana.

- Allons-y.

Je boutonne mon manteau Gucci en véritable fourrure sur ma robe Calvin Klein. Je tape le bout de mes bottes Stuart Weitzman sur le sol et vérifie mon vernis à ongles Chanel. Je dois passer pour une femme riche qui cherche des bijoux avec son mari – Ethan joue le rôle de mon époux, ce qui est un peu embarrassant depuis l'épisode de la voiture ! 

Nous nous approchons de la porte et un vigile nous ouvre. Mon rythme cardiaque s'accélère. Je rentre en premier, suivie d'Ethan.

- Bonsoir monsieur, bonsoir madame ! nous salue une vendeuse en tailleur bleu foncé.

Elle s'avance vers nous tandis que je repère les caméras de surveillance. Une autre vendeuse vient nous voir pour nous retirer nos vestes. Je refuse poliment et me plante devant une vitrine de parures en pierres et métaux précieux. La première femme me rejoint en souriant.

- Que recherchez-vous, madame ?

- C'est notre anniversaire de mariage, répond Ethan à ma place. Je veux offrir à ma femme ce que vous avez de plus exceptionnel.

- Certainement ! Suivez-moi.

J'ai fait le compte, il y a quatre employés dans la salle dont deux vendeuses qui s'occupent des clients, une qui reste à la caisse et le vigile. La première chose à faire, c'est de tuer la jeune femme qui nous conseille. Mais en toute discrétion. Ensuite, il faudra assassiner la caissière et le chef de la sécurité en même temps. La fille qui enlève les manteaux sera la dernière. Après nous prendrons les enregistrements des caméras de surveillance et prendrons tous les bijoux et l'argent. Facile ! Il suffit d'être organisé. Et surtout éviter que les flics arrivent. Ça, j'en sais quelque chose !

- Voici notre plus belle collection, entame la vendeuse en nous montrant une vitrine.

La parure est en or avec une trentaine de pierres précieuses de toutes les couleurs, plus chères les unes que les autres. Je me place devant Ethan pour ne pas qu'elle ne le voit pas sortir sa seringue. Il se décale jusqu'à se trouver juste derrière elle. Il plante l'aiguille dans son cou et lui administre le poison. Elle s'évanouit dans ses bras. Il la fait glisser jusqu'au sol sans bruit. Nous ouvrons nos vestes et en sortons nos pistolets. Mon adrénaline monte en flèche. Mon cœur bat la chamade. Tout mon corps vibre d'excitation. Nous venons de tuer quelqu'un. Et nous allons recommencer. Finalement, je ne vaux pas mieux que ma sœur. Stop ! Il faut que j'arrête de culpabiliser, ce n'est vraiment pas le moment. Je pointe mon arme sur la caissière et tire. La balle troue sa joue gauche et elle tombe en arrière. La dernière vendeuse pousse un hurlement et tourne les talons pour essayer de s'enfuir. Je la tue avant qu'elle ne puisse tenter quoi que ce soit. Ethan s'est déjà occupé du vigile. Il se dépêche de le sortir de l'entrée et d'aller le cacher derrière une vitrine.

- Prends les clés de la réserve, on va y mettre les cadavres. Ensuite ferme la grille et les volets. On sortira par derrière, m'explique-t-il.

Je m'exécute. J'attrape le trousseau de clés de la femme qui nous a accueillis et je me dépêche de baisser les volets. Je boucle la devanture et me rue sur la porte de la réserve. Je l'ouvre en grand pour laisser passer Ethan avec le premier mort. Nous entassons les corps au fond de la pièce et retournons dans la boutique. Je casse la première vitrine.

- On embarque tout ! je m'écrie en fourrant les bijoux dans mon sac à main. Va ouvrir la caisse et prends le fric !

- OK !

Les vitrines ne sont pas très solides. Elles sont en verre fin. Un seul coup avec le silencieux de mon Magnum permet de les briser. Tout ce déroule comme prévu. Mon sac devient de plus en plus lourd. Je casse toutes les vitrines pendant qu'Ethan empoche les billets.

- Il n'y a pas grand-chose à tirer de la caisse, dit-il en venant vers moi. Les gens paient rarement en cash dans les joailleries. Je vais t'aider.

- D'accord.

Nous volons tout ce que nous trouvons. Une fois que mon sac est plein, je viens retrouver Ethan.

- J'ai tout ! je clame en souriant.

- Moi aussi ! répond-t-il en secouant la tête. Partons !

Nous détalons vers la réserve, où se trouve la porte de service. Je jette un dernier regard aux cadavres, entassés au fond de la pièce. Un frisson me parcourt l'échine. Ils ne le méritaient pas...

- Eléna, viens ! m'appelle Ethan, déjà dans la rue.

Je respire profondément et quitte la salle. Je les ai tués. Pourquoi ? Pour de l'argent. De l'argent ! J'en ai déjà ! Je n'en ai pas besoin ! Mais j'aime tellement ça ! Je suis prête à tout pour en avoir, pour sentir l'odeur des billets... Je suis complètement folle. Je ne vaux rien. Je vais gâcher ma vie pour une stupide addiction. Pour le plaisir de faire des choses illégales. Pendant des années, j'ai arrêté les conneries. Et là je recommence. Je suis retombée dans cette spirale infernale. Je suis à nouveau une criminelle. J'irai brûler en Enfer. Pour toutes les personnes que j'ai volées et tuées. 

CriminellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant