Criminelles

Chapitre 18

Avril

Je tends un casque orange à Andy. 

- Mets ça sur les oreilles pour ne pas t'exploser les tympans. Les tirs résonnent ici, c'est affreux.

Il s'exécute sans dire un mot. J'enfile le mien et me mets en place, en face de la cible. Nous sommes au stand de tirs. J'avais promis à Andy de lui y amener. J'en profite pour mettre ma précision à l'épreuve. J'ai choisis un fusil avec des balles à petit calibre : le Hecate II. C'est une arme française, cette fois ! Pour atteindre l'objectif, je dois tirer en plein milieu de l'affiche (à la poitrine de l'homme dessiné dessus). Elle est seulement à cinquante mètres. J'ai donc retiré la lunette. Andy m'observe attentivement. Je ferme l'œil gauche et me concentre. Je pose mon doigt sur la gâchette et tire. J'entends à peine la détonation. La balle arrive en plein milieu de la cible ! 

- Bravo ! s'exclame une voix étouffée. 

Je me retourne et vois Valentina Calavella. Ma meilleure amie ! Elle travaille ici. C'est la fille d'un des mafieux  les plus puissants d'Italie. Elle est plutôt petite, a de beaux cheveux noirs et des yeux foncés. Elle est magnifique. Je crois que Maxwell a des vues sur elle... Je pose mon fusil et retire mon casque. Andy fait la même chose. 

- Comment tu vas ma belle ?! s'écrie Valentina avec son accent italien. 

Elle me serre dans ses bras. Je souris et lui caresse le dos.

- Bien et toi ? 

- Tout roule ! 

Elle tourne le regard vers Andy et le détaille de la tête aux pieds. Elle a l'air plutôt intéressée. Qu'elle ne s'approche pas de lui ! Je l'adore mais elle ne peut pas me voler mon homme. 

- Salut, lance Valentina à Andy. Qui es-tu ? 

Le beau blond croise les bras avant de répondre :

- Moi c'est Andy. Je suis le messager et coéquipier d'Avril. 

Valentina hoche la tête, admirative. 

- Intéressant ! Tu ne m'avais pas dit que Vincent était parti, me dit-elle. En tout cas, je suis sûre qu'Andy vaut mieux que cet idiot. Oh ! Je m'excuse Andy, je ne me suis pas présentée. 

Elle sourit en montrant ses merveilleuses dents blanches. 

- Je me nomme Valentina Calavella. Je suis tueuse à gage. Ex-mafieuse italienne. J'ai quitté mon père et mon pays natal pour le romantisme de Paris. Et voilà que je tombe sur un beau français ! Quelle chance ! 

Je me retiens de rire. Andy ramène une mèche de ses cheveux blonds en arrière.

- Je suis américain. Mais merci du compliment. 

Valentina rougit légèrement puis se ressaisit. 

- De rien ! Bon, je vais vous laisser travailler ! Il faut que j'y aille. Avril on se voit plus tard ! 

- Bien sûr, je réponds avec un grand sourire. 

Elle tourne les talons et se dirige vers la sortie en faisant voler ses longs cheveux noirs. Je lorgne vers Andy et le surprends en train de l'observer, l'air intéressé. Je me mords les lèvres et fais comme si de rien n'était. Je sais que Valentina est une très belle femme. Les hommes sont fous d'elle. Mais Andy n'est pas comme tous les hommes. Il est spécial. Ce n'est pas le style de personne à aimer une fille juste parce qu'elle a une belle gueule. Enfin j'espère...

- On continue ? me propose ce dernier.

Je relève vivement la tête, sortie de mes rêves. Je le regarde puis attrape mon fusil. Je vise le centre de la cible et tire. La balle transperce le torse de l'homme sur l'affiche. Bingo ! Je me suis rendue compte que quand j'étais énervée, j'étais plus efficace. C'est drôle. De toute manière, je suis en colère au moins 70% du temps donc je suis boostée très souvent. 

- Bien joué, me félicite Andy.

Je l'ignore et tire sur le levier culasse de mon fusil. C'est peut être pour ça que je n'étais jamais tombée amoureuse, parce qu'en aimant quelqu'un, tout change. Absolument tout...