OPHÉLIE

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Elle plonge dans la bouche de métro .

Sur le quai grouillent les travailleurs : Costumes trois pièces cravatés de quotidien.

Ils regardent les rails de leurs yeux vides.

Sur les sièges beiges, un clochard dort en équilibre.


"L'Équilibre...

Garder l'Équilibre...

Conserver la Distance,

Partager sans se faire voir."


Au loin, le métro gronde dans le souterrain.

Sur les panneaux lumineux clignote le double zéro.

Les costumes cravates se pressent dans le wagon.

Les lumières filent dans le boyau.

D'où vient ce besoin qu'on les autres de savoir ? A quoi ça rime, tout ça ?

Personne n'est figé. Rien n'est déterminé. Tout évolue.

Pourquoi l'État-Civil devrait-il faire la personne ?

Serions-nous moins humains sans carte d'identité ?

Est–ce si difficile d'admettre que côtoyer quelqu'un aujourd'hui ; c'est ignorer qui  il pouvait être hier?

Est-ce donc impossible  de croire qu'on ne peut  pas savoir  ce qu'Il sera demain ?

Combien sont-ils les anonymes ? Ceux qu'on a aimés ? Ceux qu'on a oubliés ?

Combien sont-ils ceux que l'on retrouve,  bien des années après;  et, que, l'on salue d'un sourire gêné ?

Combien sont-ils ces autres ?

Combien  sont-ils tous ces étrangers ?


OPHELIEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant