Elle ne l'a pas entendu sortir de la douche.
Recroquevillée sur le canapé, elle porte l'une de ses chemises froissées.
Les jambes serrées contre la poitrine, le menton posé sur les genoux : elle est comme happée par les dessins animés.
Depuis l'embrasure de la porte, Martin ne peut s'empêcher de l'épier.
D'où il se trouve, elle ressemble beaucoup à Clara : « Sa Clara. »
Même attitude enfantine. Même rire cristallin.
Même attention portée à l'écran.
Même silhouette fragile dans la lumière du matin.
Ces instants volés sont précieux. Ils le sont d'autant plus qu'Ophélie ne se dévoile pas facilement.
Elle se frotte les yeux.
Qui peut croire ce que recèle ce petit rien de personne ?
Comment un être aussi insignifiant a-t-il pu prendre autant d'ampleur ?
Les pensées de Martin lui échappent. Elles virevoltent au-dessus de sa tête comme une nuée.
Ophélie lui a confié qu'elle se sentait parfois l'âme d'une centenaire.
« Encore enfant et déjà vieille. » : Un sentiment qu'il a conjugué par cœur de longues années. De partitions en scènes combles ; à la rage des notes, c'est dans cette direction qu'il s'était appliqué à fuir : Droit devant, sans se retourner.
D'un geste nerveux, il passe la main dans ses cheveux.
Que sait-il d'elle ?
TOUJOURS RIEN.
Elle conserve toujours la même distance. Toujours, le même détachement.
Qui est-elle au juste, cette fée ? Fée bleue ou fée noire ? Fée Libre, quoiqu'il en soit !
Jour après jour, les questions s'enchainent un peu plus : complexes, hasardeuses, tortueuses. Comment s'y est-elle prise, pour gagner sa confiance ? Pourquoi tout ce mystère ? Mais, surtout pourquoi est-il en train de la contempler avec cet air pervers de père incestueux ? Que dirait-il, lui, quand, dans quelques années, un homme de quinze ans son aîné, toucherait la peau de sa petite Clara ?
Il frissonne. Il serre les poings.
Une sueur froide remonte le long de sa colonne vertébrale.
Pas l'ombre d'un doute ! Il lui ferait la peau à ce fieffé salop !
A y laisser ses dernières forces, il le tuerait de ses propres mains !
Elle coupe le volume. Elle le regarde, amusée.
- Qu'est-ce que tu as ? demande-t-elle. Tu es pâle comme la Mort.
Elle se lève. Elle lui tend une cigarette au trois quart consumée.
Le dégout paternel et le désir masculin se heurtent l'un l'autre.
Elle le regarde encore.
Elle incline sa tête sur le côté.
« Mon Dieu... », songe-t-il.
- Je sais à quoi tu penses, chuchote-t-elle. « Lui », non plus, il n'aurait pas accepté.
Martin dégluti.
- Pardon ?
- Mon père, précise-t-elle. Lui aussi, il aurait réagi comme toi.
- De quoi tu parles ?
- De ton dilemme.
Et dans sa bouche, ça sonne comme une évidence. Comme si elle avait toujours su. Comme si elle avait élu domicile dans sa tête.
Nom d'un chien ! Est-il donc si transparent ?
Elle lui effleure la joue.
Elle écarte une mèche de son visage.
- Tu sais, ce n'est pas si difficile à reconnaitre quant un Homme endosse son costume de père.
Ses cheveux emmêlés exhalent un entêtant parfum sucré. Il ne peut s'empêcher de la trouver belle. Elle le contemple par-dessus ses yeux verts.
- Il n'y a pas de réponse à tes questions, souffle-t-elle, en lui effleurant les lèvres de son index.
De sa main fraiche, elle redessine les contours de son visage.
Elle repousse légèrement ses cheveux.
Elle s'attarde sur sa joue.
- Tu cherches l'enfant et tu ne trouves que la femme. Tu crois voir la femme et ce n'est que l'enfant.
Elle s'approche de sa bouche. Elle y dépose un baiser.
Elle recule à peine.
Par réflexe, il passe son bras autour de sa taille.
Il l'enlace. Il la tient.
A son oreille, comme s'il s'agissait d'un secret, elle murmure:
- Mais .... Je n'ai jamais été une enfant et je ne serai jamais une femme.
..............................
Bon, là, tout de suite, je ne suis pas très sûre de la cohérence et que l'on comprend comment se déroule la scène. Si vous avez des critiques, c'est le moment de les faire!
Et, je suis désolée pour le pseudo jeu de mots "Fée Libre".
Mais comme ça m'est venu à la relecture, je l'ai laissé.
Et sinon, merci beaucoup d'être arrivé jusqu'ici ! ;)
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OPHELIE
Short Story"Ne laisse pas ta flamme s'éteindre, étincelle après précieuse étincelle, dans les eaux putrides du presque, du pas encore ou du pas du tout. Ne laisse pas périr ce héros qui habite ton âme dans les regrets frustrés d'une vie que tu aurais mérité, m...