Chapitre 11

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Avril

Je prends un bain dans ma baignoire balnéo. Les jets massent mes articulations douloureuses. J’ai pris quelques jours de congé pour me ressourcer. Cette dernière mission était particulièrement rude. Dans le rapport que j'ai fourni à Jensoker, je n'ai pas parlé  pas parlé de ma chute dans la poubelle. Ça aurait été trop embarrassant et stupide. Un assassin ne fait pas ce genre de chose. J’attrape mon verre de vin qui est posé sur le rebord de la baignoire et en bois une gorgée. Mon téléphone, situé à côté, émet un bip sonore. Je me sèche les mains avec ma serviette et le prends. J’ai un message de ma sœur :

Il faut que tu m’aides, la mafia veut que je travaille à leur compte en tant que braqueuse. Un type m’a envoyé des messages et a engagé deux hommes qui m’ont agressée, hier soir. Appelle-moi, c’est urgent !

Je rigole et fais glisser mon doigt sur l’écran. Je porte mon portable à mon oreille en souriant. Une sonnerie après, Eléna décroche.

- Avril ! Enfin ! s’écrie-t-elle en me perçant les tympans.

Je recule immédiatement l’appareil de moi et le repose. Je le mets sur haut parleur et réponds :

- Encore dans un coup foireux, hein ? Tu me tues, sérieux ! Quand est-ce que tu apprendras à rester loin des embrouilles ?

Ma jumelle émet un gémissement plaintif.

- C’est grave ! La mafia veut que je travaille pour elle ! Je ne peux pas reprendre les cambriolages… J’ai fait un trait sur tout ça. Mais ce mec, Ethan Beauvillier va me poursuivre et me harceler. Il sait tout sur moi, même notre passé…

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et je frémis. J’inspire et expire lentement pour essayer de me calmer.

- J’ai peur, dit-elle après une bonne minute de silence.

Je souffle et fait couler de l’eau très chaude dans mon bain pour me réchauffer. La mafia n’est pas une affaire à prendre à la légère. Je sais de quoi je parle. J’ai déjà eu l’occasion de travailler avec elle. J’ai fait des missions avec certains agents et ce ne sont pas des tendres. L’argent, le sang et le pouvoir les obsèdent. Ils peuvent être très utiles et coopératifs mais pas tout le temps. Ma sœur doit faire très attention avec eux.

- Fais gaffe où tu mets les pieds. Si tu es bien acceptée là-bas, que tu fais du bon boulot et que tu te fais une place dans leur famille, tu deviendras une reine. Mais au premier faux pas, ils te détruiront. Et la mort est le châtiment le plus doux qu’ils peuvent te faire subir.

- Mais je ne compte pas y aller ! C’est impossible. J’ai un mari, des enfants et un très bon job. Je ne peux pas tout gâcher. C’est de la folie ! Si j’accepte, je vais tout perdre.

Je lève les yeux au ciel. Elle est tellement terre à terre ! Il faut qu’elle se déconnecte de temps en temps ! Je sais pertinemment qu’elle rêve de reprendre ses activités. Je crois que la criminalité est dans nos gênes... Personnellement, je ne pourrais pas arrêter de tuer. Ce que ressens quand je tire sur quelqu’un est tout simplement indescriptible ! J’ai l’impression d’être surpuissante. D’être Dieu. Eléna était pareille. Quand elle braquait une banque célèbre, elle rayonnait pendant une semaine. Je ne la voyais jamais triste ou morose. Elle rigolait tout le temps et souriait sans arrêt. J’adorais cette Eléna. Son insouciance me plaisait. Elle ne se prenait pas la tête, pas comme aujourd’hui.

- Au fond de toi, tu veux recommencer. Mais tu refuses de te l’avouer. Peut être que cette proposition est l’occasion rêvée pour que tu redeviennes enfin heureuse !

Je l’entends soupirer. Je l’imagine en train de secouer la tête en roulant les yeux. Je la connais si bien !

- Je laissais ma maladie prendre le contrôle de moi-même, je n’étais pas heureuse.

- Mais arrête ! Tu préfères être obligée de voler des portefeuilles minables plutôt que des liasses de billets de cinq cent ?

Elle pousse un grognement. J’ai touché un point sensible !

- Je ne veux pas retourner en prison… C’était terrible ! Je ne supporterai pas d’y faire un autre séjour.

Ah oui, la taule est un autre problème. Après six ans de braquages incroyables, ma sœur s’est faite attrapée par la police. Au tribunal, elle a été reconnue coupable mais grâce à ses superbes avocats et son  on comportement, elle a pu s’en sortir avec seulement sept ans de prison. Elle était déjà mariée, avait Ambre et était médecin. Elle a même accouché de Noah en prison. Ça l’a traumatisée et elle a promis de ne plus jamais recommencer. Elle a tout repris de zéro.

- Alors pourquoi tu m’as appelée ?

Un silence s’installe entre nous. Je sais qu’elle doute. Il suffit juste que je lui fasse prendre la bonne décision. Si j’étais une femme posée et rationnelle, je conseillerais à Eléna d’appeler la police pour dénoncer ces hommes. Sauf que je ne suis pas du tout comme ça. Je choisis ce que je veux vraiment sans trop me poser de questions. Il faut savoir profiter de la vie. Peut être que je me trompe en lui disant ça mais je prends le risque. Je veux qu'elle redevienne comme avant...

- Je vais voir, lâche-t-elle comme si elle avait lu dans mes pensées. A plus tard et merci de m’avoir écoutée.

Elle raccroche directement. Je repose mon Iphone sur le rebord de la baignoire et finis mon verre de vin avant de plonger dans l’eau chaude. Je pense tout à coup à Andy. Mon ventre se noue, rien qu’en imaginant ses merveilleux cheveux blonds et ses yeux bleus semblables à un océan. Je sais très bien ce qu’il m’arrive : je suis amoureuse. J’ai eu le coup de foudre. Je n’y ai jamais cru mais là, j’en ai la preuve. La première fois que je l’ai vu, je me suis sentie… chamboulée ! Je n’avais jamais eu ce genre d’émotion. C’est plutôt agréable d’aimer quelqu’un, en fait. Je me demande s’il ressent la même chose pour moi… Je devrais le dire à Eléna, même si en ce moment elle a d'autres préoccupations !

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