----------MARTIN----------
Les volutes de fumée dansent autours de lui. Les formes se font et se défont dans la vapeur d'un nuage blanc. Apaisées par l'alcool, ses mains ne tremblent plus.
A ses pieds gisent des brouillons écorchés de ratures.
Plus loin, près d'une guitare hirsute : des bouteilles sèches.
"Partie ."
Pour s'en convaincre, il répète à voix haute les trois "mots" maudits:
" Elle est partie."
Il détache chaque syllabe.
"ELLE - EST - PAR- TIE"
"Elle est partie" comme on fait le choix du partir. C'est à dire en emportant une "part" de lui, un morceau. "Elle est partie" avec une "partie" de lui. La meilleure "partie" d'ailleurs...
Et le voilà, lui, en "mort sot".
Alors, pour oublier que sa femme est partie et que leur amis "aussi " sont partis, il s'amuse à inverser les "maux".
Trois mois qu'il y travaille ! Mais, rien à faire!
En bon palindrome, "ELLE" ne veut pas changer de sens. Quant à "Est ", il s'obstine dans son rôle nauséeux d'auxiliaire : Il aide "Elle" à "partir" !
Dans "Partie ", il y a six mots qui jouent à cache-cache. Les seuls dignes d'intérêt sont "PIRATE " et "PAITRE ".
Paître, paître, paître ... Oui ! Voilà ! C'est ça ! "Elle" l'a envoyé "paître "!
Ça lui a pris comme ça. Un beau matin.
"Elle" lui a souri.
"Elle" a enfilé son manteau.
"Elle" a attrapé son sac.
"Elle" l'a embrassé sur la joue.
Du bout du pouce, "Elle" a effacé sur sa peau la trace de rouge à lèvre.
Et puis, "Elle" lui a dit que "tout était fini"; qu'Elle "ne reviendrait pas" et que "leur vie ensemble s'arrêtait là".
"Elle" est sortie, bien droite, très fière, perchée sur ses sublimes talons haut.
"Elle" a refermé la porte.
"Elle" ne s'est même pas retournée.
C'était terminé.
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OPHELIE
Short Story"Ne laisse pas ta flamme s'éteindre, étincelle après précieuse étincelle, dans les eaux putrides du presque, du pas encore ou du pas du tout. Ne laisse pas périr ce héros qui habite ton âme dans les regrets frustrés d'une vie que tu aurais mérité, m...