Chapitre 3

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Avril

J'entre dans le bureau. Mes talons retentissent sur le carrelage. Mon patron est assis sur son grand fauteuil noir. Ses cheveux noirs, sa barbe et ses yeux bleus le rendent intimidant. Mais je n'ai pas peur de lui. Je le connais depuis longtemps. Je pourrais presque dire que nous sommes amis. Il m'observe en silence, le menton posé sur ses mains croisées.

- Bonjour, dit-il d'une voix forte. Comment vas-tu ?

- Bonjour, bien et vous ? je réponds en prenant place en face de lui. Bonne année.

Il continue de m'analyser comme si j'étais un trophée : avec fierté.

- Toi aussi. J'espère que les chiffres seront encore meilleurs en 2016. Nous en prenons le chemin, en tout cas ! Et c'est grâce à des gens comme toi. Tu es excellente. Je crois te l'avoir déjà dit plusieurs fois, non ?

Je souris et bombe le torse.

- En effet. Alors, que vouliez-vous me dire ?

Il défait ses mains et les pose sur son bureau en verre. La pièce est moderne et lumineuse. Elle ne correspond pas trop à l'esprit de la société !

- Ton messager a été congédié. Nous lui avons trouvé un remplaçant. Il est bien plus compétent. Il pourra se défendre en cas de problèmes. Pas comme l'autre, rajoute-t-il avec une mine de dégoût. Alors, contente ?

Je le regarde, stupéfaite. Il l'a viré ? Je n'en reviens pas ! Je l'ai vu hier soir. Il me disait d'ailleurs qu'il était sûr qu'il ne risquait rien. Voilà la preuve du contraire. Je l'aimais bien, c'est dommage. Mais c'est vrai qu'il n'était pas très intelligent. Il ne savait pas faire grand-chose.

- En fait, ton messager sera aussi ton coéquipier. Il t'accompagnera pendant tes missions. Il t'aidera et te protègera. Normalement, il va bientôt arriver, il s'appelle Andy McDawn. Il est américain.

La porte s'ouvre. Je sursaute malgré moi. Le visage de mon patron s'illumine. Il se lève, contourne le bureau et va saluer son invité. Je refuse de me retourner, j'ai trop peur de voir la personne que je vais rencontrer. Avoir un nouveau messager n'est pas un problème. Le truc c'est que ce type va me suivre partout. Je fais toujours des missions en solo à part sur les gros dossiers. Je n'ai besoin de personne !

- Salut, dit le garçon en s'approchant de moi.

Il se plante à côté du fauteuil qui est à ma droite et me regarde. En croisant son regard, mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Vu sa tête, il semblerait que ce soit réciproque. Il est grand, musclé, des cheveux blonds jusqu'au dessous des oreilles, de grands yeux bleus, un nez parfait et une belle bouche. Sa peau est légèrement bronzée. Je rougis comme une adolescente sans pouvoir dire un seul mot. Il est tout simplement magnifique ! Je n'ai jamais vu d'homme aussi beau. Pourtant ce n'est absolument pas mon style ! Je préfère les bruns ténébreux. On dirait que ce mec sort de la plage. Enfin, je m'emballe. Il va juste être un collègue. Puis moi, je ne tombe jamais amoureuse. L'amour est une faiblesse et moi je suis forte. Je ne peux pas me permettre ce genre de chose. Je reprends sur moi et me lève pour lui serrer la main. Quand ses doigts me touchent, mon ventre se noue et je rougis de plus belle. Son visage est écarlate.

- Je devrais vous prendre en photo pour vous faire du chantage, plus tard ! déclare le boss.

Nous nous lâchons précipitamment. Je me rassois en essayant de ne plus croiser son regard.

- Avril Ketlet, je te présente Andy McDawn. Andy, voici Avril. Vous êtes désormais compagnons d'armes. Après tout, c'est comme à l'armée ici, sauf que nous représentons l'injustice.

Andy éclate de rire. J'adore son rire. Sa voix aussi ! Et son nom, c'est tellement sexy ! OK, il faut que j'arrête. Il se tourne vers moi et me sourit.

- Enchanté, dit-il en souriant. Je suis ravi de travailler avec toi. Marc m'a dit que tu étais la meilleure tireuse d'élite qu'il n'avait jamais connue ! J'ai hâte de voir ça. Moi, je pratique un peu toutes les armes, je n'ai pas vraiment de spécialité. J'admire la précision des snipers.

S'il croit pouvoir m'impressionner avec son petit discours sur les snippers, il se met le doigt dans l'œil ! Et comment ose-t-il appeler notre patron par son prénom ? Même moi je ne le fais pas. Et j'avoue me permettre un tas de trucs. Je me tourne vers « Marc » et me penche vers lui.

- C'est quoi ce plan ? je demande sur un ton menaçant. J'ai toujours travaillé toute seule, je ne vois pas pourquoi ça changerait ! Je ne veux pas de quelqu'un qui va me ralentir. En plus, il ne va pas passer inaperçu avec son look de tombeur des plages. Comme vous le dîtes, je suis la meilleure. Je n'ai besoin de rien, ni de personne.

Il me regarde surpris. Alors qu'il s'apprête à répliquer, je continue :

- Il sera mon messager, point barre. Soyez compréhensif Mr Jensoker.

Jensoker se cale au fond de son siège et nous regarde, Andy et moi. Je remarque tout de suite que le blondinet me dévisage. Il ne doit pas trop apprécier ma scène mais je ne peux tolérer ça !

- Il ne va pas te voler ton boulot, soupire Jensoker. McDawn va juste t'aider. Et je te rappelle que c'est moi qui commande ici. Si je te donne un ordre, tu obéis. Je t'aime bien mais je ne supporte pas quand tu te comportes comme ça. Ne me parle plus jamais comme ça, c'est bien compris ? 

- Merde ! je m'exclame en me levant.

Je sors de la pièce entrombe. 

CriminellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant