L'INCONNUE DE LA SEINE

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20 Juin,

Les feuilles bruissent dans les arbres. Des semaines qu'il n'a pas vu Ophélie.

Des semaines qu'il la cherche partout.

Des semaines qu'immuablement de nouveaux touristes remontent le Boulevard de Saint-Germain.

Certains d'entre eux sont désormais à des milliers de kilomètres :  au Montana, en Australie ou dans l'une de ces provinces de Chine au nom imprononçable.

Peut-être l'ont-ils frôlée, ces anonymes ?

Peut-être ont-ils capturé un peu de son sourire énigmatique dans leurs boites à se souvenir ?

Peut être que son image de fée apparait en second plan sur leurs clichés ?

Ils possèdent un trésor qu'ils ignorent.

Depuis des semaines, il s'assoit à la terrasse d'un nouveau café chaque jour.

Chaque jour animé par l'espoir de la voir apparaitre.

Le cœur battant, il attend la serveuse.

Mais l'épaisse « duduche » qui s'approche pour prendre sa commande n'a rien d'Ophélie

Que désire-t-il ?

     -  Un café noir, bien serré.

Il allume une gitane, il aspire longuement une bouffée.

Il ouvre le journal que quelqu'un d'autre à laissé.

« Un nouvel attentat », « la cote du président est au plus bas », « des morts », « des réfugiés », « des miséreux », « des condamnés .... »

Rien de nouveau , en somme.

Il s'apprête à refermer le quotidien quand un article attire son attention. 



FAIT DIVERS : « L'INCONNUE DE LA SEINE A PU ÊTRE IDENTIFIÉE. »

Rappel des faits :

Dans la journée du 3 au 4 mai, une jeune étudiante en art a cessé de donner de ses nouvelles. Inquiets de son silence et redoutant un drame, sa famille, ses amis et ses collègues avaient alertés la police. Mais aucun indice n'était venu élucider cette étrange disparition.

Hélas, la Seine finit toujours par rendre les corps qu'elle emporte.

Hier matin, un promeneur solitaire à signalé la découverte d'un corps flottant à proximité du Pont des Arts. Une enquête a été ouverte. En effet, au dire du témoin, le cadavre affichait un sourire troublant : « Elle était belle. Elle semblait heureuse. C'est comme si la Mort n'avait pas eu de prise sur sa beauté. »  avait-il déclaré. 

La police à conclu à un suicide par noyade.

Touché par ce témoignage, nous avons voulu en savoir un peu plus sur la jeune femme.

Son attitude ne pouvait-elle pas prévenir ce geste désespéré ?

Sa professeure de dessin, encore sous le choc affirme : « des gamines comme Ophélie, nous en avons plein nos ateliers. Les étudiants en art ne sont pas réputés pour leur banalité. C'est leur originalité qui fait d'eux des artistes. C'est ce qui fait d'eux ce qu'ils sont. C'est aussi leur singularité qu'il nous appartient de développer dans le cadre de leur formation. Ophélie était réservée. Mais, elle était aussi consciencieuse et passionnée. Son travail était prometteur. Nous déplorons tous sa perte. »

Sa famille, ses collègues  et  ses amis  n'ont pas souhaité répondre à nos questions. Mais, d'après ce que le parquet à communiqué à la presse, Ophélie venait d'une bourgade près de Nice. Selon certaines de nos sources son père se serait également donné la mort alors qu'elle était très jeune.

Cette triste histoire relance le débat sur le taux alarmant de suicide chez les jeunes de 15/25 ans, seconde cause de mortalité après les accidents de la route. »


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