Chapitre 14

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Eléna

Je rentre dans le salon sur la pointe des pieds, de peur de réveiller quelqu'un. Je passe devant un miroir et étouffe un cri. Je ne ressemble à rien ! Mon maquillage a coulé, mes cheveux sont en bataille et je suis complètement débraillée. Quelqu'un tousse derrière moi et je sursaute. Je me retourne et vois mon mari. Il est déjà habillé. Il me regarde avec sévérité. Je suis mal... Je prends un air innocent et lui souris :

- Salut, tu as bien dormi ? je lui demande d'une petite voix.

Il me dévisage,  les bras croisés. 

- Tu étais où ?

Je me fige. Que vais-je bien pouvoir lui raconter ? Il n'est pas bête. Il va savoir si je mens ou pas. Mais je ne peux pas lui avouer la vérité. Mais qu'est-ce que j'ai foutu ?!

- Je... J'étais en ville. Et j'ai dormi dans la voiture. J'étais crevée alors...

Il avance vers moi et mets son visage dans mon cou. Il relève la tête et observe mon visage. Mon rouge à lèvres à bavé partout. Et même en dormant, on a du mal à obtenir un tel résultat ! Il me regarde les yeux dans les yeux. Je serre les poings.

- Tu t'es parfumée avec du One Million ? lance-t-il.

Eh merde !

- Non, je réponds simplement. Mais Fabrice et moi on est allé prendre un café après notre service et il en portait. 

- Et il est resté pendu à ton cou pendant une demi-heure ? Ne me prends pas pour un con ! Cette nuit tu étais avec un homme. Avoue-le ! 

Je ne sais pas mentir. Je ne m'appelle pas Avril. Je dois lui dire la vérité. Peut être qu'il me pardonnera... Je baisse la tête,  les yeux rivés sur le sol.

- Oui... 

Je ne dis rien d'autre. Je n'ose pas le regarder. J'ai fait une grosse bêtise je le sais... Et je n'avais aucune raison de la commettre. J'aime Martin, enfin je crois... Mais nous sommes ensemble depuis tellement longtemps, j'avais envie de changement. Puis je suis une femme sage. J'avais besoin de me lâcher. Juste une fois. Ethan est un homme très attirant et charmant. J'ai succombé à son charme. Tout simplement. D'ailleurs, je ne regrette pas d'avoir passé la nuit avec lui ! Et les portes de la mafia me sont ouvertes. Je vais recommencer à braquer des bijouteries et des banques, je vais redevenir moi-même. Etre mère et chirurgienne c'est bien, mais j'ai l'impression que ce n'est pas ma destinée. Je suis née avec l'amour de voler et en grandissant, j'ai découvert que c'était une véritable passion. Je lève la tête et regarde Martin dans les yeux.

- J'ai couché avec un autre homme, en effet. Tu devrais peut être demander pourquoi j'ai fait ça. C'est certainement parce que notre couple ne fonctionne pas bien. Puis j'en ai marre de cette vie. Tout est plat, sans aucun sens. Je ne suis pas faite pour ça. Il faut que tu l'acceptes. Je suis désolée de te faire souffrir. 

Il me dévisage, incompréhensif. J'ai dit le fond de ma pensée. Je ne sais même pas si j'aime encore mon mari. Et la routine devient insupportable. Aller à l'hôpital tous les jours, m'occuper des enfants et des tâches ménagères, tout est toujours pareil. J'en ai marre. Je sais que je réagis de manière égoïste. Je ne pense pas à mes enfants ni à Martin. Mais d'habitude, c'est l'inverse : je les fais toujours passer avant moi. Il est peut être temps de changer les choses ! 

- Je vais partir quelques jours, il faut que je réfléchisse, je déclare en contournant mon mari pour aller jusqu'à l'entrée.

Je sens le regard perplexe de Martin dans mon dos mais me force de l'ignorer. J'enfile mon manteau, mets mes chaussures et attrape mon sac à main. Je sors de la maison sans me retourner. Je m'adosse à porte et entends Martin éclater en sanglot. Je soupire et prends mon téléphone portable. Ethan m'a donné son numéro juste avant de me quitter. Je décide de l'appeler. Il répond presque instantanément. 

- Eléna, tout va bien ? me demande-t-il d'une voix malicieuse. 

- Je fais un break avec mon mari. Il y a une place de libre chez toi ? 

Je l'entends sourire.

- Bien sûr. Je t'attends.

- Merci beaucoup. Je vais prendre des affaires et j'arrive. 

- Très bien. A tout de suite. 

Je raccroche et range mon Samsung. Je me retourne et observe la porte. Je vais devoir rentrer... Je sens que je vais craquer et que je vais aller réconforter Martin. Je ne peux pas faire ça. Je ne suis plus la même. Je suis la vraie Eléna, maintenant. Je lève la tête et bombe le torse puis ouvre la porte. Plus personne ne pourra m'empêcher d'être moi-même.  


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