Chapitre 22

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Eléna

J'entre dans la villa avec le ventre noué. Mon angoisse ne fait qu'augmenter en voyant l'intérieur de la propriété. L'homme qui habite ici est milliardaire, au moins. Comme quoi, être un mafieux ça rapporte. J'espère que mon travail sera aussi fructifiant. Je rêve, je sais ! Ethan pose une main sur mon épaule et je sursaute.

- Tu m'as l'air bien stressée, se moque-t-il en passant devant moi.

- On ne rencontre pas tous les jours des multimillionnaires qui ont fait fortune dans le crime et le trafic en tout genre. Déjà que tu me fais peur, tu imagines à quel point ce type me terrifie ?! Enfin, je suppose qu'il va être aimable envers moi. Il a tout fait pour m'embaucher, n'est-ce pas ?

- Il dit que tu es une perle. Mais qu'est-ce que c'est une perle pour un homme si riche ?

- Rabat-joie, je le raille en le suivant dans une immense salle qui semble être le salon.

Il rigole et place son bras dans mon dos pour me faire venir juste à côté de lui.

- Tout va bien se passer, me murmure-t-il à l'oreille.

Il se redresse et entre dans la pièce. Je lui emboîte le pas en me tenant bien droite. Je vois un homme d'une soixantaine d'années, bronzé avec des cheveux poivre et sel plaqués en arrière, assis sur un immense canapé gris perle. Il sourit en nous voyant et se lève. Il est plus petit qu'Ethan et pas beaucoup plus grand que moi. Il est plutôt dodu, mais pas trop. Il porte une chemise bleu ciel et un pantalon de costume noir. Ses chaussures ont l'air d'avoir coûté une fortune. Il serre la main d'Ethan en souriant de plus belle. Ses dents sont très blanches. C'est donc lui, le grand patron ! Il pose ses mains sur mes épaules et me regarde des pieds à la tête. Il met tant de force dans ses poignets que j'ai l'impression qu'il veut m'enfoncer dans le sol. Je me force à sourire et à paraître décontractée.

- Alors c'est toi, mon diamant brut ? lâche le mafieux.

Ethan me lance un regard amusé. « Tu as vu, je vaux plus qu'une perle ! lui dis-je en pensée. »

- Enchantée de faire enfin votre connaissance Mr Sorendini.

- Moi encore plus Eléna Feder Ketlet.

Je n'ai pas vraiment l'habitude qu'on m'appelle par mes deux noms de famille. Les gens m'appellent souvent : Eléna Feder ou Docteur Feder. Mais pas Feder Ketlet. Les deux ne vont pas ensemble. Je préfère mon nom de jeune fille mais je ne l'ai pas gardé pour ne pas faire de peine à Martin.

- Assieds-toi, je t'en prie ! me propose l'homme en désignant son canapé.

Je hoche la tête et m'installe. J'observe la salle, attentivement. Les murs sont en plâtre blanc et le sol, en marbre bicolore. En face de moi se trouve un écran plat dernier cri posé sur une table basse design. De l'autre côté de la pièce se tient un piano à queue noir et d'autres objets coûteux. Plusieurs œuvres d'art ornent les murs et des sculptures contemporaines décorent le salon. Au plafond pend un énorme lustre en cristal. Il doit valoir plus de dix mille euros. Il y a de grandes baies vitrées qui donne sur une terrasse en bois où se trouve un salon de jardin magnifique et une piscine à débordement de toute beauté. Le jardin est très bien entretenu avec de nombreuses plantes colorées.

- La villa vous plaît ? me demande mon patron en se penchant vers moi. J'en ai bien d'autres mais celle-là est l'une de mes préférées.

- Oh ! C'est admirable, je commente en souriant. En tout cas, j'adore cette propriété.

- Ne vous inquiétez pas, vous aurez bientôt de vous en acheter une ! Même plusieurs ! Bon, parlons affaires. Votre premier braquage a rapporté un peu plus d'un million d'euros. C'est bien. Vous avez pris tout ce que vous avez pu, c'est parfait. Et sans laisser de traces, j'espère.

Il se tourne vers Ethan. Ce dernier sourit.

- Evidemment ! dit-il. Nous avions des gants en cuir.

-Parfait ! se réjouit Mr Sorendini.

- Quand est programmé le prochain cambriolage ? j'ose demander en m'enfonçant dans mon siège.

- Oh, je ne sais pas. Il faut d'abord choisir le lieu. Ensuite, on avisera.

J'opine de la tête.

- Je voulais juste vous dire quelque chose... Vous devez savoir que je suis chirurgien et que j'ai des horaires variables. Il est possible que je sois appelée en urgence à l'hôpital pendant la nuit. Et je ne peux pas refuser de venir. Donc il vaut mieux que je connaisse les dates bien à l'avance pour pouvoir prévenir mes supérieurs.

Mr Sorendini passe sa main sur son visage et me regarde.

- J'avais oublié ce détail. Bien sûr, nous essaierons de prévoir les braquages au moins une semaine avant. Ça serait plus simple si vous ne travailliez pas mais comme dit le proverbe : on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre !

Je souris, gênée. Je le vois venir, il va me demander d'arrêter de travailler. Mais ça, ça n'arrivera pas ! Je fais l'une des carrières les plus difficiles qui soit et en plus, je l'adore. Je ne vais pas démissionner juste pour lui faire plaisir. Puis ma famille se douterait forcément de quelque chose. Et s'ils apprennent que je suis dans la mafia, Martin me quittera, me prendra mes enfants et peut être même m'enverra en prison ! Je ne peux pas risquer de tout perdre.

- Au fait, quelqu'un est-il au courant de notre alliance ? demande le mafieux en se levant.

Il se met devant une baie vitrée et observe son jardin. Dois-je lui dire la vérité ? S'il le prend mal, je risque de passer un mauvais quart d'heure. Il a beau être très gentil, ça en reste un criminel de la pire sorte ! Mais je préfère jouer la carte de l'honnêteté. Et il doit connaître Avril. Elle a déjà coopéré avec la mafia. Peut être se sont-ils déjà rencontrés !

- Oui, ma sœur jumelle, Avril Ketlet. 

Mr Sorendini se tourne vivement vers moi. Il paraît agréablement surpris. Il éclate de rire. Je regarde Ethan, inquiète.

- Ta sœur est connue dans le milieu, m'apprend-t-il.

Je souffle légèrement en haussant les épaules. J'espère que mon patron l'apprécie. Il s'arrête de rigoler et s'approche du canapé. Je me démonte le cou pour le regarder.

- Je savais déjà que ta sœur était la célèbre Avril Ketlet. Cette fille est une bombe atomique ! C'est un sniper d'exception et elle est très belle. La mafia a déjà essayé de l'embaucher mais elle ne voulait pas quitter le groupe de Marc Jensoker. C'est bien dommage. Mais sa sœur est aussi une perle rare. Pas dans le même milieu. Toutes les deux, vous formeriez un duo de choc. Dites-moi, vos parents étaient des terroristes ?

J'éclate d'un rire franc. Elle était bonne celle-là ! Quand j'étais braqueuse, mes supérieurs ou mes collègues me disaient que j'avais le crime dans le sang et que c'était de famille. Oui, ma sœur et moi sommes pareilles mais pas nos parents, loin de là. Papa et maman sont des gens honnêtes et très gentils. Ils ont tout fait pour nous. Je les adore. Je leur dois tout.

- J'avoue m'être déjà posée la question ! je déclare en balançant mes cheveux en arrière. Mais je crois que la réponse est : non. Toutes les personnes de ma famille sont des gens biens. Ma jumelle et moi sommes l'exception à la règle.

- Eh bien on ne va s'en plaindre car vous avez reçu un don incroyable !

Un don ? Une malédiction, oui ! Nous sommes juste malades, à la base. Nous avons des problèmes de comportement. Ça a bien réussi à ma sœur mais moi, ça m'a juste conduit en prison. J'espère que cette fois, je ne me ferai pas attraper. Là, ma vie sera officiellement gâchée.


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⏰ Dernière mise à jour : Mar 28, 2016 ⏰

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